En décembre 2020, La Méridionale faisait un choix stratégique en se redéployant vers le Maroc et particulièrement vers Tanger. Suite aux épisodes de la délégation de lignes corses, la compagnie du groupe Stef relevait le défi de relancer une ligne maritime régulière vers Tanger. Nous avions alors explicité les enjeux de cette liaison pour le port, pour la Méditerranée, pour le business du couloir rhodanien.
Mais chacun a en tête l’agenda qui a suivi un démarrage que La Méridionale jugeait prometteur. Concomitamment ou alternativement, Tanger et Marseille se sont confinés face au Covid bloquant tout espoir d’une ligne cadencée séduisant à la fois des passagers et des chargeurs. Le 15 juin dernier avec les levées de restriction, La Méridionale annonçait la remise en service du deuxième navire sur la ligne, le Girolata. Pour les lecteurs de Gomet’, Benoît Dehaye, directeur général et CEO de la compagnie fait le point sur cette ligne chahutée depuis 10 mois.
« Le marché existe, réaffirme Benoît Dehaye, les volumes transitent par Algésiras à raison de 350 000 remorques par an, alors que notre modèle réduit de 50% les gaz à effet de serre pour un même trajet ». Les deux navires mobilisés par La Méridionale sont adaptés à une offre disruptive : le ro-pax Girolata peut embarquer 716 passagers, dans 196 cabines privatives, 200 véhicules et 140 remorques, le Pélagos 340 passagers 200 véhicules et 170 remorques.
Mais la clef du marché est d’offrir une desserte régulière, hiver comme été, sûre et rapide : la traversée dure 38 à 40 heures contre 50 heures.
Avec l’arrivée de la pandémie, la compagnie a réduit la rotation à un seul navire, mais a maintenu une offre hebdomadaire. La Méridionale a assuré à la demande du Quai d’Orsay le retour de Français et Européens du Maroc vers la France avec chaque fois 400 à 500 passagers. « Notre détermination à tenir a été saluée par nos partenaires marocains qui croyaient que nous ferions juste un essai éphémère. » Échaudés par la CMA CGM qui n’avait tenu que trois mois, les observateurs attendaient des preuves de cette détermination. Mais ce maintien a un coût et Benoît Dehaye espère une aide de l’État français pour maintenir ce choix industriel : la liaison emploie environ 250 personnes.