Dans un nouveau débat en visio-conférence, Macha Makeïeff (directrice du théâtre La Criée à Marseille), le collectif (La)Horde (à la tête du Ballet National de Marseille), Pierre Vasarely (président de la Fondation Vasarely) et Mathieu Rozières (dirigeant fondateur de l’agence Black Euphoria et vice-président d’Aix Marseille French Tech) ont partagé avec les abonnés de Gomet’ Premium et nos invités leur vision du monde de la culture après le choc de l’épidémie de coronavirus. Après avoir exposé à tour de rôle les moyens mis en œuvre pour s’adapter à la situation de crise sanitaire, ils ont précisé leur point de vue sur les éventuelles évolutions dans le monde culturel. Retour ici pour tous nos lecteurs avec l’intégralité des interventions en vidéo.
Maintenir le lien avec le public en période de confinement
Pour le secteur culturel, l’un des enjeux durant cette période de confinement aura été de réussir à maintenir un lien avec le public. Alors que la France se déconfine peu à peu depuis le 11 mai, les événements qui rassemblent du public restent proscrits, ce qui laisse ce secteur en grande difficulté. La Fondation Vasarely, de son côté, a opté pour le principe d’une « newsletter confinée » pour annoncer les expositions à venir, dès la réouverture du site, le 2 juin.
Le collectif (La)Horde, composé de Marine Brutti (absente pour empêchement), Arthur Harel et Jonathan Debrouwer, s’intéresse depuis longtemps au communauté en ligne. L’équipe qui a pris la direction du Ballet national de Marseille en septembre dernier explique comment elle a vécu la période et partage ses observations. « Après le moment d’apnée et de choc on s’est très vite interrogé sur la nécessité de se faire entendre, de continuer de créer…» souligne notamment Arthur Harel.
Vice et vertu du numérique
Macha Makeïeff de La Criée, souhaite que le théâtre puisse rester ouvert tout l’été à partir de juin, afin d’accueillir les plus jeunes autour d’ateliers artistiques et gustatifs. « Il faut continuer de proposer l’excellence, même dans des conditions incertaines », a-t-elle souligné. « Qu’est-ce qu’une ville sans théâtre, où personne ne se mélange ? » s’interroge Macha Makeïeff, qui prend ses distances avec une culture uniquement basée sur le numérique. Elle défend ainsi une approche « in situ. » La crise actuelle est aussi pour elle un moment pour réfléchir : « comment l’économie du spectacle vivant peut-elle changer par transversalité mais aussi vers une économie plus durable. »
Mathieu Rozières, qui crée des dispositifs numériques et immersifs avec son studio Dark Euphoria se méfie aussi de « l’effet bulle » que pourrait avoir le numérique. En effet, le risque est que tout le monde ait accès aux mêmes contenus, en raison de biais algorithmiques, et que l’approche de la culture perde en diversité. Sans compter le problème de la fracture numérique, qui risquerait de priver certains publics d’un accès aux spectacles et autres musées. Il observe cependant que certaines innovations, qui pourraient permettre l’apparition de nouveaux modèles économiques culturels : Mathieu Rozières évoque notamment de nouveaux univers virtuels consacrés à la culture.