La Ville d’Istres accélère sur le digital. Bientôt, une maison du numérique de 1000 m² s’installera bientôt au sein du Centre éducatif et culturel (CEC) dans le quartier des Heures Claires, dans un bâtiment occupé jusqu’à il y a peu par Pôle emploi. Si le projet final, qui comprend plusieurs pans, sera complètement achevé en septembre 2023, un premier espace de 400 m² ouvrira au grand public dès cette année. Cette première étape sera consacrée à la réalité augmentée. L’investissement se chiffre à un million d’euros pour la partie réalité augmentée uniquement. Le coût du projet global, lui, s’élève à environ trois millions d’euros. A terme, la maison du numérique comprendra également un Fab lab (fin 2023) et le concept de musée immersif Micro-folie, porté par le ministère de la Culture et géré par la Cité des sciences de La Villette. Un projet déjà mis en place à la Fabulerie de Marseille et dans la ville de Miramas. Pour l’heure, les études menées par l’agence d’architecture basée à Martigues Lannier et Galligani (VLEG) sont à l’oeuvre et le chantier doit démarrer d’ici quatre mois.
Un projet de société : « sortir du carcan du jeu vidéo »
L’un des objectifs de ce premier espace est de démocratiser la réalité augmentée : « Nous souhaitons faire découvrir cette technologie au grand public, qui n’a pas forcément les moyens d’en profiter », expose Nicolas Davini, directeur général des services de la Ville d’Istres, en charge du dossier.
Pour concevoir cet espace de réalité augmentée, un appel d’offres a été lancé, dont l’issue n’est pas encore connue. Mais la société martégale Other Side, basée à Provence Studios, s’est d’ores et déjà positionnée. « Nous espérons qu’ils seront choisis, compte tenu de leur proximité géographique mais aussi parce qu’ils sont en plein dans le développement de ce concept », confie Nicolas Davini. Pour l’heure, le contenu précis des jeux proposés au grand public n’est pas encore défini mais il pourrait correspondre aux activités déjà proposées par Other Side : les participants, équipés de casques de réalité augmentée et de gants pourront ainsi être transportés dans une sorte de métaverse, métamorphosés en avatar de leur choix, et auront à effectuer un parcours interactif.
Mais si l’aspect ludique est bien présent, le projet comprend surtout une dimension éducative : « Ce n’est pas un simple jeu vidéo : l’objectif est de montrer aux jeunes que le jeu peut servir à d’autres choses comme faire du sport, apprendre … » poursuit Nicolas Davini. D’ailleurs, il n’exclut pas que les expériences soient payantes pour les visiteurs uniquement en quête de jeu mais gratuite pour les établissements scolaires, les formations ou les associations promouvant l’inclusion sociale. Le DGS insiste sur le fait qu’il s’agira de réalité augmentée et non de réalité virtuelle : « La réalité virtuelle n’implique pas forcément de se mouvoir, contrairement à la réalité augmentée. Or, l’idée même de ce projet, c’est de casser l’image de l’adolescent avachi dans un fauteuil devant son écran et ses jeux vidéos, de créer de l’interaction entre les différents participants ». La réalité augmentée consiste aussi à ajouter du contenu numérique à un environnement réel.
Une meilleure reconnaissance du potentiel istréen
« Ce projet correspond à une demande grandissante de la population. Il s’inscrit dans l’ère du temps et nous ne voulons pas rater le coche », ajoute Nicolas Davini. Pour la conception de sa maison du numérique, la Ville d’Istres a été épaulée par le cluster Medinsoft, notamment pour faire de la pédagogie auprès des habitants. « Il y a un gros potentiel sur le territoire Ouest Provence en matière de transformation environnementale et numérique, qui n’est pas reconnu à sa juste valeur, en raison de son passé industriel. Historiquement, ici, la population composée en majorité de cadres d’entreprises et d’ouvriers ne se forment pas au numérique. Il faut leur faire comprendre que cela peut être bénéfique à leur business » , estime le vice-président de Medinsoft Kevin Polizzi, lui-même natif d’Istres. Il ajoute que « la plupart du foncier disponible dans la métropole pour le développement de projets se situe sur le territoire Ouest Provence. Le territoire évolue aujourd’hui à grande vitesse en raison de la transition observée sur le bassin de Fos, que ce soit en termes d’environnement, de société ou de développement des énergies vertes. »
« Les échanges entre la zone Aix-Marseille et le territoire d’Ouest Provence sont trop faibles»
Vincent Richet
Le projet de maison du numérique n’est d’ailleurs pas le seul que la Ville d’Istres développe : depuis novembre 2021, le Château des Baumes accueille les entreprises pour leur permettre à la fois de se former à la numérisation et de découvrir les dernières innovations. Les lieux sont exploités par la société de Vincent Richet VF Events, qui dirige par ailleurs La Coque à Marseille, sur le même principe. Celui-ci considère aussi que « les échanges entre la zone Aix-Marseille et le territoire d’Ouest Provence sont trop faibles, notamment en termes d’innovation, alors qu’il s’agit d’une zone où se développent à la fois le transport, l’armée, l’industrie et aujourd’hui le numérique ».
Liens utiles :
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