Par Richard Michel – Co-working, fab lab, accélérateur… les nouveaux lieux d’innovation se multiplient à Marseille depuis le début de l’année. Le centre-ville devient de plus en plus attractif pour les jeunes start-up et Marseille Innovation l’a bien compris. Une formation aux métiers du digital et un fonds d’investissement sont à bord.
Créée en 1996, la plus ancienne structure marseillaise d’accompagnement
des entreprises se prépare à inaugurer un nouvel espace en plein centre-ville de la cité phocéenne, en bas des allées Léon Gambetta, entre la gare et la Canebière. Elle investit l’ancien siège local de la Bonnasse Lyonnaise de Banque devenu depuis le CIC.
La banque a choisi Marseille Innovation pour transformer ce bâtiment de 1 500 mètres carrés en haut lieu de l’innovation pour les start-up marseillaises baptisé CIC Place de l’innovation. « Ils ont regardé différents acteurs avant de nous choisir mais cela semblait évident. Nous avons le plus d’expérience dans ce domaine à Marseille», affirme Laurence Olivier, la nouvelle directrice générale de Marseille Innovation.
La banque mise gros dans cette aventure. Elle a investi 3 millions d’euros pour transformer le bâtiment.
Les premières jeunes pousses ont investi les nouveaux locaux dès le lundi 17 septembre. La place de l’innovation propose entre 30 et 40 postes de travail au total, soit la capacité d’accueil pour une vingtaine de start-up.
Pour son nouveau lieu, Marseille Innovation propose trois formules différentes.
Plus de cent candidatures pour une vingtaine d’élus.
La première, Mi’pass, s’adresse aux entreprises nomades qui viennent pour tester un produit et profitent d’un accompagnement pendant un à six mois. Deuxième formule, Mi’coloc va un peu plus loin avec l’accès aux bureaux partagés, aux services mutualisés et un accompagnement complet pendant deux ans.
Enfin, Mi’loc s’adresse aux entreprises les plus avancées avec des bureaux individuels, un accompagnement sur mesure et des services packagés en
fonction de leurs besoins. A regarder de plus près, le lieu est conçu
en fonction du stade de maturité des résidents. « Plus on monte dans
les étages, plus les entreprises sont à un niveau avancé de leur projet »,
explique Laurence Olivier. Marseille Innovation a reçu plus de
100 candidatures ces derniers mois et n’en a retenu que 19 pour l’instant. Les
futurs occupants travaillent dans des secteurs aussi différents que l’intelligence
artificielle, le digital ou encore la santé. Par exemple, l’un des premiers
élus est la société Payrfect qui a développé une application pour déceler
les erreurs sur les fiches de paie. Il y a également Azurad qui propose une
méthode de planification expérimentale aux entreprises ou encore OSV
Finder avec sa plateforme digitale de mise en relation des armateurs et
affréteurs oeuvrant dans le domaine de l’exploration et de la production
pétrolière. Elles travaillent sur des sujets très différents qui peuvent parfois
être complémentaires. « L’idée est de croiser ici les compétences et les
visions pour innover », avance la directrice.
D’ailleurs, les start-up ne seront pas les seules à occuper le bâtiment.
Une école du web et un fonds d’investissement
Au premier étage, l’école Webforce3 va bénéficier d’un espace pour proposer
des formations aux métiers du digital. Développeur, community
manager, dessinateur autocad… elle propose toute une gamme de cursus
adaptés aux besoins des entreprises.
Mais la nouvelle Place de l’innovation sera l’occasion pour Webforce 3 de
développer des programmes davantage destinée aux femmes « qui sont
plus nombreuses en centre-ville », remarque Laurence Olivier.
Marseille Innovation se réserve également un espace pour le Mi’Lab. Il s’agit d’un programme à destination des grands groupes et des PME qui souhaitent revisiter leur façon de travailler et s’immerger dans une ambiance novatrice. La Poste a par exemple déjà pu profiter du concept. A l’issue de l’expérience, deux de ses salariés ont créé Tripperty bag, une société qui propose aux passagers
de vols aériens de se faire envoyer les objets interdits en cabine.
Un autre grand acteur de la région, l’aéroport Marseille Provence, viendra passer une journée entière au sein du nouveau lieu de Marseille Innovation.
En plus du conseil et du mentoring, Marseille Innovation propose également ses services d’ingénierie financière. « Nous aidons nos membres à lever les 100 000 euros nécessaires à leur démarrage », explique Laurence Olivier. Les résidents de la place de l’innovation pourront même quotidiennement côtoyer un fonds d’investissement installé au dernier étage, Jump Venture, fondé par Christophe
Baralotto et Michel Féraud, les fondateurs de Provepharm. « On veut les
mettre en relation avec les financeurs, les aider à présenter leurs projets mais
en aucun cas se lier financièrement », prévient la directrice. Pour elle, Marseille
Innovation a un rôle de transformateur : « On peut accueillir des personnes avec un projet innovant mais balbutiant. A nous de le transformer en start-up puis en «scale-up» », explique Laurence Olivier.
Des ambitions dans la région et à l’étranger
Cependant, Marseille Innovation ne se positionne pas en incubateur « qui
vont davantage valider la technologie. Nous sommes là pour amener l’entreprise
jusqu’à son premier client », précise la directrice. Avec son nouveau lieu en centre-ville, Marseille Innovation se dote d’un quatrième site après les deux de Château Gombert (Hotel technologique et Technoptic) et celui de la Belle-de-Mai plus spécialisé sur le multimédia. « La Place de l’innovation va nous permettre
d’industrialiser nos méthodes pour les décliner davantage vers de nouveaux
clients », explique Laurence Olivier. La structure compte aussi s’étendre géographiquement. Marseille Innovation commence à regarder en dehors de la cité phocéenne pour grandir. Elle s’intéresse notamment aux autres villes de la
région. Il ne serait pas surprenant de voir un jour un nouveau lieu ouvrir sur
Aix-en-Provence, Avignon ou Toulon. Ses ambitions vont même au-delà des
frontières nationales : « Nous sommes de plus en plus sollicités par les pays
africains pour créer des pépinières chez eux », annonce la dirigeante. Un
projet au Burkina Faso et au Maghreb seraient d’ailleurs déjà sur les rails.