On inverse rarement l’expression. Pourtant, on pourrait le faire après ces longs mois de confinement, de vie tronquée, de consignes castratrices. Et si la Covid 19 avait été un mal, pour un bien ? On va dire, en lisant ces lignes, que l’isolement forcé a quelque peu affecté notre bon sens mais on peut s’inscrire en faux. Ou pas. Reprenons donc depuis le début soit un peu plus d’un an.
Où l’on a enfin mesuré combien la culture nous manquait, alors que nous étions des enfants gâtés, ayant l’embarras du choix entre salles obscures de plus en plus confortables, propositions théâtrales aussi pléthoriques qu’éclectiques, offres musicales couvrant tout le spectre de la création, choix multiples pour le farniente ou la balade, entre les pentes minérales de la Sainte-Victoire, de la Sainte Baume, des Alpilles sans oublier nos criques et calanques, où seul le Mistral nous mettait parfois à la peine. Désormais à Marseille, Aix, La Ciotat, Arles, Salon, Istres, Martigues et d’autres, on a une certitude : la culture n’est pas essentielle, elle est vitale.
Où l’on a pu constater qu’une sommité scientifique, jusqu’ici respecté, pouvait se fracasser dans le jeu pervers et égocentré des réseaux sociaux et des médias. Avant l’épisode pandémique le professeur Didier Raoult, patron de l’IHU de Marseille, surfait sur les succès des découvertes des équipes qu’il entraînait et le célébraient comme un possible nobélisable. Un vent mauvais souffle sur l’Institut, après les épisodes tragi-comiques relayés sur nos petits et grands écrans, et les hourras d’hier sont couverts par les huées d’aujourd’hui.
Le récent épisode de pollution à l’ozone est venu nous rappeler que les rêves sont éphémères et le cauchemar durable.
Hervé Nedelec
Où l’on a pu faire la reconquête de nos villes, le jour apaisé remplissant son rôle à l’unisson de la nuit, qui avait retrouvé le sien grâce aux mesures imposées. Le couvre-feu a ainsi révélé que la vie d’avant c’était un couvre-son assassin. On avait oublié jusqu’aux gazouillis des oiseaux, au ressac des vagues, au froissement des feuillages, au murmure ou au gémissement des vents. La nature avait fui un temps nos chemins, nos rues, notre corniche, et on s’est pris à rêver d’une reconquête à venir. Puisqu’on savait qu’il était possible de bâillonner les moteurs braillards et les pétarades intempestives, on avait fait tomber le mur du son. Le récent épisode de pollution à l’ozone est venu nous rappeler que les rêves sont éphémères et le cauchemar durable. Et pourtant qui ne voterait pas pour ce retour à la raison.