L’avenir de Marseille se jouera-t-il au Nord ? Ce postulat, beaucoup l’avaient posé dès avant le premier tour des élections municipales. A la veille du second tour, il est plus que jamais d’actualité alors que les 7e et 8e secteurs enverront respectivement 16 et 12 conseillers à la mairie centrale. Lors du dépôt des listes de second tour, qui a eu lieu le mardi 2 juin, c’est l’attitude des élus communistes qui a posé question, sur fond d’enjeux croisés.
Un retrait du candidat Jérémy Bacchi qui ne fait pas l’unanimité dans le 13-14
En tant que secteur envoyant le plus de candidat à la mairie centrale, le 13-14 est une zone électorale clé pour qui veut prétendre au fauteuil de maire de la cité phocéenne. Or depuis 2014, ce secteur se trouve dans le giron du RN, qui avait alors mis à profit une triangulaire où il avait devancé d’une courte tête la droite et la gauche. Or c’est au prétexte de ne pas répéter cette histoire que le candidat du Printemps marseillais, Jérémy Bacchi, a décidé de retirer sa liste.
Arrivé troisième du premier tour avec 15,57 %, celui qui est secrétaire départemental du PCF avait pourtant les cartes en main pour se maintenir. Toutefois, il avait annoncé dès le lendemain du premier tour sa volonté de se désister « pour faire barrage à l’extrême-droite ». Un temps, fin mai, le Printemps marseillais a semblé vouloir revenir sur cette décision, sans succès toutefois. Pour Florence Masse (PS), numéro 2 sur la liste de Jérémy Bacchi, la pilule a été dure à avaler.« Sacrifier notre secteur pour des manœuvres politiques » : c’est ainsi qu’elle juge la décision de Jérémy Bacchi, dans un communiqué diffusé via Twitter le 2 juin, alors qu’elle avait déclaré un peu plus tôt : « à secteur exceptionnel, accord exceptionnel ».
Elle a dénoncé un « accord avec le système Gaudin – Vassal au détriment des habitants du 13/14 ». Contacté par Gomet’, Jean-Marc Coppola, candidat PCF du Printemps marseillais dans le 15-16, balaye ces accusations. « Que la personne qui avance ces accusations montre des preuves » dit-il, agacé, rappelant que « la priorité absolue est le combat contre le maire sortant d’extrême-droite ». Désormais, la porte est grande ouverte pour le candidat LR David Galtier, arrivé second du premier tour avec 18,21 % des voix. Il devra néanmoins battre Stéphane Ravier, qui capitalisera sur 33,48 % des suffrages acquis au premier tour.
Dans le 15-16, Jean-Marc Coppola à l’assaut de la citadelle de Samia Ghali
Dans un rôle de candidate DVG à la mairie de Marseille, Samia Ghali (ex-PS) ressemble fort à l’électron libre de cette élection. Maire du 15-16 de 2014 à 2017, elle est y arrivée en tête du premier tour avec 25,84 % des suffrages, devant la candidate RN Sophie Grech (22,17 %). Au nom de la lutte contre l’extrême-droite, la sénatrice des Bouches-du-Rhône espérait pouvoir compter sur le désistement des autres candidats, de droite comme de gauche.
Si Moussa Maaskri, tête de liste de Martine Vassal dans ce secteur, a effectivement annoncé son retrait au lendemain du premier tour après avoir obtenu un score trop faible pour prétendre à la victoire (13,69 %), le candidat du Printemps marseillais a quant à lui opté pour une attitude différente. Arrivé troisième avec 19,16 % des voix, le conseiller municipal PCF Jean-Marc Coppola a décidé de maintenir sa liste face à Mme Ghali. « Il faut offrir un avenir aux habitants du 15-16 » considère-t-il, pointant « l’inaction » de la maire de secteur sortante.
« Irresponsable », « inconsciente » : ce sont les mots employés par Samia Ghali pour qualifier cette candidature dans un communiqué diffusé sur Twitter le 2 juin, qui précipite le 15-16 dans une triangulaire incertaine. depuis la candidate est restée silencieuse refusant les interviews. Elle bénéficie du soutien de la liste Debout Marseille (EELV)L Le député LREM, Saïd Ahamada, joint par Gomet’ vendredi 26 juin, ne donne pas de consignes mais appelle d’abord à voter « pour faire barrage à l’extrême droite. »
Dans un secteur où le parti communiste est bien implanté, Jean-Marc Coppola tentera néanmoins de rapporter des sièges importants au Printemps marseillais, qui pourraient bien décider de la couleur politique du futur maire de Marseille. A l’inverse de Jérémy Bacchi dans le 13-14, c’est le pari qu’il s’est fixé. A double-tranchant.
Lien utile :
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