95% des laboratoires de biologie médicale sont en grève les 22, 23 et 24 octobre. Ils protestent
contre les baisses du budget consacré à la biologie médicale annoncées par la CNAM et son refus
de négociations. Le mouvement historique de protestation entamé le 23 septembre se durcit. Le
laboratoire Synlab Provence, qui accueille habituellement entre 5 000 et 6 000 patients quotidiennement, s’associe à la grève et ferme ses 70 sites répartis dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence. Les urgences ne sont pas assurées hormis pour les
établissements de soins privés et les patients seront dirigés vers les hôpitaux publics les plus
proches.
« C’est la première fois que toute notre profession s’unit dans un même combat. Nous sommes pourtant une profession sérieuse, consciencieuse et discrète qui constitue un maillon essentiel du parcours de soins puisque la quasi-totalité des explorations médicales exige un passage par des
analyses médicales. Mais nous sommes aussi ceux à qui les pouvoirs publics en demandent toujours plus : une meilleure qualité des soins combinée à une baisse de la dépense » souligne Sofiane Benhabib, PDG de Synlab Provence, vice-président du Syndicat de la Biologie européenne et biologiste libéral.
300 000 pétitionnaires et un mouvement qui se durcit
Depuis les annonces de la Cnam fin juin, le secteur de la biologie médicale est en crise. La Cnam a en effet indiqué prévoir 170 millions d’euros en 2020 d’économies sur les dépenses de biologie
médicale. Soit presque le double du montant de 95 millions déjà appliqué sur la période précédente
et qui s’ajoute au milliard de baisse cumulée depuis 10 ans. Ces mesures drastiques, qui entraîneraient la disparition de nombreux laboratoires de biologie médicale implantés dans des
zones sous-dotées en personnel de santé, sont en effet en totale contradiction avec la Loi votée cette année relative à l’organisation du système de santé (« Ma santé 2022 ») qui a pour ambition
d’améliorer l’accès aux soins au niveau des territoires, pour réduire les inégalités territoriales et
sociales de santé, et améliorer les conditions d’exercice des professionnels de santé et la qualité des prises en charge.
« La situation n’est plus tenable »
Ni le succès de la grève partielle du 23 septembre au 1 er octobre (95% de laboratoires de biologie médicale fermés sur le territoire et plus de 300 000 signatures de la pétition), ni les réunions du 1 er et 17 octobre entre les représentants des biologistes médicaux et la Cnam n’ont permis d’avancées significatives. D’où une grève qui se renforce pour défendre une biologie médicale de qualité et de proximité. Car fermer des laboratoires de proximité reviendrait à dégrader encore un peu plus l’offre de soins primaires consacrée aux patients français tout en renonçant à améliorer l’efficience économique du système de santé.
« En 15 ans notre métier s’est totalement transformé. Nous avons su nous adapter, nous restructurer pour maintenir nos sites et la proximité géographique avec nos patients, mais aussi investir de manière continue pour proposer les dernières innovations en matière de diagnostic. Parallèlement, nous accusons années après années des baisses tarifaires. Nous arrivons aujourd’hui à un seuil critique qui fait que la situation n’est plus tenable » assure Sofiane Benhabib. « Nous alertons le
gouvernement sur les risques : la dégradation de la qualité des soins, des fermetures totales ou
partielles de sites –surtout dans les zones rurales – et une industrialisation de notre profession. Nous
ne voulons pas de cela ! »