Dans son plan « Kedge 25 », l’école de commerce de Marseille conduit sa stratégie sur l’excellence académique, sa présence à l’international et le développement durable. Ce dernier point, ancré depuis 2009 dans les axes de développement de l’établissement, est devenu une priorité pour « favoriser la détection, l’émergence et le développement de tous ceux qui souhaitent créer de la valeur et avoir un impact sur la société », évoque le président Alexandre de Navailles le 20 avril, à l’occasion de l’inauguration du campus parisien.
« Nous voulons former des managers et des entrepreneurs qui auront un impact concret sur leur environnement, qu’ils soient en mesure de prendre des bonnes décisions sous le prisme d’analyse des enjeux sociaux et environnementaux », explique pour sa part Anne-France Piteau, directrice transition & impact de Kedge depuis deux ans.
Aller « au-delà » de la sensibilisation
Depuis la rentrée 2022, les étudiants suivent dès leur arrivée – sans exception – une journée de formation aux enjeux climatiques. Le matin, des ateliers de la Fresque du climat leur sont proposés et l’après-midi, le programme est complété par une conférence des shifters, un groupe de professionnels engagés au sein du mouvement « The Shift Project » impulsé et présidé par Jean-Marc Jancovici. Les shifters sont d’ailleurs nos partenaires pour les ateliers des Rencontres du vélo et des mobilités douces le 25 mai prochain à la Chambre de commerce et d’industrie d’Aix-Marseille (CCI AMP).
En troisième année, les étudiants du programme grande école (PGE) suivent un cours de macroéconomie écologique. « Il s’agit de cours d’analyse financière à l’aune des enjeux environnementaux», explique Anne-France Piteau. Selon leurs aspirations, les étudiants peuvent, au fil de leur scolarité, choisir jusqu’à 150 heures de cours liés au développement durable des organisations. « Nous voulons aller au-delà de la sensibilisation. Maintenant nous formons à ces enjeux », assure la directrice.
En septembre dernier, Christophe Revelli, un professeur chercheur titulaire en finance durable et d’investissement d’impact a créé la chaire « Finance d’impact » avec d’autres professeurs pour traduire leurs travaux au sein des programmes. Ce professeur est également à l’origine de la création en 2016 du tout premier master spécialisé (Msc) en finance durable en France.
Réduire son empreinte en tant qu’entreprise
L’école de commerce se félicite en parallèle d’avoir « drastiquement réduit son empreinte directe » depuis 2017, passant de 2 500 tonnes à 1 500 tonnes de CO2 émis, soit une baisse de 40% de ses émissions dans le cadre de son plan sobriété énergétique visant à réduire sa consommation d’électricité de moitié à l’horizon 2025.
Pour être « transparent » sur son empreinte, Kedge a développé un site internet propre « Kedge Impakt » pour décliner son impact carbone et ses engagements. Le site est lui-même conçu comme « un site exemplaire en termes d’empreinte carbone qui a obtenu la note de A à l’éco-index pour sa performance environnementale », se félicite Anne-France Piteau.
Ces efforts n’occultent cependant pas le fait que 300 arbres, dont des pins d’Alep centenaires, avaient été décimés pour construire un nouveau bâtiment de verre en 2018. Une dizaine d’associations locales avaient d’ailleurs déposé plainte à la suite d’une pétition récoltant 177 000 signatures, épinglant l’école d’un désastre écologique. Mais les dirigeants s’étaient défendus, disant avoir replanté plus de 200 arbres pour compenser la destruction d’une partie de la pinède marseillaise, à l’orée du parc des Calanques.
Continuer à favoriser l’égalité des chances
Kedge s’appuie aussi sur son réseau de 60 associations pour faire émerger les solutions et sensibiliser. Chacune doit désormais nommer un « référent RSE », tous réunis dans un « care lab » pour répondre aux problématiques rencontrées au sein de leurs associations. Parmi elles, Phoenix Égalité des chances met en place du mentorat – en partenariat avec les Cordées de la réussite – entre les élèves de Kedge et 650 collégiens et lycéens à Marseille pour les aider à faire leurs devoirs et à prendre confiance en eux.
Néanmoins, ces étudiants qui aident sont eux-mêmes confrontés à des difficultés financières. A Kedge, 25% des étudiants sont boursiers. L’école relève ainsi que 2 500 étudiants ont bénéficié de bourses ou d’aides financières pour un montant total de plus de six millions d’euros en 2022. Il est donc important de rappeler que l’égalité des chances reste relative au sein des grandes écoles, et de surcroît dans les écoles de commerce. La majorité des étudiants, boursiers ou pas, doivent contracter un ou plusieurs prêts bancaires pour financer ces études coûteuses : entre 10 000 et 15 000 euros l’année suivant le parcours.
Néanmoins, plus d’un quart des étudiants peuvent échapper à ces frais de scolarité en se professionnalisant par la voie de l’alternance, dont les effectifs ont doublé depuis 2018 à Kedge, en passant de 1 100 alternants à plus de 2 700 en 2022, comme nous en faisions l’analyse dans notre premier supplément Emploi & Formation. L’alternance pourrait donc être une issue pour rétablir la justice au sein des écoles supérieures privées.
Lien utile :
> Comment la formation s’adapte pour répondre aux tensions sur le marché de l’emploi