Bientôt, les médicaments, les prélèvements ou encore le matériel médical pourront être livrés par drone dans les hôpitaux. C’est la promesse de la société aixoise Lifelines. « D’ici une dizaine d’années, ce type de transport vise à devenir le standard européen du transport de sang, de poches de chimiothérapie et d’organes, avec des liaisons fixes entre centre hospitalier privé et public pouvant aller au-delà de 100 km », assure son président Marc Pavageau. Il a signé le 2 décembre sa première convention avec l’hôpital privé de Provence. Dans quelques mois, les premiers vols d’essai vont être réalisés pour transporter des poches de sang. A terme, l’idée est de relier l’établissement de santé avec le centre aixois de l’établissement français du sang (EFS). Mais pour l’instant, la réglementation ne permet pas de survoler le centre-ville où se trouve l’EFS donc les tests auront lieu en campagne entre Aix et Meyreuil. Ils permettront de valider les couloirs aériens avec les instances de sécurité et hospitalières, tester la procédure d’atterrissage, effectuer les contrôles de wifi… « On espère un changement de la réglementation européenne en 2025 pour pouvoir survoler le centre-ville et ainsi aller vers le centre hospitalier d’Aix », précise à Gomet’ Marc Pavageau.
Des robots dans les hôpitaux pour livrer le matériel en main propre
Ingénieur de formation et spécialiste de la logistique hospitalière, le fondateur de Lifelines a imaginé l’utilisation des drones quand l’assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) l’a sollicité il y a cinq ans pour imaginer de nouvelles solutions d’acheminement des prélèvements entre les différents sites et le futur biogénopole qui regroupera l’ensemble des laboratoires de thérapie cellulaire. « Le drone est apparu comme une solution idéale », raconte Marc Pavageau. En février 2019, ses réflexions débouchent sur la création de la société Lifelines. Mais le projet va plus loin que les drones. « Dans les hôpitaux, la livraison du bon produit à la bonne personne jusqu’au dernier mètre est très compliquée. Mon objectif est de livrer de main à main le personnel de santé », explique-t-il. Ainsi, Lifelines a développé une application de type Uber pour suivre les livraisons automatisées à un horaire fixe. En plus des drones, la société propose également une flotte de robots qui acheminera les produits à l’intérieur des établissements. « Ces robots sont capables de se déplacer tout seul dans l’hôpital. Ils prennent l’ascenseur, ouvrent les portes, contournent les obstacles… », décrit Marc Pavageau. Les robots sont conçus par le fabricant danois MIR mais Lifelines intègre l’électronique embarquée et construit les armoires spécialement pensées pour les besoins des hôpitaux. Ils peuvent transporter des prélèvements, les dispositifs médicaux et les médicaments. « Cette automatisation permet d’avoir un traçabilité totale des livraisons et de faire gagner un temps précieux aux infirmiers et techniciens. C’est notre objectif final », insiste-t-il. Des tests sont prévus dans des hôpitaux de la région en début d’année prochaine. Avec sa solution globale de logistique automatisée, Lifelines cible prioritairement les gros hôpitaux anciens. Marc Pavageau pense notamment à l’hôpital Nord « où il faudrait une dizaine de robots pour répondre aux besoins ».
Une levée de fonds prévue en 2022
Pour se financer, Lifelines a réalisé une levée de fonds de 500 000 euros l’an dernier auprès de Arts et métiers business angels, Airbus Développement, la Région Sud et Bpifrance. Et le patron prépare déjà un deuxième tour de table pour l’an prochain « plus important, de plusieurs millions d’euros », indique-t-il. La société emploie aujourd’hui huit personnes et ne communique pas sur son chiffre d’affaires prévisionnel.
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