Vent d’inquiétude et de colère chez les armateurs français depuis l’adoption et la promulgation, le 28 février, de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, qui limite désormais les exonérations de charges sociales hors Enim (1), c’est-à-dire essentiellement les allocations familiales et l’assurance chômage, aux seuls armateurs de navires à passagers, de câbliers et de service aux énergies marines renouvelables.
Et pour les autres, c’est-à-dire tout ce qui constitue la flotte marchande, navires de services et autres transports de fret ? « Cette mesure menace directement la survie économique de nombreuses entreprises, déstabilise un secteur stratégique, met en péril des milliers d’emplois français et aura une incidence sur les élèves en formation, en particulier issus de l’École nationale supérieure maritime (ENSM), dont l’objectif est le doublement de ses effectifs d’ici à 2027 », dénonce dans un communiqué le Comité marseillais des armateurs de France (CMAF), qui lance un « cri d’alarme ».
Une loi de 2016 pour défendre la compétitivité des armateurs
« Depuis 2016 et la loi d’économie bleue, ces exonérations patronales ont permis aux armateurs français de maintenir leur compétitivité face à une concurrence internationale accrue », rappelle le CMAF, qui compte dans ses rangs des poids lourds comme la CMA CGM, Chambon, Corsica Linea, Gazocean, Maritima, Marfret ou encore Ponant. Le Comité Marseillais des Armateurs de France (CMAF) est, depuis 1891, le lieu privilégié de rencontres, concertations et propositions des Armateurs français ayant à Marseille leur siège social ou un siège d’exploitation.
Avec l’adoption du budget 2025, ce sont toutes les entreprises disposant de navires immatriculés au Registre International Français (RIF) ainsi qu’au premier registre qui sont écartées, souligne l’organisation patronale. Des compagnies qui emploient 4 216 gens de mer de nationalité française, dont 3 806 affiliés à l’ENIM. « Il est plus que regrettable de pénaliser des compagnies ayant choisi, depuis huit ans, de favoriser la création d’emplois marins français, tout niveau de qualification », alerte le Comité.
Pour les armateurs, le pavillon français joue sa survie
À l’heure où « la compétitivité du pavillon français est mise en péril », le CMAF, fortement mobilisé sur ce dossier depuis octobre dernier, réaffirme ainsi sa « détermination » à défendre les intérêts de l’emploi maritime national et de la flotte sous pavillon français, « sans distinction », et « appelle une nouvelle fois les pouvoirs publics et l’ensemble des parties prenantes à se mobiliser contre cette suppression d’exonérations, qui menace directement des emplois français et l’avenir de la filière maritime française. »
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Le communiqué du CMAF dans son intégralité
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(1) Etablissement national des invalides de la marine (Enim), le régime de protection sociale des marins professionnels