Notre palmarès 2022 des levées de fonds est toujours en croissance par rapport à l’an dernier : 40 entreprises qui ont levé plus de 400 millions d’euros. Nous étions en 2021 à 32 entreprises qui avaient levé 320 millions.
Rappelons notre méthodologie. Nous mesurons et compilons les levées de fonds réalisées et publiques sur notre territoire, la Provence, depuis le début de notre baromètre, et depuis deux ans la région Sud entière avec notre partenaire Webtime Medias dirigé par Jean-Pierre Largillet. Nos chiffres sont en moyenne plus élevés que l’excellent baromètre publié par France Invest, car la méthodologie est différente. France Invest mesure les financements réalisés par ses membres et uniquement en capital. EY dans son baromètre récence en 2022, 23 opérations pour 206 millions d’euros, encore une autre méthode. Pour notre part, nous prenons en compte l’ensemble des sommes levées qui vont financer le haut du bilan, au sens large, de l’entreprise. Nous sommes nettement en dessous du chiffre global réel, car nombre d’entrepreneurs demandent à leur VC de rester confidentiels.
Notre partenaire Région Sud Invest n’apparaît ainsi que quatre fois dans notre tableau, mais il faut y ajouter 15 investissements réalisés en 2022 qui ne sont pas publics. Smalt a réalisé sept tours de table mais dont le montant est confidentiel. Il faudrait donc ajouter International Pimp Industries de Signes en février, Ama & Co d’Istres en juin 2022, Titane de Châteauneuf-le-Rouge en septembre 2022, toujours en septembre, Le Temps des cerises, Marie et Cie de Nice et Soleil du Sud de Rocbaron en novembre et enfin Ecoat de Grasse en décembre 2022.
La vague de la biotech enfle
L’année 2022 est donc toujours une bonne année, nous revenons au niveau d’avant Covid. Même si l’on constate que seules onze opérations ont été réalisées au second semestre 2022. Le premier semestre a été lui extrêmement florissant avec des levées significatives. La chute, en fin d’année, augure-t-elle une disette pour 2023 ? Nul ne peut le dire à cette heure. Nous voyons arriver sur ces premiers mois des levées de fonds, mais sans qu’il y ait un véritable rush. Les filières financées confortent les tendances lourdes que nous avions détectées en 2021.
D’abord les biotechs confirment leur capacité à aller chercher en 2e ou 3e tour de table des sommes tout à fait conséquentes, en dizaines de millions d’euros et hors des sentiers battus. Nous avions souligné qu’il y avait une attractivité de notre territoire pour les fonds européens privés, elle se confirme : les six biotechs ont levé plus de 142 millions € à elles seules.
Les fintechs qui furent longtemps l’apanage de la place financière de Paris, et l’on comprend bien pourquoi, ont émergé en 2021 et il se confirme en 2022 qu’elles constituent un secteur régional à part entière, attractif avec six levées (risquées pour les adeptes des cryptomonnaies). Cette évolution démontre la capacité du territoire à travailler sur des sujets centraux, sans se délocaliser en région parisienne.
Les clean techs sont encore à la peine avec deux seules levées. Mais le tempo de ces entreprises est bien spécifique, il conviendra de s’interroger pour savoir si nos outils financiers correspondent à leur business model. L’énergie affiche trois levées. Les entreprises du solaire se financent pour partie en crowdfunding, mais opéra- tion par opération, pour remplir les obligations de la Commission de régulation de l’énergie et pour compléter le financement d’une ferme solaire ou d’un champ éolien.
La Côte d’Azur en challenger
La Côte d’Azur fait en 2022 un très beau résultat avec 14 levées réalisées à Nice, Cannes, Grasse et Sophia-Antipolis, donc sur l’ensemble des pôles économiques du département des Alpes-Maritimes. Le Var fait une percée avec deux entreprises qui affichent de beaux tours de table. Marseille recule et fait jeu égal avec Aix en Provence.
Les opérateurs sont comme en 2021 très dispersés. CMA CGM est dans trois tours de table comme le Crédit agricole à travers des structures diverses. BPIFrance, toujours incontournable est présent dans quatre opérations. Des tendances se confirment : la bonne tenue des business-angels et de ce qui est souvent appelé «les financeurs privés.» la tendance repérée en 2021 se confirme. Les business-angels et investisseurs privés sont actifs dans une douzaine de tours de table. Les chefs d’entreprise ont su trouver des investisseurs, hors des sentiers battus, sur la base de leur charisme, de leur business model et pour beaucoup de leur «proof of concept.»
Des fonds internationaux
La deuxième tendance, nous l’avons mentionnée, c’est la capacité à aller chercher des fonds au plan national ou international. Le fondateur de Sophia-Antipolis, Pierre Laffitte avait anticipé ce besoin dès la création de la technopole en faisant visiter régulièrement le pôle azuréen aux VC anglo-saxons. C’était précurseur ! Quelques dizaines d’années plus tard, cette réalité s’inscrit dans les chiffres ! Les opérateurs régionaux tiennent une place importante souvent dans des opérations conjointes qui montrent la capacité d’ingénierie financière et de solidarité territoriale. Région Sud investissement est au rendez-vous pour une vingtaine d‘opérations afin de démultiplier les fonds propres de nos start-up. La tendance chez les chefs d’entreprises est de monter des tours de tables complexes faisant appel à des acteurs qui étaient hors des radars et mobilisant des ressources locales nationales et internationales, des privés comme du public. C’est la réponse des entrepreneurs à la plus grande sélectivité des VC mentionnée par Matthieu Capuono dans son analyse, d’où notre titre : « les chercheurs creusent et trouvent !»
Baromètre régional : le tableau complet des opérations 2022
Source : Baromètre régional des levées de fonds 2022 Région Sud Investissement – Crowe Ficorec – Gomet’ – Webtime Medias
Demain la suite de notre dossier spécial Baromètre des levées de fonds 2022
L’analyse de Matthieu Capuono, directeur associé de Crowe Ficorec
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