Le sondage que nous avons publié, à un peu moins d’un an des élections municipales (mars 2026), atteste d’une opinion marseillaise encore dans l’expectative, très fragmentée et sans doute taraudée par le fait qu’un scrutin local sera immédiatement suivi par une consultation nationale, la présidentielle.
Ce dernier constat explique en partie pourquoi les extrêmes représentées ici par Franck Allisio et Stéphane Ravier (RN et ex-FN et Reconquête) d’une part et Sébastien Delogu (LFI) de l’autre atteignent des scores relativement haut.
L’extrême droite, si l’on additionne les performances d’Allisio et Ravier, dépasse les 30% et reste une menace sérieuse pour la droite républicaine, comme pour le Printemps marseillais. Au-delà du périmètre phocéen, il y va d’un mouvement de fonds que d’aucuns qualifient « d’illibéral ». Il touche aujourd’hui outre les USA, une grande partie de l’Europe comme en témoigne les récentes consultations en Angleterre, Allemagne, Pologne ou encore Roumanie.
L’extrême-gauche ne dépasse pas les 20%, même si l’hypothèse sondagière repose sur une alliance entre les Insoumis et les Ecologistes, qui n’est pas encore entrée dans les faits malgré Marine Tondelier, la leader des verts, qui penche pour une alliance avec Mélenchon. A Marseille, la problématique peut être plus locale que nationale, les écologistes phocéens manifestant régulièrement leur perplexité face à la politique environnementale de Benoît Payan qu’ils jugent timorée voire invisible autant qu’inaudible.
Mais le poids des écologistes ne semble pas peser très lourd à Marseille. Le sondage Ipsos qui teste une autre hypothèse avec une candidature autonome de Sébastien Barles ne le crédite que de 5%.
Autre singularité d’une partie du sondage celle qui suppose que le professeur Frédéric Collart, soutenu par Renaissance, le Modem, l’UDI et Horizons serait présent sans la participation de Martine Vassal. Le cardiologue serait relégué à huit points du maire sortant (20% contre 28%). Un score honorable pour un candidat inconnu du grand public. Insuffisant pour faire bouger les lignes il installe cependant l’idée qu’un positionnement centriste séduit encore une frange non négligeable de Marseillais. Certains à partir de ces données peuvent être tentés par l’idée d’un rassemblement qui élargirait le spectre de l’actuel Printemps Marseillais.
Payan – Vassal : un duel qui se resserre
Plus crédible la confrontation entre Benoît Payan et Martine Vassal. Le maire sortant n’a là que deux points d’avance (26% contre 24%) sur sa concurrente ce qui fait entrer le duel dans la fameuse marge d’erreur des 2% et qui plonge le rendez-vous de 2026 dans la plus parfaite incertitude. On notera que dans ce cas de figure Allisio et Ravier (19 et 15%) caracolent en tête avec plus de 30% des intentions de vote ce qui confirme l’assise persistante de l’extrême droite malgré les déboires judiciaires de Marine Le Pen.
La fragmentation politique dans l’opinion publique s’illustre par deux questions sur l’état de satisfaction des Marseillais. L’une générale concerne le sentiment optimiste ou pessimiste pour l’avenir de la Ville (50/50), l’autre relative à l’aide de l’Etat dans le cadre du plan Marseille en grand (50/39). Sur les deux items, les habitants sont très partagés et cela se traduit dans leurs intentions de vote.
Une seule chose est sûre à la lecture de ces chiffres livrés par l’Ipsos après une commande de Marseille à cœur (le mouvement de Frédéric Collart), 2026 sera une année difficile pour les bookmakers du Vieux-Port, sans parler d’une réforme éventuelle de la loi PLM qui pourrait rebattre les cartes. Un, il faudra compter sur des paramètres nationaux qui fixeront ou non l’opinion marseillaise. Deux, le jeu des alliances sera déterminant à gauche comme à droite. Trois, la fin du règne d’Emmanuel Macron perturbera sans doute le scrutin municipal en raison des choix que chaque camp devra exprimer bien avant 2027. Les parieurs n’ont qu’une certitude : les jeux ne sont pas faits.
Lien utile :
L’actualité politique à suivre dans notre rubrique