La Région a tenu sa dernière assemblée plénière de l’année, vendredi 17 décembre. Après avoir détaillé les orientations budgétaires pour la mandature – la Région souhaite investir a minima 600 millions d’euros par an – les élus ont procédé au vote des projets qui seront financés par ce montant. 53 pages pour détailler les six axes prioritaires déjà esquissés (lire notre précédent article.) Sur ces fonds, plusieurs sont issus en partie du national (plan de relance, contrat d’avenir à 5,1 milliards d’euros ), d’autres proviennent de l’Union européenne.
Le président de Région Renaud Muselier envisage ainsi d’obtenir 10 milliards d’euros à Bruxelles, dont « un milliard déjà sécurisés », assure-t-il. Les projets concrets contenus dans ces orientations ont été précisés au cours de longs débats de quatre heures qui se sont tenus dans l’hémicycle régional. Parmi eux, l’adoption d’un plan montagne 2022 d’un montant de 200 millions d’euros, un plan régional de lutte contre les violences faites aux femmes, etc. Tour d’horizon des projets les plus marquants à venir dès 2022.
La Région vote un plan montagne à 200 millions d’euros pour éviter une nouvelle « saison blanche »
40 000 km² : c’est le périmètre que représentent les Alpes françaises. Un territoire important, englobé en grande partie dans la région Provence-Alpes-Côte d’azur. Après la crise sanitaire et alors que la saison 2022 s’ouvre, la Région espère éviter le fiasco de l’hiver dernier : « L’an passé, nous étions prêts à lancer la saison quand on nous a dit de fermer à Noël pour pouvoir rouvrir en février. Résultat, on est restés fermés tout du long », s’agace Renaud Muselier au cours d’une conférence de presse pré-plénière. Afin d’épargner aux professionnels du secteur une nouvelle « saison blanche » comme l’an passé, le président de Région a décidé de doubler le montant du plan montagne (qui était de 100 millions sous la précédente mandature) : 200 millions d’euros pour aider à la fois le tourisme alpin à se relever et pour soutenir les stations de ski qui, cette année encore, subissent des difficultés : clientèle étrangère qui déserte, passe sanitaire, etc. Ce plan sera en partie financé par le Feder (fonds européen de développement régional) mais aussi des fonds issus du contrat national d’avenir (ex-CPER), qui comprend un volet consacré à une convention interrégionale du massif des Alpes. La région a également voté le lancement d’un appel d’offres Contrat stations 2030 pour soutenir les stations des Alpes du Sud dans leur développement touristique. L’objectif est d’aboutir à « une montagne vivante, habitée », souligne Jean-Paul David, le rapporteur du plan montagne. Au delà de la crise sanitaire, la Région entend, avec ce plan, permettre aux stations de s’adapter à la baisse des couvertures neigeuses, qui s’accentue un peu plus chaque année.
La lutte contre les violences faites aux femmes, « grande cause de la mandature »
Cette assemblée plénière a été l’occasion pour le président de Région d’affirmer la lutte contre les violences faites aux femmes comme « grande cause du mandat », à côté du harcèlement scolaire. A l’unanimité, les élus de la majorité et de l’opposition ont adopté un plan régional de lutte contre les violences faites aux femmes visant à renforcer le dispositif d’alerte pour les victimes en améliorant l’accès au téléphone grave danger et en lançant un appel à projet pour soutenir les dispositifs intégrés aux smartphones. Le plan doit permettre également de fournir aux victimes de violences des solutions d’hébergement d’urgence et de leur proposer un accompagnement médical, social et juridique. Les structures chargées de cet accompagnement (au moins une par département) au terme d’un appel d’offre seront labellisées « maisons régionales des femmes ». Enfin, le plan comprend un volet axé sur l’éducation pour « faire de chaque jeune un citoyen engagé dans la lutte contre les violences faites aux femmes ». Des ateliers de riposte verbale et corporelle seront ainsi proposés dès 2022 aux lycéens de la région pour contrer notamment le cyber harcèlement. Enfin, les assises de lutte contre les violences faites aux femmes, telles que celles qui se déroulaient le 25 novembre dernier, continueront de se tenir. Le montant de ce plan n’est toutefois pas spécifié dans le rapport présenté en assemblée plénière, qui précise que ce plan « fera l’objet de délibérations ultérieures »
L’assemblée a également voté une évolution significative – bien que tardive – dans le pass santé jeune avec la création d’un coupon « protections périodiques » d’une valeur de 20 euros pour lutter contre la précarité menstruelle. Le pass santé jeune atteint ainsi une valeur de 455 euros.
Un dispositif pour « lutter contre le complotisme et la désinformation »
« Dans un monde complexe rythmé par des crises majeures, le développement du sentiment de défiance, la perte d’esprit critique et la tentation du repli sur soi constituent de graves dangers pour la démocratie » : c’est ce constat qui a mené la majorité à proposer un plan de lutte contre la désinformation et le complotisme, « dans un contexte d’élection présidentielle et de crise sanitaire », précise Renaud Muselier. Ce plan vise à favoriser l’orientation des jeunes vers les carrières scientifiques et techniques et accompagner leur développement culturel, ainsi que « le débat sur le rôle de la science face aux grands enjeux de société, et, par là même, contribuer à la lutte contre l’obscurantisme », selon les termes du rapport 5. Il comprend ainsi la création d’un réseau « culture science Provence-Alpes-Côte d’azur » rassemblant 180 acteurs régionaux (universités, organismes de recherche, collectivités, musées, etc.). Des appels à projets ont d’ores et déjà été lancé pour soutenir une soixantaine d’initiatives retenues qui seront financées par la Région, dont l’investissement se chiffre à environ 85 000 euros.
« Prudence » avertit toutefois Muriel Fiol, conseillère régionale du groupe d’opposition « Rassemblement national droite populaire et indépendante » (RN, anciennement « Construisons la région de demain »). « La science n’est qu’une vérité du moment, la crise sanitaire nous l’a montré », estime-t-elle. L’opposition s’est ainsi abstenue de voter le rapport.