Dépôts de plaintes de riverains, courriers des maires, mise en demeure de la préfecture… Depuis quelques semaines, l’usine de Bouc Bel Air du cimentier LafargeHolcim (145 emplois directs et 400 indirects) est dans la tourmente. En cause, des émissions de dioxyde de soufre supérieures aux normes en vigueur et l’inquiétude grandissante des habitants. Pour mettre fin aux polémiques et rassurer la population, le groupe annonce un plan d’investissement pour réduire les nuisances de sa cimenterie lors d’une visioconférence de presse mardi 20 avril.
LafargeHolcim veut se passer de dérogation d’ici 2022
Le directeur de l’usine de La Malle à Bouc Bel Air, Pascal Baudoin, l’assure : « Depuis 2013, nous avons réalisé trois études poussées sur d’éventuels impacts sur la santé et la conclusion est toujours la même : il n’y a aucun danger pour les riverains ». Pour autant, la cimenterie dépasse les normes européennes pour les émissions de dioxyde de soufre. En 2018, la préfecture lui a d’ailleurs accordé une dérogation. Lafarge est ainsi autorisé à émettre jusqu’à 900 mg/m3 de dioxyde de soufre contre les 400 imposés par l’Europe. « C’est plutôt habituel comme procédé et plus de six autres cimenteries en France travaillent avec ce type de dérogation », souligne Loïc Leuliette, le directeur de la communication de LafargeHolcim. Et le groupe de prouver sa bonne volonté en présentant un programme de transformation de l’usine afin de « respecter les normes européennes en vigueur dès l’année prochaine et enfin se passer de la dérogation préfectorale », promet le directeur du site.
Un filtre contre le soufre et les poussières à 4,5 millions d’euros
LafargeHolcim affirme travailler d’arrache-pied pour moins polluer. Depuis 2019, le groupe aurait investi 10 millions d’euros « pour l’amélioration de l’empreinte environnementale de ses installations » de Bouc-Bel-Air. Lors du point presse, il annonce une nouvelle vague de 6,25 millions cette année avec notamment l’achat d’un filtre à manche pour 4,5 millions d’euros. Cet équipement, haut comme un immeuble de cinq étages, va être installé sur le four n°2 pour réduire significativement les émissions de soufre et de poussières. « La commande avec le fournisseur Boldrocchi a été signée officiellement le 15 avril et il sera opérationnel en janvier 2022 », annonce Pascal Baudoin.