Les journalistes de La Provence réunis en assemblée générale ce lundi 25 mars ont voté en début d’après-midi la reprise du travail après trois jours d’une grève déclenchée vendredi à la suite de la mise à pied du directeur de la rédaction Aurélien Viers à la suite de la Une du quotidien publiée jeudi et jugée inappropriée par la direction. La réintégration a été annoncée dimanche soir par la direction de l’entreprise détenue depuis l’automne 2022 par le groupe CMA CGM via sa filiale Whynot media.
Le vote (81% de participation) sur la suite à donner au mouvement a été serré avec 94 voix pour la reprise du travail et 71 pour la poursuite de la grève.
Dans un communiqué diffusé dans l’après-midi, les organisations syndicales de journalistes partagent à la fois leur amertume et leur détermination.
« A une très faible majorité (57%), la rédaction s’est prononcée pour la reprise du travail. Comme nous vous l’indiquions dans notre communiqué de dimanche soir, la réintégration sans sanction du directeur de la rédaction Aurélien Viers n’était qu’un préalable indispensable mais ne réglait pas tout. Trop d’ingérence, trop de maladresse et trop d’atermoiements ont rythmé cette séquence dont La Provence se serait bien passée en interne comme en externe » écrivent le SNJ, la CFE-CGC et la CFDT.
La confiance en la direction du journal comme en celle du groupe sera difficile à restaurer
Dès le résultat du vote connu, des représentants des organisations syndicales de la rédaction ont rencontré Gabriel d’Harcourt, le directeur du journal, « pour le mettre en garde après cet épisode inacceptable qui a profondément marqué la rédaction. Ce résultat serré traduit toute l’inquiétude de la rédaction à pouvoir remplir sereinement ses missions d’information. La confiance en la direction du journal comme en celle du groupe sera difficile à restaurer » s’inquiètent les organisations représentantes des journalistes de La Provence.
Seul point positif dans le conflit selon les journalistes de La Provence, la solidarité des autres rédactions des autres titres, présents ou futurs du groupe Whynot media. « Durement attaquée, la rédaction a fait plier la direction du groupe qui, si elle ne le reconnaît pas officiellement, a prouvé par sa volte-face qu’elle s’était trompée. Nous remercions l’ensemble des soutiens reçus : lecteurs, collectifs, confrères, etc. Les échanges constants avec les syndicats du groupe WhyNot Média actuels et à venir (Corse-Matin, La Tribune, BFMTV, RMC) ont pesé dans ce rapport de force et permettront de dresser un rempart commun face à d’éventuelles autres attaques. Parce qu’on ne transige pas avec la liberté éditoriale, nous savons que le combat n’est pas terminé. »
Les syndicats de journalistes annoncent avoir pris rendez-vous dès demain mardi pour avancer dans les travaux en cours concernant la charte d’indépendance éditoriale, « outil indispensable pour éviter qu’une crise de ce genre ne se reproduise. Objectif : aboutir à un document définitif le 15 avril. » Pour soutenir les journalistes grévistes dont les salaires ne seront pas payés (la direction s’y est refusée selon les syndicats) une caisse de grève est toujours active. Pour celles et ceux qui souhaitent et peuvent y participer, voici le lien.