Pour beaucoup, Internet reste quelque chose d’immatériel. Pourtant, si les données sont numériques, elles ont besoin d’infrastructures bien réelles pour circuler à travers le monde. Et Marseille se retrouve désormais au cœur du réseau. Treize câbles sous-marins relient la ville au reste du globe, adressant plus de 4,5 milliards de personnes.

Facebook et Microsoft débarque à Marseille dans un an
« Marseille dispose depuis toujours d’une situation géographique stratégique en Méditerranée, ouvrant la voie vers l’Afrique et l’Orient. Les autoroutes du numérique suivent les anciennes voies commerciales, il n’y a pas de secret. Elle devient incontournable », lance Fabrice Coquio, président d’Interxion France. Sa société parie beaucoup sur l’avenir de Marseille en tant que hub numérique mondial. Elle a déjà investi 46 millions d’euros dans la création d’un data center à Saint-Mauront qu’elle a racheté à SFR en 2014.
Sur 6 000 m² d’espace de stockage, il ne lui reste déjà plus que 10 % de libres. Les plus grands noms d’Internet se bousculent pour louer une salle et bientôt Facebook et Microsoft seront hébergés à Marseille. Les deux géants américains se sont alliés pour construire un câble de 6 600 km entre Virginia Beach et Bilbao. Et conscient du rôle primordial de Marseille pour relier l’Afrique et l’Asie, ils ont tout de suite lancé les travaux pour le connecter à la cité phocéenne. Tout devrait être opérationnel en septembre prochain et Interxion a été choisi pour héberger leur données.
AAE-1 et SeaMeWe-5, les deux câbles qui transforme Marseille en Hub de l’Internet
Le groupe néerlandais tire son épingle du jeu grâce à son positionnement neutre. Ses clients peuvent choisir l’opérateur téléphonique de leur choix « et cette casse du monopole permet d’offrir des prix bien plus attractifs », affirme Fabrice Coquio. Mais surtout, il a su s’imposer auprès des grands consortiums mondiaux qui construisent les câbles pour obtenir une connexion exclusive. Ainsi, ses data centers marseillais seront le seul point d’arrivée de deux super câbles de fibre optique qui vont relier la France et l’est du globe, SeaMeWe-5 et AAE-1. Le premier, d’une capacité de 24 Tbs, sera disponible dès la fin d’année. Le deuxième offrira un débit encore plus important de 40 Tbs, soit deux fois la capacité actuelle entre l’Europe et l’Asie. D’une longueur de 25 000 km entre Marseille et Hong Kong, il permet de réduire le temps de trajet des données à 130 ms entre les deux destinations. AAE-1 est en train d’être relié au réseau terrestre sur la plage de Bonneveine par OmanTel, l’un des membres du consortium porteur du projet. Un investissement record de 900 millions de dollars a été engagé par les 19 opérateurs pour ce câble à très haut débit qui sera opérationnel à la fin de l’année : « Pour donner un exemple parlant, sa capacité permettrait de regarder deux millions de films sur Netflix en 4K simultanément », explique Jamil Koussa, directeur adjoint de Oman Tel France. De quoi séduire les plus grosses entreprises consommatrices et productrices de données.
Des centaines d’emplois à la clé ?
Concrètement, la présence d’Interxion à Marseille est une aubaine pour la ville mais son activité n’est pas directement créatrice d’emplois. Quand un client loue un espace dans un de ses data center, il n’y adjoint pas forcément une équipe opérationnelle. « Mais Marseille est en passe de devenir une cité de contenus. Nous avons déjà des clients installés qui se sont mis à produire et dans ces cas-là, ce sont plusieurs emplois à la clé »,avance Fabrice Coquio. Il donne l’exemple de Cap Gemini qui a installé 85 salariés près de son data center de Saint-Denis. Ce qui laisse présager ce que pourrait engendrer l’arrivée de Microsoft et Facebook pour Marseille, gros producteurs de contenus, avec des équipes de plusieurs dizaines de collaborateurs…
Après MRS 1, Interxion a déjà anticipé MRS 2 et 3
« On croule littéralement sous la demande », assure Fabrice Coquio. Face à cette affluence, Interxion a déjà décidé d’investir 150 millions d’euros dans la cité phocéenne après avoir obtenu la concession de deux bâtiments du Grand Port maritime de Marseille totalisant 25.000 mètres carrés de planchers. Le premier baptisé MRS2 sera opérationnel cet été. MRS3 attend toujours le permis de construire. Il s’installera dans l’ancienne base sous-marine allemande datant de la seconde guerre mondiale. Ce chantier titanesque devrait débuter au troisième trimestre 2017.
