Le projet Hynovera de production de “biocarburants” pour le transport lourd, à partir d’hydrogène vert et de biomasse forestière, dont l’installation est prévue sur une partie du site de la centrale de Gardanne, a fait l’objet d’une concertation publique du 19 septembre au 21 novembre 2022. Devant la levée de boucliers d’une partie des riverains, le maître d’ouvrage Hy2Gen a décidé de modifier son projet, et de revoir à la baisse ses approvisionnements.
Cette consultation ouverte avait pour objectifs de présenter le projet, mais aussi de recueillir les questions et avis du public. La réunion de lancement à Meyreuil, le 19 septembre, a accueilli environ 80 personnes. Tandis que la réunion finale, qui a eu lieu le 15 novembre, à Gardanne, a compté près de 500 participants.
Une affluence croissante dont le maître d’ouvrage, l’industriel allemand Hy2Gen, se félicite dans un communiqué du 21 février : « l’exercice fut réussi, puisque le public était au rendez-vous et de nombreux avis, questions et suggestions ont été émis ».
Hynovera fait partie des cinq lauréats de l’appel à projets “développement d’une filière de production française de carburants aéronautiques durables” lancé par l’État dans le cadre du programme national France 2030. Hy2Gen bénéficiera d’une aide de 6,5 millions d’euros conditionnée à la création de la société de projet qui portera l’industrialisation.
Une pétition contre le projet a recueilli 24 000 signatures
Toutefois, cet intérêt progressif s’explique notamment par la levée de boucliers d’une partie des riverains. En effet, certains habitants de Meyreuil et de Gardanne ont fait preuve d’une ferme opposition, notamment exprimée lors de réunions parfois mouvementées. « Nous avons déjà assez d’industries polluantes et dangereuses ici », alertait en fin d’année dernière le “Collectif contre Hynovera” dans un communiqué. Une pétition publiée en ligne contre le projet, et relayée sur les réseaux sociaux par plusieurs internautes influents, a même recueillie plus de 24 000 signatures.
Hy2Gen maintient le projet Hynovera mais se rétracte sur le méthanol
La consultation a été menée pendant deux mois sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), qui a désigné deux garants, Vincent Delcroix et Philippe Quévremont. Hy2Gen, vient de publier un document relatant les enseignements tirés de la concertation, et sa décision concernant le projet, deux mois après le bilan des garants. « Ces échanges ont permis au maître d’ouvrage d’affiner son projet et de décider de le poursuivre, avec des modifications substantielles », indique la société représentée localement par Cyril Dufau-Sansot.
Hy2Gen prévoyait de produire à Gardanne du kérosène et du diesel “propres” à horizon 2027, puis du méthanol d’ici 2030. Cependant, « la production de méthanol impliquait un stockage et donc un classement Seveso seuil bas », reconnaît le maître d’ouvrage. Hy2Gen a donc décidé d’abandonner la production et le stockage de méthanol sur le site – pour se concentrer uniquement sur la production de carburant “aviation renouvelable”. Autrement dit, le projet ne sera plus classé Seveso.
La mise en service de l’unité Hynovera repoussée en 2028
Autre inconvénient pointé du doigt par les riverains ; le processus de fabrication des trois carburants “propres”. Leur production nécessitant des ressources conséquentes en bois, en eau et en électricité. « Nous avons aussi entendu les craintes concernant l’utilisation des ressources, biomasse forestière, eau et électricité. Nous sommes en train de modifier le procédé afin de réduire la capacité de production du projet », répond Hy2Gen. Hynovera va passer d’une technique de gazéification du bois associée à une raffinerie, à une technologie de distillerie. Par ailleurs, la torchère prévue dans la première version est retirée.
Les études de faisabilité sont donc relancées pour prendre en compte ces nouvelles orientations. Le nouveau calendrier repousse d’un an la mise en service de l’unité de production Hynovera – elle est désormais prévue en 2028. Le projet de centrale, présenté en septembre dernier, est à présent chiffré à 250 millions d’euros, selon France Bleu Provence. Le maître d’ouvrage promet toujours la création de 50 emplois directs, et 200 indirects. Afin d’éviter toute confusion, le projet changera de nom. Une nouvelle étape complémentaire de consultation publique sera prochainement organisée.
Document source : Enseignements et décisions du maître d’ouvrage 21/02/23 – Hynovera
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