Est-ce parce qu’il exprime aussi bien la paix que la profondeur des sentiments que le bleu est l’une des couleurs les plus appréciées au monde ? Il sert en tout cas de fil… rouge au Château Borély – Musée des arts décoratifs, de la faïence et de la mode de Marseille pour dévoiler quelques pièces de ses collections. Après Simplement jaune en 2022, voici Infiniment bleu !
Au fil de ce parcours thématique, les visiteurs découvrent des œuvres issues des collections du musée, enrichies de prêts du Musée Grobet-Labadié et du Musée des Beaux-Arts de Marseille. L’accrochage est parfois audacieux comme celui de la vitrine éphémère dans le grand salon qui accueille le public et où sont présentés des portraits de jeunes femmes du XVIIIe siècle de Pierre Bernard (1769), un corset du XVIIIe siècle, une robe de cocktail Givenchy de 1957, ou encore une paire d’escarpins signée Cyd Jouny et un impressionnant plastron (voir la photo ci-dessus).
Le département Mode est le grand gagnant de cette exposition avec plus d’une cinquantaine de silhouettes sur les 8 000 pièces détenues. Un patrimoine exceptionnel qui mériterait plus d’exhibitions mais le textile, comme le dessin, est de nature fragile et supporte mal des expositions prolongées. Un renouvellement des pièces textiles est prévu à partir de la mi-septembre 2025 : l’ensemble cape et robe de Loris Azzaro présenté dans la chapelle du château en fait partie.
Ici, les grands noms légendaires tels que Chanel, Schiaparelli, Lanvin, Courrèges, Alaïa, Balenciaga, côtoient les jeunes talents marseillais et méditerranéens, lauréats du Fonds de dotation Maison Mode Méditerranée. La toile denim, qui prend le nom de “jeans” dans les années 30, a inspiré les plus grands dans les années 70, puis, chaque génération suivante comme l’ensemble caban pantalon de la collection 2002-2003 de la Marseillaise Fred Sathal.
Le bleu Deck et autres céramiques
Obtenu à partir du cobalt, le bleu est également présent dans les faïences dont la palette de couleurs du décor dit à grand feu est limitée en raison de la cuisson à très haute température. Le bleu est alors “l’ambassadeur” de l’art de la table française, sous Louis XIV, mais sera évincé au XVIIIe siècle par la cuisson à petit feu et sa gamme de couleurs élargie. Ici, quelques grandes pièces sont présentées et notamment les plats de la fabrique Pierre Clérissy à Moutiers. À l’étage, si la salle dédiée à Théodore Deck, figure majeure du XIXe siècle et inventeur du fameux « bleu Deck » inspiré des céramiques d’Iznik est permanente, la scénographie qui magnifie ce turquoise éclatant s’inscrit tout à fait dans ce voyage chromatique. Et pour faire escale au XXIe siècle, le service signé de l’artiste contemporaine Françoise Pétrovitch se découvre dans la galerie Mode.
Informations pratiques :
Infiniment Bleu, jusqu’au 15 février 2026 au Château Borély – Musée des arts décoratifs, de la faïence et de la mode 132 avenue Clot-Bey, Marseille 8e
Entrée gratuite