Éric Ammar, chef d’entreprise dans le textile à Marseille relève que 80 % de ses salariés ne viennent pas de la cité phocéenne et qu’il est donc indispensable de traiter les questions de mobilité à l’échelle métropolitaine ; il y a dit-il « urgence à se coordonner ». D’autant que si tous les candidats parlent de transition écologique, note Véronique Durouchoux, vice-présidente de Sciences Po Alumni, « l’outil est le seul qui soit à l’échelle pour s’attaquer à ses questions est bien l’outil métropolitain. Les citoyens veulent que les problèmes soient résolus, mais le débat d’aujourd’hui ne permet pas de se positionner ». « Il n’y a pas de solutions communales » enchérit Éric Ammar.
Sortir du débat manichéen « pour ou contre la monstropole »
Pour Grégory Vignier, spécialiste des politiques sociales, les enjeux de qualité de vie ne peuvent être traités avec une administration à plusieurs étages. « Un métropolitain sur deux souligne-t-il, n’habite, ni Marseille, ni Aix-en-Provence, d’où l’importance et l’urgence pour l’insertion sociale et la qualité de vie d’un plan de déplacements efficient. » « Nous avons besoin d’une institution supra-communale, affirme l’appel de PMDC, qui développe et gère les compétences supra-communales indispensables à notre qualité de vie. Cette institution ne devra plus s’opposer aux communes, mais devra leur être complémentaire. »
L’appel lancé aux candidats veut sortir du débat manichéen « pour ou contre la monstropole » et invite les futurs élus à abandonner les postures pour se saisir des moyens d’action des conseillers métropolitains. Jean-Pierre Serrus, qui conduisait l’agenda métropolitain des transports (avant d’être écarté par Martine Vassal lorsqu’elle succéda à Jean-Claude Gaudin) a vu tout le travail réalisé sur le plan de déplacements urbains remis en partie en question, souhaite que l’on sorte de ce malentendu « où la métropole est gérée par ceux qui n’en veulent pas et où son assemblée devient un groupe de défense des communes ».
« Il faut prendre un peu de hauteur, sortir du saupoudrage de ce mandat et réunir des gens autour des projets ».
Jacques Pfister
Yves Delafon, président d’Africalink, souligne la nécessité d’une vision métropolitaine de l’action internationale et de l’attractivité du territoire. L’Association pour une métropole des citoyens invite les candidats qui seront sur tous les bulletins de vote des 92 communes à clarifier leur position, à donner la priorité à la mobilité et à orienter les ressources vers les projets communs. « Il faut prendre un peu de hauteur, insiste Jacques Pfister, sortir du saupoudrage de ce mandat et réunir des gens autour des projets ».
L’association considère que cette étape de mars prochain est importante, mais que la structure actuelle, son mode électoral, place les élus face à une injonction paradoxale : défendre leur commune et/ou porter les projets métropolitains, donc renoncer à la redistribution du budget métropolitain vers les communes. « En toute franchise, affirme l’association, nous pensons qu’il faudra aller beaucoup plus loin en dotant au plus vite notre grand territoire des statuts d’une collectivité. Pour cela, notre association milite depuis deux ans pour la fusion du conseil départemental et de la Métropole actuelle afin de donner naissance à une nouvelle Métropole dont les conseillers seraient élus directement par les deux millions de métropolitains lors d’un scrutin de liste. »