Selon nos informations, la rédaction de La Provence a voté en milieu d’après-midi vendredi 22 mars par 129 voix une motion de défiance envers la direction générale du journal et celle de Whynot media (CMA CGM) ainsi qu’une grève illimitée.
La rédaction était réunie ce vendredi alors que le directeur de la rédaction, Aurélien Viers, arrivé en mars 2023 à Marseille, en provenance du Parisien, a été mis à pied jeudi 21 mars pour une semaine après la diffusion le même jour à la Une de La Provence d’une photo et d’un titre qui n’aurait pas été du goût de l’actionnaire majoritaire, le groupe CMA CGM. La photo problématique (voir ci-dessous), publiée au lendemain de la venue d’Emmanuel Macron à la cité La Castellane (15e) pour annoncer son plan de lutte contre le narcotrafic, représente deux jeunes assis face à une policière, titrée : Narcotrafic : 24h après la visite du président à la Castellane / « Il est parti et nous sommes toujours là… »
A propos de cette Une, le quotidien de l’avenue Roger Salengro (15e), qui doit bientôt déménager dans le centre-ville de Marseille, publie vendredi à l’adresse de ses lecteurs un mot d’excuse signé du directeur de la publication Gabriel d’Harcourt. Il y évoque « l’émotion de beaucoup d’entre vous » à la lecture de la Une qui « faisait croire que nous donnions complaisamment la parole à des trafiquants de drogues décidés à narguer l’autorité publique.» Des propos confortés dans un communiqué de La Provence, vendredi 22 mars : « Cette “Une” a induit en erreur les lecteurs. Elle est contraire à l’éthique journalistique. » Le communiqué ajoute que, durant la mise à pied d’Aurélien Viers, « pendant la durée de son absence, le pilotage de la rédaction sera assuré par l’ensemble de l’équipe de la rédaction en chef de La Provence. »
SNJ de La Provence : atteinte à la liberté d’informer
Le syndicat des journalistes, le SNJ, n’a pas tardé à réagir dans un mail adressé vendredi matin à la rédaction. « Selon nos informations, le directeur de la rédaction Aurélien Viers a été mis à pied par la direction générale et convoqué à un entretien préalable la semaine prochaine. Nous invitons donc tous les journalistes disponibles à venir participer à une assemblée générale de la rédaction pour décider de la suite à donner à cette atteinte à la liberté d’informer. »
Cette assemblée générale de la rédaction s’est tenue à la mi-journée, réunissant selon nos informations près de 160 journalistes sur les 180 de l’effectif, avec des journalistes déjà refroidis par les mesures de réduction d’effectifs qui avait provoqué en novembre dernier une grève historique dans le journal. « Nous invitons donc tous les journalistes disponibles à venir participer à une assemblée générale de la rédaction ce vendredi 22 mars à midi pour décider de la suite à donner à cette atteinte à la liberté d’informer » invitait le SNJ dans un mail. Le résultat du vote a été sans appel avec 129 voix pour la motion et la grève, 29 voix pour la défiance.
L’affaire tombe mal pour Whynot Media, la filiale présidée par Véronique Saadé et dirigée par Jean-Christophe Tortora et Laurent Guimier, qui est candidate au rachat du groupe BFM RMC. Rodolphe Saadé était présent mardi dans les locaux de BFM à Paris pour rencontrer les équipes, et s’est présenté devant les élus du comité social et économique (CSE). Lors de sa visite selon Le Monde, il a assuré, à la rédaction de BFM-TV qu’il ne sera pas « interventionniste ».
Liens utiles :
Drogue : les opérations « Place nette XXL » se multiplient dans les Bouches-du-Rhône
L’actualité des médias à suivre sur Gomet’