Les Jeux olympiques approchent : le 8 mai prochain, la flamme olympique débarquera dans le Vieux-Port de Marseille. Les épreuves de voile, elles, débuteront dans la cité phocéenne au mois de juillet. Les Jeux étaient sur toutes les lèvres à l’occasion du salon des Nauticales, inauguré à La Ciotat mercredi 20 mars, au cours duquel une conférence sur « Les coulisses des JO » était organisée.
En préambule, le vice-président de la Métropole Aix-Marseille délégué à la mer, Didier Réault, retrace la genèse de la candidature de Marseille pour la tenue des jeux de voile : une histoire qui remonte à 2008, lorsque l’ancien adjoint à la Ville de Marseille, sous Jean-Claude Gaudin (LR), rencontre l’ex-président de la fédération de voile, feu Jean-Pierre Champion. Ce dernier lui fait prendre conscience de la nécessité de rapprocher les compétitions de voile du littoral pour susciter l’intérêt du public.
C’est l’impulsion qui fait naître la volonté de candidater pour l’organisation des Jeux olympiques : « Nous avions face à nous des concurrents de taille : La Rochelle, Hyères, le golfe du Morbihan, Le Havre … » se remémore Didier Réault. Finalement, Marseille obtient la confirmation de la tenue des jeux dans la ville en 2015. Une surprise, que le vice-président explique par la mobilisation d’une communauté de la voile à Marseille mais aussi par le projet présenté par la Ville, à l’époque, d’une tribune de 5000 places surplombant la Corniche. Un projet annulé par l’actuelle majorité municipale … « L’aventure s’est arrêtée pour nous en 2020 (lors des élections municipales, ndlr). Je ne prendrai pas la défense de nos successeurs …» conclut Didier Réault.
Jusqu’à 15 000 personnes par jour dans la marina olympique
Mais l’aventure des JO, elle, a continué. L’intégralité des épreuves de voile se tiendront ainsi dans la marina olympique du Roucas Blanc, qui a été livrée et qui doit être inaugurée mardi 2 avril. En attendant la date fatidique, le travail de mise en sécurité n’est pas fini pour que tout soit fin prêt pour l’accueil des athlètes comme du public. Et pour cause : le comité d’organisation des jeux olympiques attend jusqu’à 15 000 personnes sur la zone chaque jour, comprenant aussi bien le public, les 330 athlètes mais aussi 450 volontaires, 180 team officials, 660 membres de l’organisation, sans compter les techniciens, les médias… Les 12 500 places situés sur le périmètre de la marina ont en tout cas déjà toutes été vendues, affirme Thomas Moreau, chef de projet Paris 2024, membre du comité d’organisation des JO : « Nous sommes très heureux d’annoncer que nous sommes « sold out » sur la marina et que les 12 500 places ont été vendues », se réjouit-il ainsi. Les 12 500 spectateurs évolueront dans un espace dédié situés au niveau des plages du Roucas Blanc et Prado Nord, après la marina olympique. « Ce ne sera pas une tribune avec des gradins. Les gens pourront aller et venir, il y aura des écrans géants et des possibilités pour s’asseoir. Nous sommes encore en pleine réflexion là-dessus. Il sera aussi possible de monter à bord de navettes qui feront l’aller-retour entre le bord et le large mais il faudra pour cela s’inscrire le matin même », reprécise Dimitri Deruelle, contacté à l’issue de la conférence.
Une affluence qui nécessite la mise en place d’un dispositif de sécurité, englobant notamment le risque d’attentat. Si la Préfecture de police doit assurer la mise en place d’un dispositif dédié, le Comité d’organisation agit aussi de son côté. L’accès à la marina sera ainsi impossible par la mer à l’approche des compétitions, dès la publication d’un arrêté de la Préfecture maritime en ce sens, fin juillet. La traversée entre le Vieux-Port et la Point-Rouge devra ainsi contourner la rade Sud, prolongeant le trajet de moitié, concède Dimitri Deruelle, manager en charge du « field of play » (FOP, champ de jeu, ndrl) Paris 2024. Ce « Fop » comportera quatre zones : les zone “Corniche” et “Marseille”( cette zone correspond au bord des plages du Prado); Calanques et Frioul. La préfecture maritime doit détailler ce lundi 25 mars, le dispositif précis sur la baie avec les restrictions et autres contraintes.
Dimitri Deruelle l’assure néanmoins : « 80% des jeux se tiendront dans les zones Corniche et Marseille, près du littoral », avec la promesse de « rendre le spectacle visible à chacun », même sans place donc.
Quel héritage pour la marina de Marseille ?
Concepteur de la marina olympique du Roucas Blanc « new look », le cabinet d’architecte Rougerie+Tangram a dû relever un défi : concevoir les lieux dans l’objectif de leur assurer une seconde vie, après les JO. C’est ce qu’explique Caroline Souvenbrie, architecte et directrice de la conception pour la marina olympique : « Nous avons souhaité donner une double temporalité à ce lieu : une temporalité olympique et une post-olympique. » Cela passe d’abord par le choix des matériaux, en l’occurrence du béton bas carbone, censé être durable dans le temps. « Nous avons travaillé à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite. Nous avons aussi pensé des « failles » entre chaque bâtiment qui compose la marina afin que les piétons et cyclistes puissent ensuite déambuler. » Le cabinet d’architectes a aussi pensé les lieux comme partie intégrante de l’environnement alentour « très minéral et calcaire », afin que la marina ne détonne pas.
« L’après-JO constitue clairement le plus gros enjeu », analyse Samuel Cartier, du cercle nautique et touristique du Lacydon. « Jusqu’à présent, nous manquions vraiment d’infrastructures nautiques, nous comptons sur les jeux pour y remédier », poursuit-il.
« Les ambitions post-JO de la mairie de Marseille sont floues »
Dimitri Deruelle, Field of play manager, Paris 2024
Seul hic : les ambitions de la Ville de Marseille qui, selon Dimitri Deruelle, doivent encore être clarifiées : « Les choix politiques de la mairie sont flous. Il semble qu’ils veuillent rendre la voile accessible à tous avec la tenue d’un événement chaque année. Mais quid de l’organisation d’autres événements tout au long de l’année, de moindre envergure ? Pour l’heure, les organisateurs n’ont pas de réponses. Marseille a un gros potentiel pour l’organisation de régates », estime le manager, lui-même organisateur d’événements nautiques en dehors des JO de Paris.
L’inauguration de la marina olympique sera peut-être l’occasion d’apporter des éclaircissements. D’autant que, selon nos informations, le président de la République Emmanuel Macron pourrait faire le déplacement pour l’occasion…
En savoir plus :
> Le programme des Nauticales du 20 au 25 mars
> Marina olympique du Roucas Blanc : « on est dans les temps » (Tony Estanguet)
> [Indiscret] JO 2024 : coup de mistral sur la tribune du Roucas
> Notre dossier dédié aux jeux olympiques 2024