Le siège d’Airbus Helicopters (CA 2022 : 7 milliards d’euros), installé à Marignane, pourrait bien entrer dans une nouvelle ère. « Nous souhaitons investir 400 millions d’euros et embaucher 4000 personnes dans les quatre prochaines années », a annoncé Pascal Kuhn, le nouveau directeur du site, jeudi 22 juin, à Marseille, lors du bilan de mi-mandat organisé par la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence, Martine Vassal.
Auparavant directeur des ressources humaines, Pascal Kuhn, ingénieur de formation, spécialiste de l’industrie automobile passé notamment par Peugeot (1990-1994) et Mercedes-Benz (1996-2014), vient de prendre ses nouvelles fonctions au sein de l’entreprise aéronautique. À la tête du siège marignanais d’Airbus Helicopters (8500 salariés permanents) depuis le 1er juin, il remplace Laurent Vergely, qui était en poste depuis 2017.
La taille du site peut devenir un atout en matière de compétitivité
Pascal Kuhn
Pascal Kuhn veut donner une nouvelle jeunesse à la manufacture de Marignane, vieille de 80 ans, qu’il qualifie aujourd’hui de « mammouth ». Pour autant, il n’envisage pas de réduire la taille (24.000 m²) du troisième site industriel français – une décision qui entraînerait une chute des effectifs. « On va investir pour rénover le site, le moderniser, et faire le pari que la taille, qui semble être un inconvénient, peut devenir un atout en matière de compétitivité ».
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Rencontré à l’issue de sa prise de parole publique, Pascal Kuhn clarifie ses déclarations : « 400 millions d’euros, c’est un besoin pour moderniser le site, sans quoi il est sans doute condamné à péricliter. On est en train de boucler les plans de subventions ». Le directeur de l’usine locale de fabrication d’hélicoptères (80% d’export) compte sur l’appui du secteur public. Il espère particulièrement bénéficier d’un soutien de l’État dans le cadre du plan France 2030, « avec des relais d’investissements ».
Un nouveau visage pour le site Airbus à Marignane
Que pourraient financer alors ces 400 millions d’euros à Marignane ? « On a 160 bâtiments, on va en raser 25 et on va en reconstruire 15 », nous répond le directeur. Autre chantier d’envergure : réduire l’empreinte environnementale du site, et les nuisances, notamment sonores. Reste à savoir quoi faire des « 8000 places de parkings devant l’usine » ; elles représentent aujourd’hui un casse-tête pour Pascal Kuhn.
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L’ex-directeur des RH se passerait bien d’une telle « surface bétonnée », dédiée aux voitures qui plus est. « Ce n’est pas très écologique », remarque-t-il. Et pour le moment, Pascal Kuhn concède ne pas avoir la solution. Il appelle la Métropole, compétente sur la mobilité, à multiplier localement les alternatives à la voiture. « Le BHNS, c’est un élément de réponse, le téléphérique également (…) Il y a de belles idées à concrétiser ».
Nous ne sommes pas attractifs pour les étrangers
Pascal Kuhn
L’accès à la zone est un paramètre crucial, pour Airbus Helicopters, dans l’optique d’attirer de nouveaux talents – 4000 embauches prévues d’ici 2027. Mais il faudrait également, selon Pascal Kuhn, que les collectivités et enseignants promeuvent davantage l’image de l’industrie locale. « Nous ne sommes pas attractifs pour les étrangers », constate le directeur, et d’ajouter : « Notre recrutement est beaucoup trop localisé en Provence ». Il garde toutefois bon espoir que l’industrie tricolore attire davantage de jeunes dans les années à venir.
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