Dans la continuité de la première promotion de créateurs accompagnés de 2020 à 2021, le fonds de dotation Maison Mode Méditerranée (MMM) dévoile son appel à projets 2022-2023. Avec une dotation globale de 135 000 euros de la Maison Chanel, Kaporal ou du groupe LVMH, quatre bourses aideront les professionnels de la mode à la construction de leurs projets et deux prix leur seront décernés : le « Tajima fashion Tech Prize » et le nouveau « Prix Fragonard, patrimoines et modernité ». Pour candidater, chaque créateur devra démontrer ses influences avec la culture méditerranéenne et une volonté de faire rayonner ce territoire et ses savoir-faire dans son projet artistique. Clôture de l’appel à projet le 7 mars.

Active depuis une trentaine d’années, la maison mode méditerranée (MMM) n’est aujourd’hui plus un lieu physique de formation et d’expositions de mode. En 2020, la MMM s’est transformée en fonds de dotation dont Maryline Bellieud-Vigouroux, à l’origine de la création du Musée de la Mode à Marseille en 1988 au château Borély et à l’espace Mode sur La Canebière, a repris la présidence. « Toutes les missions du musée de la mode étaient remplies : le rayonnement d’un cursus de licence, l’émergence de créateurs marseillais, l’aide de jeunes marques à se sédentariser à Marseille…
Avec nos partenaires, nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire de plus. La réponse a été de créer un fonds. » détaille à Gomet’ la présidente qui avait laissé en 2018 la co-direction de la MMM à sa fille Aurélie Vigouroux et à l’entrepreneur Jocelyn Meire. Depuis, ce dernier a fondé son réseau de mode Fask destiné à aider les créateurs de la région Sud.
Avec l’expérience du terrain, Maryline et sa chargée de mission Savéria Mendella, une doctorante spécialiste de la linguistique dans la mode, ont mesuré les besoins de financement des créateurs pour accélérer leur marque. Ainsi, le nombre de lauréats a été réduit de moitié pour 2022-23, passant de 13 à 6 artistes lauréats, en parallèle d’une augmentation des dotations de 100 000 euros à 200 000 euros. « Nous souhaitions proposer une offre plus qualitative. Nous avons compris que les créateurs avaient besoin de minimum 20 à 30 000 euros pour développer leur projet » raconte Mme Bellieud-Vigouroux qui avait lancé en 2016 la biennale de la mode Open My Med.
Quatre bourses pour développer la mode en Méditerranée

Chaque lauréat sera suivi sur deux années consécutives. « C’est ce qui différencie notre fonds vis-à-vis d’autres appels à projets dans la mode, car la plupart accompagnent les artistes sur une année seulement » explique la présidente. Les deux bourses les plus importantes aideront les marques développées (de plus de 2 ans) qui disposent déjà de points de ventes physiques ou en ligne. La première bourse « global fashion brand », distribuera une enveloppe de 50 000 euros pour accompagner globalement une marque sur ses besoins numériques, technologiques ou matériels. La deuxième bourse de 35 000 euros « craft & care » sera consacrée au projet de développement d’une production qui démontre une « volonté de collaboration étroite avec des artisans de pays méditerranéens » détaille l’appel à projets.
Deux autres bourses de 20 000 euros seront destinées à la transmission des savoir-faire artisanaux et à la recherche scientifique. D’une part, la « bourse héritage & give-back » aidera un professionnel du secteur de la mode pour déployer « un modèle innovant de circulation de la mode à la fois technique et immatérielle » souligne l’appel à projets. D’autre part, la « bourse recherche scientifique » aidera un.e doctorant.e spécialisé.e en recherche de mode pour « se consacrer à sa recherche sans devoir travailler à côté pour financer sa thèse » explique la présidente.
La Maison Fragonard comme nouveau mécène

La Maison Fragonard s’est associée au fonds MMM pour accompagner un jeune créateur dans les savoir-faire provençaux. Si elle est mondialement connue pour son parfum, elle l’est moins pour la mode. « La Maison possède la plus riche collection de costumes provençaux du XVIIIe » nous apprend Maryline Bellieud-Vigouroux. Le lauréat(e) de ce prix pourra être accueilli(e) en résidence pour travailler avec les équipes scientifiques des musées Fragonard et être formé aux techniques traditionnelles de broderies en « Boutis » (coutures matelassées) aussi appelée « Piqûre de Marseille ». A l’issue de sa résidence, l’artiste présentera deux pièces qui intégreront le fonds contemporain de mode des musées Fragonard.
Un partenariat au long cours entre la MMM et Tajima
Basée à la Ciotat afin de diffuser la production dans le Sud de l’Europe, le groupe japonais de machines industrielles de haute technologie Tajima, reconduit son prix pour la broderie. C’est une manière de « faire évoluer le monde industriel pour que les machines correspondent aux besoins des nouveaux créateurs. Le créateur apprendra de la maison mais il lui transmettra également des pistes de recherches. » synthétise Maryline Bellieud-Vigouroux. L’année dernière, la lauréate grecque Mellissanthi Spei a finalisé son prototype dans une usine Tajima à Milan, réservée pour sa création pendant 48 heures, avant de retourner dans son pays natal pour développer sa marque.
[Document source] Appel à projets de la MMM
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