« La situation reste préoccupante. Il y a encore plus d’un millier de nos concitoyens qui sont en attente d’un logement pérenne. Cette situation préoccupante appelle à la mobilisation de tous », a déclaré le ministre du Logement, Julien Denormandie, après la visite d’un logement de 16 m2 rue de La République, lundi 21 janvier. C’est ici que vivra désormais une Marseillaise évacuée de son appartement du XIVe arrondissement à la mi-novembre. Comme elle, d’autres, en attente de relogement depuis le drame de la rue d’Aubagne, vont pouvoir investir des T1 et T2 au 81, 83 et 85 de cette rue. 75 logements privés au total ont été mis à disposition par Primonial et Covivio, qui détiennent un important patrimoine sur cette artère, proche du Vieux-Port. « Ils ont joué le jeu », indique le ministre qui s’est entretenu avec les gestionnaires pour accélérer la mise à disposition de ces lieux. Il espère que d’autres comme les bailleurs sociaux et l’ensemble des acteurs du relogement suivront le pas pour répondre à l’urgence.
Le mot d’ordre : l’accompagnement
Lors de ses vœux à la presse le même jour, le maire LR de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a évoqué une prise en charge à 50% respectivement par la Ville et par l’Etat, sans divulguer le coût total de la négociation entre les parties concernées. Julien Denomandie, lui, dit s’être assuré que le prix des loyers « soient acceptables en comparaison des loyers des personnes évacuées, mais à chaque fois ce n’était pas le même prix au m2 dans les différents quartiers évacués ». Selon nos informations, pour ces logements rue de La République, le prix est de 10 euros le m2. Le ministre évoque aussi plusieurs cas de figure de relogement : « des personnes délogées qui souhaitent s’installer durablement et paieront leur loyer comme tout un chacun. Des relogements de courte durée qui peuvent pris en charge, parfois, par les assureurs », ou encore « des personnes qui auront plus de difficultés financières et là il y a des dispositifs spécifiques que l’Etat et les collectivités mettent en place, comme l’intermédiation locative qui permet d’accompagner celles et ceux qui en ont le plus besoin ».
Des sujets sur lesquels le ministre devait s’entretenir dans la soirée avec la présidente de la Métropole Martine Vassal ainsi que le maire de Marseille. Il évoquera notamment « l’accompagnement. C’est essentiel. Il faut vraiment répondre à l’anxiété, à la colère, à la souffrance des Marseillais-es et ça passe par un renforcement de l’accompagnement vers des bonnes solutions de relogement ». Il rencontre, par ailleurs, les assureurs en préfecture des Bouches-du-Rhône, mardi 22 janvier dans la matinée. Julien Denormandie a rappelé le rôle de l’Etat dans cette situation : « On appuie la collectivité pour accélérer les relogements possibles dans les immeubles évacués. On a diligenté un certain nombre d’experts pour accompagner les services de la Ville et identifier les immeubles qui peuvent faire l’objet de travaux simples ».
500 personnes relogées sur près de 2000 évacuées
Depuis la catastrophe du 5 novembre, ce sont 230 immeubles insalubres ou dangereux qui ont été évacués « à travers la ville, par précaution », a indiqué le maire, lors de ses vœux. 1973 personnes ont été évacuées de leur domicile, aux alentours de la rue d’Aubagne ou ailleurs et 500 relogées jusqu’à présent. 1371 ont été hébergées aux frais de la municipalité, dans le cadre du plan d’action qui a coûté 14 millions d’euros à la municipalité. Au total, 147 arrêtés de péril grave ou imminent ont été pris par la Ville.
Si le nombre de relogés devraient augmenter grâce aux 75 mises à disposition, ce n’est pas suffisant pour la sénatrice socialiste Samia Ghali, présente à la visite du ministre, qui estime « que 1100 logements vides sont disponibles sur la rue de La République et 33 000 dans Marseille ». Elle a dénoncé un manque d’implication de la Ville de Marseille et de la Métropole « pour réquisitionner. Ça veut dire négocier avec les propriétaires… »
Si les 75 logements peuvent « paraître une goutte d’eau, c’est un premier pas » a souligné le ministre, insistant sur la nécessité de mobiliser les bailleurs sociaux, les propriétaires privés et tous les acteurs du logement. « Je suis là et je reviendrais pour montrer que l’Etat, aux côtés des collectivités, de la Mairie de Marseille, de la Métropole, est pleinement mobilisé avec beaucoup de détermination pour faire en sorte que les choses avancent rapidement pour tous les Marseillais-es qui ont été meurtris par ce drame. »