Dans moins de trois ans, quatre milliards de téléspectateurs auront les yeux rivés sur Marseille. La chambre de commerce et d’industrie d’Aix-Marseille Provence (CCIAMP) lance ce jeudi 18 novembre au Palais de la Bourse (1er) la mobilisation du monde économique pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 (voir l’intégralité de la conférence vidéo en bas d’article). « C’est un coup de projecteur qui n’arrive qu’une fois dans une vie », rappelle d’entrée Jean-Luc Chauvin, fraîchement réélu à la tête de la CCIAMP. Si la plupart des épreuves se tiennent dans la capitale, le territoire d’Aix-Marseille a ses propres joutes olympiques (voile et football), pour la première fois de son histoire. La Chambre appelle de ses vœux une montée en puissance du territoire.
Les chiffres de Jean-Daniel Beurnier
Vice-président de la commission régionale du sport
Le sport en Provence-Alpes-Côte d’Azur c’est :
• 3,8 milliards d’euros de CA (1,5 milliard dans les Bouches-du-Rhône)
• 27 000 emplois
• 1,2 millions de licenciés (2000 handisport)
En marge des JOP 2024, la Région Sud espère des retombées économiques durables – plusieurs centaines de millions d’euros sur les 10 milliards de recette prévus à l’échelle nationale.
La CCI propose la création d’un club pour fédérer les acteurs du territoire
Jean-Luc Chauvin veut « fédérer les énergies » en créant un club Aix-Marseille Provence. Il imagine une « alliance des acteurs de l’économie, du sport, de la culture », et appelle les collectivités locale à rejoindre « le plus vite possible » cette coalition. « Ceux qui veulent intégrer les marchés vont pouvoir devenir membre gratuitement, et obtenir un label pour se démarquer (…) c’est pour dire “je soutiens les Jeux Olympiques à travers mes actions” », précise le président de la CCIAMP. Un conseil d’administration ? « La structure administrative n’est pas importante (…) on verra la forme que ça prendra, répond Jean-Luc Chauvin, ce club, c’est un lieu où l’on va regrouper les énergies, échanger et accélérer ensemble ». Avis aux collectivités locales, la porte est grande ouverte.
Un point sur la Marina du Roucas Blanc
C’est depuis cette structure que partiront tous les bateaux des compétitions de voile des Jeux Olympiques et Paralympique 2024. Les travaux de la Marina olympique – 8 000 m² de réaménagement et 22 000 m² d’espaces extérieurs – n’ont pas vraiment commencé dans le quartier du Roucas Blanc, et sont toujours au point mort. On connaît cependant le prestataire de l’ouvrage depuis octobre 2020, le duo Carta-Rougerie, et le prix : 43 millions d’euros.
(Crédit : capture d’écran COJO Paris 2024)
Une addition à laquelle la Région Sud contribue avec un chèque de cinq millions. « Au total, l’institution mobilise 35 millions pour les Jeux », nous précise Isabelle Campagnola-Savon (LR), conseillère de la majorité régionale, présente jeudi lors de la cérémonie organisée par la CCIAMP. La Marina doit être livrée à l’horizon 2022 pour le premier « test event ». La nouvelle municipalité souhaite que cette infrastructure entre terre et mer survive aux Jeux, pour que la pratique de la voile se développe à Marseille.
JO Paris 2024 : Marseille en retard ?
Jean-Luc Chauvin appelle à l’audace des acteurs économiques du territoire. « Il est temps d’accélérer la préparation de cet évènement majeur de la décennie », lance-t-il. Le président de la CCIAMP juge qu’Aix-Marseille a déjà pris du retard sur plusieurs points, notamment sur la mobilisation des citoyens. « Certains ne comprennent pas en quoi ces JO les concernent (…) on ne se parle pas », peste l’élu. Il ajoute que « notre tissu économique n’est pas encore prêt à recevoir des gens du monde entier ». Jean-Luc Chauvin pointe du doigt « par exemple, les panneaux qui devraient être en plusieurs langues ». Tout est bon pour « faire mieux que le congrès mondial de la nature », tacle le président de la CCIAMP. Non pas en matière de retombées économiques, « mais en matière de marchés pris par les entreprises du territoire ». Jean-Luc Chauvin promet d’y être vigilant.
Le verbatim d’Éric Semerdjian
Conseiller municipal de Marseille délégué à l’innovation sociale
Éric Semerdjian (Crédit : Rémi Liogier)
« Oui, Marseille est en capacité de recevoir les Jeux Olympiques. Cette compétition est un laboratoire à plusieurs titres. Un laboratoire de transformation de la ville, elle fait partie des grands évènements qui nous rendent meilleurs dans notre capacité d’accueil. Un laboratoire aussi de la cohésion, une manière de montrer que l’on peut travailler ensemble, notamment entre publics et privés. Un laboratoire de la transition écologique et sociale, un laboratoire économique, un laboratoire du sport… Nous devons prendre ce qu’il y a de meilleur dans cet évènement.
Marseille va être regardée par quatre milliards de téléspectateurs, ce n’est pas le moment de la division.
Nous devons faire de ces Jeux une grande fête populaire, une occasion pour les entreprises de la région d’être présentes sur le marché. L’héritage est important, ou comment on pérennise les équipements d’une grande manifestation. Tout cela participe à la requalification de l’espace urbain.»
Quelles offres pour les entreprises du territoire ?
Le Comité d’organisation des Jeux Olympiques (Cojo) propose, en partenariat avec la CCIAMP, une aide au référencement pour les entreprises TPE et PME du territoire d’Aix-Marseille. « La plateforme “Entreprises 2024” vous permet d’être informé plus rapidement des appels d’offres que les Jeux lanceront », indique Cédric Dufoix, le directeur des sites Marseille pour les JOP 2024. Une autre plateforme similaire est dédiée aux entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) d’Aix-Marseille. « Nous sommes attentifs à ce que les entreprises du territoire se manifestent (…) on veut travailler avec elles », assure Cédric Dufoix. Une manière d’impliquer le privé dans la préparation des Jeux, qui est une commande publique. Et de quoi ravir Jean-Luc Chauvin qui veut avant tout développer le business local. Le président de la CCIAMP se réjouit que « les entreprises d’ici puissent bénéficier des marchés d’ici ». Il espère, au fond, que les TPE/PME d’Aix-Marseille, « les moteurs du territoire », animent localement la flamme olympique.
La mobilisation des acteurs du territoire passe aussi par la culture. Jean-François Chougnet, le président du Mucem, et Raymond Vidil, président de l’armateur Marfret et également président de MP Culture, ont annoncé une programmation culturelle spécifique, à travers les “olympiades de la culture”. Plus d’infos à suivre sur Gomet’.
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