Difficile de ne pas être happé par l’énergie du lieu. À la veille du lancement des WorldSkills, la plus grande compétition nationale des métiers, le Palais des Sports de Marseille vibrait, mercredi soir, au rythme des délégations venues de toute la France. Dès l’entrée, les supporters se repèrent facilement à leurs tenues officielles, drapeaux régionaux à la main. Les cris fusent, les capos donnent le ton, la musique s’élève : la ferveur gagne progressivement les gradins. Chacune des équipes se répond, trompettes et holà à l’appui, dans une ambiance bon enfant.
L’attente se fait longue, mais le public ne faiblit pas. Lorsque l’animatrice de la soirée, Nathalie Schraen-Guirma, fait enfin son entrée, la salle est déjà bouillonnante. Elle prend place sur la scène circulaire dressée au centre du Palais — un espace qui a tour à tour accueilli boxeurs, athlètes ou artistes, et qui ce soir se transforme en véritable arène de la jeunesse. « Est-ce que vous êtes chauds ? », lance-t-elle. L’écho est immédiat. Marie Rigaud, directrice artistique des WorldSkills, la rejoint pour donner le ton : une cérémonie « de passion et de ferveur, comme nos champions », dit-elle, marquée par la présence des chœurs de la Garde républicaine. Une manière, selon elle, d’honorer « une compétition guidée par l’excellence ».
14 régions françaises représentées aux WorldSkills 2025
Le défilé des délégations s’ouvre avec l’équipe internationale, suivie de l’équipe de France des Euroskills 2025, puis des experts et leurs adjoints. Mais c’est lorsque les équipes régionales prennent possession de la scène que la couleur est annoncée. « Força squadra Corsa ! » scande l’équipe corse, la plus petite délégation, saluée par les applaudissements des autres régions. « Team per-for-ance, team ex-cellence, team Hauts-de-France ! », s’exclament les nordistes tandis que les Réunionnais font résonner leur créole. Ainsi de suite… Chaque territoire affiche sa personnalité, son accent, sa culture, ses racines.
Puis vient le moment que tout le monde attend : la Région Sud entre en scène, portée par les chants et les cris. « À domicile pour dominer, à domicile pour s’imposer, à domicile pour triompher ! » chantent les Provençaux en chœur, avant d’enflammer la salle d’un « Aux armes » revisité : « Nous sommes les Provençaux, et nous allons gagner ! ».La scène tremble sous leurs pas, la présentatrice peine même à reprendre. Une fois l’équipe installée. Un message vidéo de Soprano, icône locale qui regrette de ne pas être présent à ces « JO des métiers », est diffusé : « N’oubliez pas que tout est possible. »
Place ensuite à Cloé Lemaréchal, ancienne championne du monde dans les métiers de la mode et de la création. « Imaginez-vous sur un quai de gare, attendant un train. Vous savez qu’il y aura des moments d’inconfort, mais soit vous montez et vous saisissez votre chance, soit vous la laissez passer ! », lance-t-elle à une salle suspendue à ses mots. Aujourd’hui couturière première main chez Chanel, elle conclut : « Soyez acteurs de cette scène ! »
« Que le meilleur gagne, surtout s’il est du Sud »
Puis vient le moment des discours officiels. Florence Poivet, présidente de WorldSkills France, monte sur scène : « Nous sommes tous là pour vous fêter », adresse-t-elle aux participants, avant de saluer le soutien du président de la République. Quelques huées montent des tribunes, auxquelles elle répond fermement : « C’est grâce à lui tout ça, alors oui, on va écouter ce message et l’accueillir avec respect. » La Marseillaise retentit, reprise d’une seule voix par le public debout.
Après le serment des compétiteurs, Florence Poivet appelle deux invités de marque : Renaud Muselier, président de la Région Sud, et Patrick Martin, président du Medef. « On ne salue jamais assez la jeunesse qui s’engage », souligne Patrick Martin. Renaud Muselier, lui, savoure l’ambiance : « Que le meilleur gagne… surtout s’il est du Sud ! », plaisante-t-il, avant de déclarer officiellement ouvertes les 48ᵉ WorldSkills.
À la sortie, les participants des WorldSkills plutôt sereins
Dans les couloirs, les visages trahissent un mélange d’impatience et de sérénité. Delphine Baligand, jurée en art floral pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes, résume l’état d’esprit général : « Il y avait une très bonne ambiance. Les jeunes étaient super heureux. On a hâte que ça commence pour mon élève, qu’il donne son meilleur et, pourquoi pas, décrocher une médaille. »
« Comme d’habitude, une cérémonie haute en couleur, pleine d’émotion. Tout ça pour lancer nos jeunes et nos candidats dans la compétition. C’est quelque chose de fou », confie Carl Bodevin, juré de Nouvelle-Aquitaine, encore porté par l’ambiance. Son collègue, Axel Marolleau, confirme : « Pas stressé, hâte de débuter, hâte d’en découdre après tous ces mois d’entraînement. Ça va dérouler, ça va bien se passer. »
Même sentiment chez les participants. « La cérémonie met dans l’ambiance, elle met dans le bain. On sent qu’il y a beaucoup de motivation à travers les équipes. Je ne suis pas quelqu’un de stressé, mais il y a quand même une certaine pression dans l’air », confie Mehdi Touzot, tailleur de pierre pour la Région Bourgogne-Franche-Comté.
Lien utiles
> WorldSkills 2025 à Marseille, le mode d’emploi
> WorldSkills 2025 : la Région Sud mobilisée pour les « JO » de la jeunesse et des métiers