La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, était en visite dans la métropole Aix-Marseille Provence les jeudi 22 et vendredi 23 février 2024. Nous l’avons interrogée, en marge de son déplacement sur le site de la marina olympique à Marseille, sur le bilan et les évolutions en cours de la plateforme Parcoursup.
Cinq ans après la mise en place de Parcoursp, quel bilan tirez-vous de la mise en place de la plateforme ?
Sylvie Retailleau : C’est une plateforme qui a énormément évolué en cinq ans avec une amélioration continue. C’est une plateforme animée par une équipe très investie, avec un comité d’éthique qui nous donne un rapport chaque année. On peut tracer l’évolution, notamment le lien avec les parents d’élèves, les associations, etc. Nous avons une plateforme de données et d’accompagnement que l’on continue évidemment à améliorer puisque l’on connait les problématiques de stress qui arrive pour les jeunes qui doivent choisir pour leur avenir. Je pense que c’est une plateforme qui a su évoluer par rapport à des moments difficiles de choix. Elle contient une offre énorme de 23 000 formations. Comment naviguer, donner à accès à toutes ces informations, à tous les jeunes, partout en France, sur leur ordinateur, sans bouger, c’est un moment, un énorme défi, un énorme challenge. Il y a peu de pays qui proposent un tel service qui, quels que soient ses conditions et sa localisation, permet d’accéder à toutes les formations, et demain aux dates des journées portes ouvertes, de tous les salons. Et nous sommes en train d’améliorer encore l’accompagnement.
Le bilan est donc globalement positif ?
S. R. : Pour moi oui, c’est un bilan globalement positif dans la mesure où l’on tient compte des remontées. Un bilan, c’est toujours par rapport à quelque chose. Si je compare à ce qu’il y avait avant, c’est à dire les enveloppes kraft avec un accès aux formations uniquement autour de chez soi, puis APB, qui était basé à un moment sur du tirage au sort, le bilan de Parcoursup est plutôt positif. De même si l’on regarde ailleurs en Europe. Certes, il faut continuer à l’améliorer et écouter les besoins des jeunes. Nous y sommes sensibles car nous connaissons ces problèmes, l’orientation et l’accompagnement qui est un manque.
Concrètement, quels sont les effets sur le taux de réussite dans le 1er cycle de l’enseignement supérieur ? Son amélioration était l’un des objectifs principaux de Parcoursup.
S. R. : Parcoursup avait pour objectif de donner accès. Et ensuite, il y a eu la loi Orientation réussite étudiant (ORE) avec les “oui-si”, avec l’accompagnement, etc. On voit que le taux de réussite a augmenté au niveau des licences ces dernières années. Il faut aussi comparer ces chiffes avec ceux constatés en Europe. Au niveau de la licence, on se situe un petit peu en dessous de la moyenne mais pas tant que ça. Et si l’on regarde avec des pays où l’accès n’est pas sélectif comme en France, nous sommes comparables. Et la réussite en quatre ans est même au-dessus du taux moyen dans l’OCDE. On doit continuer à améliorer l’accompagnement dans le premier cycle de nos licences. Je crois qu’il faut adapter les parcours à chaque profil d’étudiant. C’est le travail que nous sommes en train de mener. Il faut aussi aider les établissements, beaucoup d’enseignants et d’enseignants-chercheurs s’investissent, afin de les aider à accompagner la réussite des étudiants.
Le taux de réussite progresse-t-il aussi en première année d’université ?
S. R. : Oui la progression en licence concerne aussi la première année. Mais, rappelons-le, Parcoursup est une plateforme de dépôt de dossiers. Et ce n’est pas un algorithme. Derrière, il y a des gens, des commissions, les mêmes qu’avant, qui étudient les candidatures pour ensuite faire les propositions à la suite des voeux. Parcoursup n’est pas un outil direct de réussite en première année. Cela concerne plus l’orientation et c’est là que l’on doit travailler encore.
Bientôt un label de qualité pour les formations du privé
On assiste à une explosion de l’offre d’enseignement privé post-bac. Comment l’enseignement public réagit et quelle est la stratégie du gouvernement ?
S. R. : Ce que l’on défend surtout, c’est l’enseignement de qualité, qu’il soit public ou privé. Pour cela, il est nécessaire de disposer de la transparence des informations, qu’elles soient justes et honnêtes pour permettre de faire un choix et de bénéficier d’une formation de qualité. Nous sommes en train de travailler à des critères caractéristiques de qualité. Nous regardons pour les formations, notamment du secteur privé et lucratif comment donner un label qui correspondra aux critères de qualité de formation pour nos étudiants ainsi que de transparence sur les frais d’inscriptions et sur l’accompagnement pédagogique. Nous diffuserons très bientôt ces critères et nous mettrons en oeuvre ce label pour tout type de formations afin que les familles disposent de la juste information.
Certains prix pour s’inscrire aux concours sont élevés comme Sésame pour certaines écoles de commerces (295 euros) (*). Ces prix sont-ils régulés ?
S. R. : Il faut savoir que pour ces concours comme Sésame, les boursiers payent moitié prix et ils sont totalement remboursés lorsqu’ils intègrent l’école. Et donc il y a aussi une politique de ces écoles vis-à-vis des boursiers. Sur Parcoursup, tout n’est pas payant et il y a a le choix. Pour les université, vous pouvez déposer votre dossier gratuitement pour autant de choix que vous le souhaitez, et ce pour des formations de qualité avec des prix d’inscription très très faibles. L’important c’est que l’étudiant est le choix avec les informations les plus justes. Les écoles de commerce proposent pour leurs concours des offres particulières.
Rentrée 2024 : une nouvelle plateforme pour les élèves de seconde pour aider à l’orientation et l’entrée dans Parcoursup
Finalement, est-ce que les jeunes et leurs parents vous semblent-ils suffisamment accompagnés face à Parcoursup ?
S. R. : Merci pour la question. Nous sommes, comme je vous le disais précédemment, mobilisés pour une amélioration continue de Parcoursup, notamment au lycée. On travaille avec l’Education nationale. Des expérimentations sont en cours concernant l’accompagnement des élèves et des parents par le lycée et par les professeurs. Nous avons développé une plateforme, issue des données de Parcoursup, qui va être utilisée à partir de la seconde pour pouvoir, d’une part mieux appréhender Parcoursup lorsque l’on arrive en terminale, et d’autre part, mieux s’orienter grâce à la création d’une sorte de “portefeuille” dans lequel le lycéen pourra avoir son historique, mettre en place des alertes relatives aux journées portes-ouvertes qui l’intéresse par exemple. A partir de la seconde, les lycéens utiliseront cette plateforme de données, accompagnés par leur professeur, pour justement améliorer leur orientation. Cette plateforme, actuellement expérimentée en seconde dans des lycées sera généralisée à partir de la rentrée de septembre partout en France.
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