Pour anticiper ses besoins en logistique en 2030, puis en 2040, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) a organisé une concertation volontaire d’octobre 2021 à mars 2022 pour définir l’orientation d’aménagement de la zone industrialo-portuaire (OAZIP)de Fos-sur-Mer. Six mois, donc, pourimaginer le port de Marseille-Fos comme un outil à la fois compétitif et respectueux de son environnement avec les différents acteurs de la place portuaire. Si le plan est abouti pour 2030, les solutions pour 2040 sont encore floues.
La dernière réunion s’est déroulée le 21 mars avec une quarantaine de représentants de la Préfecture, les collectivités locales, les industriels, les logisticiens, l’Union Maritime et Fluviale (UMF), le syndicat des dockers de Fos, les associations de riverains et de protection de l’environnement et les gestionnaires d’espaces naturels… Après cinq réunions, les acteurs ont listé les hypothèses de développement en logistique des bassins de Fos (10 000 hectares), accessibles aux plus grands navires et dédiés aux grands flux internationaux.Le mot d’ordre donné tout au long des échanges : densifier l’existant.
Les perspectives économiques du conteneur
Le rapport d’activité de 2021 a mis en avant la reprise du trafic total de 9% – marchandises, vracs liquides, vracs solides et passagers confondus – par rapport à 2020. Comme évoqué dans nos colonnes en janvier dernier, le transport de conteneurs dans le trafic de marchandises a repris sa cadence de 2019, année de référence avant Covid-19, avec 1,5 million d’EVP traités (équivalent vingt-pied, c’est 6,1 mètres, la longueur du conteneur la plus fréquente sur le marché).
Ces chiffres poussent les acteurs de la place à se projetter. Ces derniers tablent sur une augmentation du trafic du conteneur à 3% par an, amenant un trafic de 2,6 EVP à horizon 2040 (+40% en 18 ans).« Cette hausse est expliquée par l’évolution du PIB de la France (+1,5%), la relocalisation continentale (+0,5%) et l’amélioration de la compétitivité du débouché de Marseille-Fos,explique Charles Duvauxdu cabinet de conseil Mensia, permettant une amélioration de la part de marché hinterland du port. »
Pour traiter un conteneur transitant par Fos, deux m2 sont nécessaires. Les 1,5 EVP traités en 2021 ont donc nécessité trois millions de m2, soit 300 hectares. Selon les professionnels, 1,6 million m2 sont localisés dans la Zone industrialo-portuaire de Fos ou son environnement immédiat, « soit un taux de captation de la logistique « overseas » par le territoire de plus de 50% ».
1,2 millions de m2 de zones logistiques supplémentaires en 2040
Au regard de l’augmentation du trafic de conteneurs, Charles Duvaux du cabinet Mensia présente les deux tableaux des besoins fonciers. En 2030, la ZIP devrait aménager 488 000 m2 supplémentaires, soit entre 110 et 140 hectares de plus pour la logistique. Et en 2040, les besoins font plus que doubler : entre 278 et 345 hectares devraient être aménagés, soit 1 207 000 m2.
A la conférence de la logistique de la Région Sud le 12 juillet, Régis Martin, le chef du département de la prospective du GPMM, précisait bien que « ces quantités ont été déduites des estimations de coûts partis liés aux projets en cours d’instruction ou à l’étude sur la ZIP et son environnement immédiat ». Ces projets existants représentent environ 370 000 m2 : Distriport (60 000 m2), Feuillane Nord (228 000 m2), St Martin de Crau et Miramas Clésud (près de 80 000 m2).
Le triangle Arcelor, Ascométal Nord et le môle central en 2030
Tous scénarios confondus, 580 hectares de projets communs sont ressortis. A horizon 2030, les parties prenantes s’accordent sur le besoin de développement de l’industrie et des énergies propres sur le môle central (Darse 1) avec notamment les zones de Sitmat/Q ou Innovex (en jaune) ou MC, Tonkin et Cavaou (Encadré en jaune).
Deux développements sont également envisageables sur des parcelles privées : l’immobilier logistique et les véhicules sur le triangle Arcelor qui s’étend sur 40 hectares, et l’industrie sur Ascométal Nord (darse centrale). De plus, la place portuaire propose la construction d’un terminal « multipurpose » sur la zone du minéralier. Sur cette zone, l’OAZIP envisage de transformer l’extrémité sud du terre-plein Eurofos (en violet) pour traiter les trafics de véhicules.
Pour les besoins de 2040, le GPMM veut anticiper. Pour éviter le « mitage » des entrepôts logistiques autour de la ZIP sur le long terme, les partenaires s’accordent sur le lancement de la zone « Distriport 2 » de 120 hectares (en orange) et la finalisation de la ZSP 2 (en rouge).
Un horizon flou pour l’aménagement de Caban Nord et de Fos 3XL en 2040
L’aménagement de la zone d’Asco fields d’environ 80 hectares, qui ne représente pas un danger pour la biodiversité sur le site, est en bonne voie pour 2040. Delphine Laffay, la représente du parc logistique et industriel Asco fields, propose d’y développer la densité verticale de la logistique sur ce site. Une logique de densification du foncier que le président de GPMM requière.
Mais, la zone de Caban Nord de 120 hectares est toujours en discussion. France Nature Environnement (FNE) 13 estime que cette zone naturelle est trop sensible pour l’aménager. Hervé Martel assure ainsi que « le travail et les discussions entre co-pilotes doivent être poursuivis s’agissant des zones bleues (carte ci-dessus) du Caban Nord et de même sur Fos 3XL (pour le trafic de conteneur, Ndlr) afin de déterminer si ces zones ont vocation à devenir des zones à aménager ou des zones de compensation sur le long terme. »
Si les besoins en logistique augmentent sur le port, les dessertes ferroviaires doivent se multiplier. Selon l’OAZIP, le trafic ferroviaire représenterait 25% de la part modale à horizon 2040, soit « un triplement du trafic actuel. » Cette estimation fait échos aux demandes de l’UMF à la SNCF d’augmenter le nombre de trains en attendant de remplacer la gare du Canet. Les syndicats ayant assisté à une réunion le 12 juillet avec la SNCF, se disent « contents des propositions faites». Elles seront annoncées d’une même voix (UMF, Port, Préfecture) lors de la concertation publique sur l’avenir du terminal combiné de Mourepiane autour du 10 septembre.
[Document source] La synthèse de l’OAZIP 2040
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