Où l’on voit nos restaurateurs retrouver les bons réflexes avec un service attentif, des produits ressuscités, des efforts ici et là pour décorer les terrasses augmentées et qui ont pris la place de voitures ventouses, dont on ne regrettera pas l’absence.
Où l’on a passé encore beaucoup de temps devant nos téléviseurs ou nos portables. Découvrant la nouvelle grammaire de l’information, les fake-news, le complotisme. Mesurant avec un restant de lucidité le cancer qui ronge notre société ; une violence virtuelle qui prospère grâce à de peu glorieux anonymes ou les nouvelles stars du bashing médiatique. Dans ces pratiques immondes Marseille n’a pas été épargnée, la caricature ayant depuis longtemps noyé la réalité.
Comment retrouver le goût des choses, des paysages et surtout des gens lorsqu’on aura mis bas les masques ?
Hervé Nedelec
On va sans doute réfléchir ici et ailleurs, lorsque le virus et ses variants ne seront que de mauvais souvenirs, une guerre enfin gagnée, une catastrophe écartée, sur les conséquences sanitaires, sociales et économiques de ce moment de notre histoire collective. Les politiques en feront dans les prochains mois – certains ont commencé – un argument de campagne. Et passeront à la trappe une fois de plus les conséquences que l’on pourrait tirer de ces mois inédits. Comment imaginer des salariés moins mobiles et donc moins polluants ? Comment rompre la solitude des écoliers ou des étudiants qui sont immergés dans des milieux aculturés ? Comment retrouver le goût des choses, des paysages et surtout des gens lorsqu’on aura mis bas les masques ? Les stratèges des partis vous diront que tout ça c’est bien beau, mais que cela ne fait pas un programme. Ce sera d’autant plus navrant que cela fait un bout de temps que le débat d’idées est passé par pertes et profits d’une époque qui a perdu ses repères, sa boussole, son horizon. Chateaubriand disait que « Les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes. » On voudrait le croire.