Depuis la mi-janvier, la station d’épuration des eaux de la Seramm à Sormiou produit du gaz pour chauffer les marseillais. La filiale de Suez a trouvé le moyen de récupérer du biométhane par fermentation des boues issus du traitement des eaux usées de la ville. « Nous recréons ainsi une énergie renouvelable à partir de nos déchets. Rien ne se perd tout se transforme. C’est l’avenir dans un contexte où l’énergie coûtera de plus en plus cher », explique Jean-Louis Chaussade, le directeur général de Suez. Ce mardi 2 avril, il a officiellement inauguré cette nouvelle installation, la plus importante du pays, en présence des patrons des collectivités partenaires : le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, le président de la Région, Renaud Muselier, le préfet, Pierre Dartout, et Roland Giberti, Vice-président délégué à l’eau et à l’assainissement de la Métropole Aix-Marseille Provence. L’investissement total s’élève à 9,2 millions d’euros « mais ce sera indolore pour les marseillais car la Seramm va reverser environ 250 000 euros par an à la Métropole pendant dix ans, ce qui remboursera les dépenses initiales de la société », tient à préciser Roland Giberti. Au total, la vente du gaz devrait rapporter 1,7 millions d’euros à Suez.
Financement :
Coût total : 9,2 millions d’euros
Métropole Aix-Marseille Provence : 2,65 millions d’euros
Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse : 2,38 millions d’euros
Seramm : 2,38 millions d’euros
Région : 800 000 euros
Ademe : 640 000 euros
Du chauffage pour 2 500 foyers et du carburant pour les bus
Concrètement, l’unité de la Seramm va injecter ce biogaz dans les réseaux pour alimenter la population en chauffage. Elle démarre avec une capacité de production de 15 millions de kWh et pourra, à terme, grimper jusqu’à 22,8 millions de kWh, de quoi alimenter 2 500 foyers. Cette énergie pourra même servir de carburant aux bus de la région roulant au GNV (Gaz naturel pour véhicules). La Métropole estime pouvoir faire rouler 150 véhicules parcourant plus de 6 millions de kilomètres par an avec la production de la nouvelle unité de Suez. Reste à développer la flotte de véhicules au gaz quasi-inexistante pour l’heure à Marseille. La Région Provence Alpes Côte d’Azur dispose de 7 cars GNV pour l’instant et la Métropole prévoit de renouveler sa flotte avec des véhicules au gaz dans les années à venir. Le Département a notamment annoncé une aide de 4,5 millions pour l’aider à acheter 50 bus au GNV et un projet prévoit de faire rouler 69 bus GNV à Vitrolles à partir de 2021. les collectivités vont donc devoir multiplier les sites de production de biogaz pour répondre à ces besoins.
Lancement d’un projet biométhane sur la station d’épuration de la Pioline
Fort de cette première expérience à Sormiou qui ne lui coûte rien et pourra même lui rapporter de l’argent une fois l’investissement de départ remboursé, la Métropole envisage désormais de dupliquer le modèle sur ses autres sites. Au total, le territoire compte 74 stations d’épuration et plusieurs d’entre elles apparaissent déjà comme des candidates sérieuses. Sur la zone de la Pioline à Aix-en-Provence, « on pourra lancer le cahier des charges dans quelques mois pour désigner l’opérateur avant la fin de l’année », annonce Jean-Marc Mertz, le directeur général adjoint Eau et assainissement de la Métropole. Le groupe Suez est d’ailleurs déjà sur les rangs de ce projet sur le point d’aboutir : « Même si Veolia est l’exploitant de la station, nous nous positionnerons comme candidat pour la station biométhane », prévient Hervé Madiec, le directeur régional de Suez. La Métropole regarde aussi sur la station d’épuration de Salon-de-Provence et les trois autres de Marseille, « Même si elles sont plus petites, on pourrait imaginer une unité de méthanisation sur une seule station qui récupèrera les boues des autres », explique Jean-Marc Mertz. « Au total, on pense pouvoir en faire trois ou quatre assez rapidement », explique-t-il. Les stations d’épuration des eaux ne sont pas les seuls centres de traitement de déchets capables de créer de l’énergie. Sur la décharge du Jas de Rhodes, Suez a aussi développé un système de captage du gaz pour produire de l’électricité et la Métropole semble s’intéresser aussi à ce procédé.
Lien utile :
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