Pour lutter contre le manque de logements familiaux, la mairie de Marseille votera lors du conseil municipal de vendredi 21 mai (voir l’ensemble des délibérations en document source page suivante) une modification du règlement sur la location des meublés touristiques. La « délibération Airbnb » comme la nomme l’adjoint aux finances Joël Canicave limite les propriétaires à une seule résidence secondaire louable contre cinq auparavant.
« Les autres grandes villes comme Paris et Lyon ont depuis longtemps pris des mesures pour limiter ce phénomène et encore une fois, Marseille était l’une des dernières villes avec la législation la plus permissive du pays », s’agace l’adjoint au logement Patrick Amico lors de la visioconférence de presse de présentation du conseil municipal organisée lundi 17 mai.
Location de meublés : une autorisation réexaminée tous les quatre ans
Sa parade consiste à changer le régime des autorisations de changement d’usage. La loi estime que la location d’un meublé destiné à l’habitation de manière répétée pour de courtes durées à une clientèle de passage qui n’y élit pas domicile constitue un changement d’usage. Dans ce cas, une autorisation est requise auprès de la mairie. « Pour louer un meublé, il faut un numéro d’enregistrement délivré par la Ville après la modification d’usage, explique Patrick Amico. En limitant à une résidence secondaire maximum, on pourra faire diminuer ces locations et en plus, on aura une meilleure vision du phénomène ».
De plus, les anciennes autorisations étaient valables six ans et sont désormais réduites à quatre ans. « Elles ne seront plus renouvelés automatiquement, ajoute l’adjoint. Au bout de quatre ans, on réexaminera sérieusement chaque demande ».
Avant d’être appliqué, ce nouveau règlement doit d’abord être validé par la Métropole Aix-Marseille Provence présidée par Martine Vassal (LR). Malgré leurs divergences de vue sur nombre de sujets, la mairie estime que cette modification devrait être adoptée. « Nous avons travaillé sur le sujet avec les services de la Métropole et je pense que cette délibération sera inscrite au prochain conseil de territoire », avance Patrick Amico.
Immobilier : une flambée des prix dans les quartiers les plus prisés
A Marseille, difficile de pouvoir évaluer précisément l’ampleur du phénomène des locations meublés touristiques porté par les plateformes comme Airbnb, Booking et autres Abritel. « On travaille avec certaines d’entre elles, pas toutes, car elles ont besoin de changer leur image », explique Patrick Amico. Selon lui, ces opérateurs estiment à 9 000 logements le potentiel des meublés touristiques à Marseille et plus de 2 000 demandes de changement d’usage ont été effectuées en mairie depuis 2016. « A certains endroits, c’est devenu un vrai business réservé aux plus aisés », dénonce-t-il. Il cite par exemple les quartiers d’Endoume et de Bompard où « les banques sont complètement débordés par les demandes pour faire du meublé touristique ».
« Nous ne voulons pas brimer le tourisme à Marseille mais simplement remettre un peu d’ordre et de cohérence »
Patrick Amico
Ces locations très rentables participent à la flambée des prix selon l’adjoint qui cite un appartement qui s’est vendu à 12 000 euros du mètres carrés. D’autres propriétaires peu scrupuleux loueraient des logements « douteux en matière de sécurité » dans le centre-ville de Marseille.
« Nous ne voulons pas brimer le tourisme à Marseille mais simplement remettre un peu d’ordre et de cohérence », se défend Patrick Amico. L’adjoint explique que dans les quartiers les plus prisés des touristes, la mairie reçoit « tous les lundis des plaintes pour des troubles du voisinage dues à ces locations ». Il espère ainsi éviter la surfréquentation de l’été dernier et apaiser la vie des habitants de la ville.