Le président Emmanuel Macron, le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez et le Premier ministre portugais António Costa ont lancé le projet H2Med à Alicante vendredi 9 décembre lors du 9e sommet des pays du sud de l’Union européenne EU MED, à Alicante en Espagne.
A l’occasion de la déclaration conjointe, en présence de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, les contours de ce corridor énergétique ont été précisés. Il doit d’abord relier le Portugal à l’Espagne, puis l’Espagne à la France de Barcelone à Marseille. Ce projet répond aux objectifs écologiques, mais aussi aux objectifs de souveraineté énergétique de l’Europe. Ursula von der Leyen a affiché les ambitions européennes en la matière (10 millions de dtonnes d’hydrogène à produire en Europe d’ici 2030, 10 millions à importer) et annoncé que le projet H2Med devrait pouvoir bénéficier des aides européennes compte tenu de son caractère stratégique et de l’intérêt commun qu’il représente pour le continent.
« Nous cherchons à atteindre avec le projet H2Med trois objectifs résume le président Emmanuel Macron. Un objectif pour le climat. Baisser nos émissions, et donc sortir progressivement du fossile, et particulièrement le plus émetteur et aller vers l’élecrification du continent européen en substituant l’hydrogène au gaz fossile. Le 2e objectif est un objectif d’industrialisation, d’innovation sur notre continent, et donc cela suppose d’être compétitif sur la production et le transit de cette énergie. Le troisième objectif pour Emmanuel Macron relève de« la souveraineté, de l’autonomie stratégique qui suppose de produire au maximum sur notre sol. »
H2Med : deux à trois milliards d’investissement
Le projet d’interconnexion sous-marine entre Barcelone et Marseille visant à transporter de l’hydrogène vert coûtera environ deux milliards d’euros, selon des estimations provisoires citées par l’agence de presse Reuters.« Les deux milliards d’euros estimés n’intègrent pas le coût lié à l’installation des connexions terrestres, précisent les deux sources interrogées par Reuters. Selon l’une d’entre elles, une source industrielle, il pourrait s’élever à environ trois milliards d’euros en fonction du tracé sous-marin du “pipeline”.»
Une infrastructure vraiment utile ?
Une grande part de l’investissement européen dans l’hydrogène concerne la péninsule ibérique. « La compagnie pétrolière Cepsa a annoncé le 1er décembre qu’elle investirait 3 milliards d’euros dans cette énergie renouvelable. Le Portugal veut également devenir un pays producteur et exportateur de premier plan » rappelle Reuters. Mais certains observateurs restent sceptiques sur les chances de succès de H2Med souligne l’agence de presse. Ainsi Faig Abbasov, de l’ONG basée à Bruxelles Transport & Environment, qualifie le projet de “cosmétique” pour réduire les tensions politiques liées au projet MidCat.« Quand vous avez déjà un pipeline terrestre, pourquoi construire un pipeline sous-marin ?» interroge-t-il.« L’Espagne ferait mieux d’exporter par voie maritime » observe-t-il auprès de Reuters.
Le projet H2Med (pour hydrogène Méditerranée), appelé “BarMar” (pour Barcelone Marseille), lors de sa présentation en octobre dernier par les trois pays partenaires, en marge du sommet européen qui se tenait à Bruxelles, a été proposé pour remplacer le projet de gazoduc “MidCat” (abréviation de Midi Catalogne) reliant la Catalogne à la région Midi-Pyrénées, à travers les Pyrénées défendu par l’Espagne et le Portugal mais auquel la France s’était opposée.
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