Tout juste arrivée en début d’année, la nouvelle déléguée régionale de la zone Paca-Corse-Languedoc de la Société Générale, Isabelle Martinon, a reçu Gomet’ dans ses bureaux du Prado à Marseille (*). Parmi les dossiers chauds à traiter dans les mois qui viennent, la fusion annoncée avec la Société Marseillaise de Crédit d’ici 2023.
En fin d’année dernière, la Société Générale a annoncé son intention de fusionner avec le groupe Crédit du Nord et donc localement la Société Marseillaise de Crédit (SMC). Quelles seront les conséquences concrètes de ce rapprochement pour la banque historique de Marseille ?
Isabelle Martinon : Je discute régulièrement avec Bruno Deschamp, le président du directoire de la SMC et notre volonté est de créer une banque très forte dans le Sud. On peut s’appuyer sur le réseau très fort de la SMC ici pour devenir leader. C’est dans le Nord et dans le Sud que les marques sont les plus importantes. En Bretagne, par exemple, le sujet est moins prégnant alors la direction de la Société Générale regarde très attentivement la région Sud car elle est stratégique. Pour comparer, la Société Générale compte aujourd’hui 260 agences sur toute la zone Paca-Corse-Languedoc et la Société Marseillaise de Crédit en a 120 alors qu’elle n’est pas présente partout. Mais ces agences, ce sont surtout des clients et eux seront toujours là. Alors oui, nous allons regrouper des agences car souvent nous sommes côte à côte ou face à face. Et l’addition de nos fonds de commerce va donner naissance à des agences beaucoup plus importantes. Aujourd’hui, nous avons des sites avec trois ou quatre personnes. Après le mariage avec la SMC, cela n’existera plus. Alors oui, nous allons fermer des agences mais vu du client, qu’il soit à la Société Générale ou à la SMC, il aura à sa disposition beaucoup plus d’agences à disposition.
Les enseignes vont-elles perdurer après le rapprochement ?
On va créer une nouvelle marque qui est toujours en réflexion.
Isabelle Martinon
I. M. : Non, on va créer une nouvelle marque qui est toujours en réflexion. Elle reprendra l’identité du groupe Société Générale mais avec un ancrage local. Nous allons intégrer la régionalisation. Je ne sais pas quelle sera la marque mais ce ne sera plus seulement Société Générale ou SMC. La référence territoriale sera forte.
Sur l’organisation, que restera-t-il de la SMC après la fusion ?
I. M. : Nous allons garder ce qui fonctionne bien à la SMC. Ils sont plus forts que la Société Générale localement sur beaucoup de points. Par exemple, sur la communication, on va s’inspirer de leur direction de la communication mieux organisée, mieux staffée. On va prendre le meilleur des deux mondes. Très clairement, notre parcours digital est bien meilleur que celui des banques du Crédit du Nord.
Cette fusion va-t-elle entraîner des licenciements ?
I. M. : Non. Dès le début du projet, la direction a annoncé que nous ferons cette opération sans départs contraints. Après, nous avons naturellement chaque année 1 500 départs à la retraite donc on va s’appuyer dessus pour mettre en place cette fusion. Après, nous aurons des plans d’accompagnement pour ceux qui souhaitent partir. Nous en discutons actuellement avec les représentants des personnels. Nous leur passerons le dossier social en octobre 2021 avec la fusion des statuts juridiques et les mesures du plan d’accompagnement. Il faut voir cette opération comme une opportunité. Je comprends que cela soit anxiogène pour certains mais nous les accompagnons. On a notamment augmenté notre temps de formation de plus de 40%.
Quel est le calendrier ?
I. M. : On vise une fusion juridique au premier trimestre 2023 et une fusion informatique, dont les travaux ont déjà démarré, par vague à partir de la même année.
Le groupe Crédit du Nord appartenait déjà à 100% à la Société Générale. Alors quel est l’objectif finalement de cette fusion ?
I. M. : Aujourd’hui, les banques sont soumises à une forte pression avec notamment les taux bas. On estime qu’il le resteront durablement et cela pèse sur notre marge d’intermédiation. Ensuite, les exigences de conformité des nouvelles réglementations nous obligent à investir lourdement sur les systèmes informatiques. En fusionnant ces derniers, on réduit cette dépense. Enfin, les clients se rendent de moins en moins dans les agences et la question de la pertinence de conserver des coûts immobiliers importants pour ces agences se pose de plus en plus. Cela répond aussi à une stratégie de conquête. Ce n’est pas la même chose d’avoir deux banques avec des parts de marché à 6% chacune qu’une seule à 12%. Dans la relation avec les clients, notamment les entreprises, cela change le dialogue stratégique. C’est très important.