Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a annoncé, samedi 9 mars, que le chef du gang marseillais Yoda, Félix Bingui, avait été interpellé la veille au Maroc. « Un des plus grands narcotrafiquants marseillais a été arrêté au Maroc. Bravo aux policiers qui poursuivent sans relâche le combat contre le trafic de drogue », écrit Gérald Darmanin le réseau social X, qui ajoute : « Un grand coup est porté aujourd’hui au narcobanditisme grâce à notre coopération avec les autorités marocaines, que je remercie. »
48 heures plutôt, dans la suite de leurs précédents déplacements de la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic en France, en Seine-Saint-Denis, à Verdun et Commercy, en Bourgogne et à Lyon, le sénateur et président de la commission Jérôme Durain (socialiste, Saône-et-Loire) ainsi que le rapporteur Etienne Blanc (Les Républicains, Rhône) ont rencontré à Marseille les élus locaux, les forces de sécurité intérieure, les procureurs, le préfet de police, le président du tribunal et les magistrats. Au terme de ce déplacement se tenait à la Préfecture de police des Bouches-du-Rhône, une conférence de presse organisée par le Sénat.
Etienne Blanc : « des actes de barbarie insupportables »
« On a des adversaires qui sont extrêmement puissants, qui ont une capacité à évoluer qui savent aller chercher dans les procédures, les techniques d’enquête qui sont utilisées par les policiers » lance le sénateur socialiste Jérôme Durain. Etienne Blanc, évoque quant à lui, « des actes de barbarie insupportables, on atteint dans des quartiers, sur des mineurs, sur des enfants, des niveaux (de violence) qui sont inconnus depuis bien longtemps et qui rappellent une époque où la violence en France n’était pas contenue ».
« Avec 49 « narchomicides » en 2023, la ville de Marseille apparaît aujourd’hui comme un des symboles les plus importants de la violence liée au trafic de drogue. Victimes collatérales, tueurs de plus en plus jeunes – plus de 60 % des mis en cause ont moins de 21 ans selon les chiffres présentés par le procureur de Marseille –, habitants désespérés : certains craignent que la situation marseillaise n’illustre une évolution nationale » alerte le Sénat. Jérôme Durain confirme, que « cette commission d’enquête est une vertigineuse promenade au bord du gouffre. »
Des entreprises de stupéfiant réglées comme des horloges
« Il y a une notion d’entreprise libérale. On le dit souvent, s’il n’y a pas de consommateurs, il n’y a pas de trafiquants. Cette organisation qui fonctionne comme une horloge, comme une entreprise très bien organisée avec des consommateurs, des produits qu’il faut acheter et acheminer depuis l’étranger. Entre ces consommateurs et ces producteurs, il y a toute une série d’intermédiaires » observe Etienne Blanc.
Le rapport de la commission d’enquête sera rendu public au mois de mai 2024. Le trafic de drogues générait six milliards d’euros de chiffres d’affaires à l’année en France.
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