2021 : que c’est loin. Le “pass vaccinal” n’a été levé que le 14 mars 2022. Nous étions en pleine pandémie, on parlait alors vaccin, test, pass, etc. et beaucoup moins entreprise ou innovation. Et pourtant, les chiffres que nous publions du baromètre Gomet’ des levées de fonds, montre un résultat de plus d’une trentaine de levées, qui nous fait retrouver des chiffres de 2019. Signe que les entrepreneurs, les chercheurs, n’ont pas levé le pied, mais au contraire ont su saisir cette période improbable, comme un temps de maturation, de construction, et finalement de développement. Cela correspond aussi à l’excellente conjoncture de 2021, certainement alimentée par le “quoi qu’il en coûte” profitable pour l’emploi et les entreprises. C’est la première leçon de ces données : la pandémie n’a pas bloqué l’innovation, elle a certainement favorisé les investissements dans les biotechs.
La moitié des levées se sont bouclées dans la 2e partie de l’année, alors que nos baromètres précédents faisaient plutôt apparaître un bourgeonnement printanier et un rattrapage en fin d’année. Il semble que la 2e partie de l’année 2021 voyait la conjoncture s’améliorer et donc encourager les chefs d’entreprise.
325 millions d’euros investis
Nous titrons “le temps des millionnaires” car 26 des 32 levées de fonds dépassent le million d’euros ce qui est un résultat exceptionnel, les trois sociétés en fin de classement affichant néanmoins des scores respectables de 400 000 à 780 000 euros. Au total nous avons comptabilisé en 2021 plus de 325 millions euros investis dans les entreprises du territoire métropolitain. Comme l’indique dans son entretien le directeur de Région Sud Invest, Pierre Joubert, les dossiers sont à maturité et il s’agit souvent d’un deuxième tour de table, ou pour les leaders du palmarès d’un troisième. Ces engagements des financeurs, ciblés sur des entreprises plus mûres, confirment que l’écosystème métropolitain, des pépinières, des incubateurs, des consultants, des pôles de compétitivité permet aux start-up de dépasser le stade de la Poc, la preuve de concept, comme l’indique Matthieu Capuono, et de chercher des financements pour une première commercialisation, ou une première fabrication.
Un podium solide
Premier investisseur de notre palmarès, Région Sud investissement confirme qu’il joue pleinement son rôle en abondant les entreprises ayant déjà mobilisé une partie du tour de table. RSI est co-investisseur sur plus de la moitié du palmarès.
Tertium a bouclé deux tours de table significatifs plus un en dehors de la région Sud.
Les business angels, qu’ils interviennent en nom propre, individuellement, ou collectivement à travers leurs clubs ou leurs regroupements thématiques jouent un rôle tout à fait significatif, puisqu’ils dépassent une dizaine d’interventions. Ils ont un rôle déclencheur qui permet d’aller chercher d’autres financements et de conclure des tours de table ambitieux.
Le Crédit Agricole et ses outils, Sofipaca et Cap création, est le premier établissement bancaire présent sur ce créneau du financement du haut de bilan. BPI France intervient sur trois tours de table mais, est certainement plus actif en crédit, car une augmentation du capital, l’entrée de nouveaux actionnaires, le renforcement des fonds propres confortent la capacité d’endettement de l’entreprise et donc la possibilité pour elle de solliciter les outils de BPI France.
Santé et numérique toujours en tête
Le classement par secteur place toujours en tête la santé avec une dizaine de sociétés. Cette dernière appellation est élargie puisqu’il s’agit souvent d’activités se modernisant avec les outils numériques.
L’environnement qui avait du mal à financer ses pépites émerge dans le classement avec quatre sociétés dans les cleantech (1) et deux dans les énergies renouvelables.
Marseille ville high-tech
“N’en déplaise aux jeteurs de sorts”, comme le chante Georges Brassens, Marseille est bien la métropole innovante et tient son rôle de capitale : 18 des sociétés financées sont basées sur le territoire phocéen soit plus de la moitié du panel. Santé, numérique et logistique tiennent le haut du pavé. Mais plus important encore la répartition sur le territoire marseillais est tout à fait équilibrée. Des entreprises sont attirées vers le centre de la ville, le 1er, le 6e grâce aux pépinières et incubateurs, celles qui ont des besoins de fabrication vers le 15e. Les entreprises du secteur de la santé sont orientées vers le sud, soit dans la proximité de la faculté de médecine et de l’Assistance publique, soit à Luminy avec ses laboratoires de pointe.
Aix-en-Provence est le 2e pôle avec six sociétés dont trois localisées sur l’Arbois. Les thématiques y sont diverses : santé, énergie, numérique, clean tech. Deux autres cités sortent du lot : Venelles et La Ciotat avec chacune deux entreprises.
(1) Selon BPI France : la cleantech regroupe « de nouvelles technologies et des modèles commerciaux connexes qui offrent des rendements compétitifs aux investisseurs et aux clients tout en apportant des solutions aux défis mondiaux ». Une distinction est faite entre les technologies vertes utilisées en bout de chaîne avec des rendements limités et les technologies propres, qui s’attaquent aux racines des problèmes écologiques. Ces dernières sont au minimum égales aux technologies couramment utilisées. Aujourd’hui, les activités de la cleantech concernent principalement les secteurs énergétiques, de l’agriculture, du traitement des déchets ou de la mobilité.
DOSSIER : le baromètre des levées de fonds 2021 Crowe Ficorec – Région Sud Investissement
« La pandémie, la guerre, l’inflation dérégulent notre économie »(Alain Lacroix)
« Nous privilégions le financement de l’industrie et du plan climat » (Pierre Joubert, RSI)
[Analyse] 2021 : une belle année pour les levées de fonds sur notre territoire (Matthieu Capuono, Crowe Ficorec)
Baromètre des levées de fonds 2021 : le temps des millionnaires !