La plateforme industrielle d’innovation Caban-Tonkin (Piicto) regroupe aujourd’hui 17 industriels, emploie près de 3 000 personnes et pèse plus de 2 milliards de chiffre d’affaires annuel. Pourtant, les grands groupes qui composent l’association en appellent aux collectivités pour financer leurs projets : « Nous ne sommes pas amenés à prendre le risque monétaire tout seuls. Les élus doivent nous aider à supporter le coût des opérations », prévient Jean-Philippe Gendarme, directeur du site Kem One de Fos-sur-Mer et président de Piicto.
Ne pas répéter le fiasco de Hexcel
A l’occasion de la venue d’une délégation menée par la présidente du conseil départemental, Martine Vassal, accompagnée par Gérard Gazay, vice-président délégué à l’économie de la Métropole, François Bernardini, président du conseil de territoire Ouest Provence, et Béatrice Aliphat, conseillère régionale, au bureau de la Métropole déléguée à l’Industrie et maire de Saint-Mitre-les-Remparts, le patron de Piicto a fait le point sur les actions des industriels et leurs besoins pour mener à bien leurs projets. Il donne en exemple la plateforme Osiris, située à Roussillon en Isère. Les collectivités ont investi 110 millions d’euros pour l’aménagement et l’extension de ce site qui avait doublé Fos-sur-Mer, en 2014, pour accueillir l’américain Hexcel. « Un mauvais souvenir qui a été l’électrochoc à l’origine de la démarche Piicto », raconte Jean-Philippe Gendarme. Entendre par là, un travail commun pour mutualiser les ressources et parler d’une même voix en France comme à l’international pour attirer de nouvelles entreprises.
Les collectivités doivent trouver les moyens d’aider Piicto
Sur les bassins Ouest du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), Piicto dispose d’une large réserve foncière de 600 hectares pour accueillir les industriels intéressés par une implantation. Dernier projet en date, le chinois Quechen pourrait venir installer à coté de Kem One une unité de production de pneumatiques dit « verts », un investissement estimé à 100 millions d’euros et plus de 100 emplois directs. « Grâce à Piicto, on a pu répondre rapidement à leurs questions et anticiper leurs besoins avec une véritable approche commerciale », se félicite Jean-Philippe Gendarme espérant une réponse positive du groupe asiatique d’ici janvier. Si l’industriel salue le jeu collectif des élus notamment lors de la visite d’octobre en Chine, il estime que les collectivités pourraient aller encore plus loin dans l’accompagnement de Piicto en premier lieu sur le volet financier. « Nous avons besoin de fonds propres mais nous peinons à emprunter à des taux intéressants. Il y a six mois, on a eu des propositions à 8 % alors qu’actuellement une entreprise saine peut espérer un prêt en dessous de 1 % d’intérêts », explique le directeur de Kem One Fos. Cette déclaration a grandement surpris Martine Vassal qui a promis d’en parler à la Caisse des dépôts. Mais concernant, le financement des projets, la présidente du Département refile la patate chaude à ses collègues rappelant que « depuis la loi Notre, le Département est privé de la compétence économique. On ne peut pas contourner la loi ».
Réseau vapeur, raccordement électrique, aménagements routiers… les besoins de Piicto
Pour autant, le patron n’est pas dupe et sait qu’il s’adresse peut-être à la future présidente de la Métropole. « Il faut trouver des montages financiers innovants pour permettre aux collectivités de nous aider, il y a des solutions », assure-t-il. Parmi les besoins immédiats de Piicto, la création du réseau vapeur commun aux usines du GPMM nécessite un investissement de 26 millions d’euros, la prise en charge des dépenses de raccordement au réseau électrique des nouveaux arrivants s’élève à près de 10 millions d’euros par candidats. Enfin, Patrick Grimaldi, chef de projet pour l’aménagement industriel au sein de Piicto, rappelle que le Département est toujours en charge d’une partie du réseau routier et que « le GPMM attend depuis des années le passage à quatre voies de la D268 entre la Fossette et Port-Saint-Louis-du-Rhône ». A bon entendeur…
Piicto, c’est qui ?
Le projet de plateforme Piicto s’inscrit dans les orientations stratégiques du Port de Marseille-Fos et a pour ambition de réinventer la zone industrialo-portuaire.En septembre 2014, l’association Piicto a été créée sous l’égide de la préfecture. Elle fédère 9 industriels ainsi que le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) et s’est donnée pour objectif de développer une plateforme industrielle et d’innovation de 1 200 ha sur la zone industrialo-portuaire de Fos.
Aujourd’hui, le projet de plateforme associe les services de l’Etat (Préfecture, Direccte, Dreal), le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil de territoire Ouest Provence, l’Ademe, l’Union des Industries Chimiques Méditerranée (UIC) et de nombreux industriels. Il vise à consolider l’écosystème industriel existant et à augmenter l’attractivité du territoire en vue de l’accueil de nouvelles activités. L’objectif est de réaliser des synergies entre les acteurs et de mutualiser les services afin de concrétiser un véritable schéma d’écologie industrielle. Source Préfecture