Les patients jeunes et sportifs sont parmi les plus sensibles à l’instabilité ou à la luxation de l’épaule. Pour y remédier, une nouvelle intervention, la butée* (ou « Latarjet ») d’épaule par arthroscopie (exploration de l’intérieur d’une articulation à l’aide d’un tube appelé endoscope) est désormais pratiquée à la Polyclinique du Parc Rambot. Une méthode encore rare en France, une trentaine de chirurgiens seulement y sont aguerris, que le Docteur Philippe Moreel, chirurgien orthopédique spécialisé en membres supérieurs, membre du Centre Epaule Main de Provence (CEMP), est le seul à pratiquer dans les Bouches-du-Rhône. « Je suis convaincu que cette opération mini-invasive constitue l’avenir pour les sujets atteints d’une instabilité de l’épaule. Les patients sont souvent des jeunes qui pratiquent des sports avec un armé du bras comme le handball et le volley, ou des sports de contact du type rugby ou judo ou bien des chutes à ski. L’épaule est l’articulation la plus mobile du corps mais aussi la plus instable. Ils souffrent soit de luxations répétitives soit de phénomènes de déboitement ou de douleurs à l’armé du bras ». En cause ? Des lésions des éléments stabilisateurs ligamentaires et osseux de l’épaule.
Désormais, cette pathologie peut être traitée, à la Polyclinique du Parc Rambot, par une opération sous arthroscopie qui associe deux techniques jusque-là dissociées : la technique de la butée et celle de Bankart**. Pratiquée depuis une soixantaine d’années, la butée nécessitait jusque-là une chirurgie à ciel ouvert avec une incision d’environ 6 cm. « Désormais, grâce à une nouvelle technique mise au point par le Professeur Boileau à Nice, cette opération peut se pratiquer sous arthroscopie. Il s’agit d’une technique mini-invasive, réalisée grâce à du matériel spécifique et 7 petites incisions de moins de 1 cm autour de l’épaule, en hospitalisation ambulatoire. L’un des avantages est de pouvoir l’associer à une technique de Bankart qui vise à réparer les tissus lésés pour que l’épaule redevienne stable », précise le Docteur Philippe Moreel qui a suivi une formation spécifique avec son aide opératoire.
Et les autres avantages de cette chirurgie moins agressive et plus fine sont nombreux : « La caméra 4K et un optique angulé à 70° nous permettent de voir la butée sous tous les plans pour bien la positionner, de façon à pouvoir ainsi traiter les lésions associées. Cette technique nous permet également de laisser la butée à l’extérieur de l’articulation alors qu’elle était placée précédemment à l’intérieur, avec des risques d’arthrose à long terme », ajoute le Docteur Philippe Moreel. Pour Claire Ravier, directrice générale de la Polyclinique du Parc Rambot, « L’établissement a accepté de financer les nouveaux équipements nécessaires à ce traitement car nous sommes favorables au développement de la chirurgie mini-invasive qui présente moins de risque pour le patient, et surtout une meilleure récupération ».
Repères
* La butée d’épaule consiste à mettre en place un bloc osseux en avant de l’épaule pour éviter les luxations. Un fragment d’os de l’omoplate (coracoïde) est prélevé et fixé par deux vis. Elle constitue ainsi un butoir osseux qui empêche la tête humérale de partir en avant et de se luxer à nouveau. Avec cette butée osseuse est amené un tendon inséré dessus (le coraco-biceps) qui va jouer le rôle de nouveau ligament de stabilisation de l’épaule.** L’intervention dite de Bankart consiste à retendre les ligaments et suturer le bourrelet glénoïdien de nouveau sur le rebord de la glène (articulation de l’omoplate). Elle se pratique sous arthroscopie grâce à l’introduction d’une mini-caméra et d’instruments de petite taille qui permettent de réaliser le geste chirurgical.