« Chaque année, environ un tiers des productions agricoles et alimentaires sont perdues. Pourtant, elles représentent un énorme potentiel », explique à Gomet’ Elise Odinot, ingénieur agronome à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Aujourd’hui, elle est directrice générale de la start-up marseillaise Oleoinnov qui a développé un procédé de transformation des résidus de colza en produits valorisables dans l’industrie textile et cosmétique. Née en 2019, l’entreprise est le résultat de six années de recherches en collaboration avec le laboratoire de biodiversité et biotechnologie fongique de Luminy et l’institut Terres Inovia. Avec ses deux associés, Anne Lomascolo et Frédéric Fine, Elise Odinot a découvert un champignon capable de digérer les tourteaux de colza, déchets issus de l’extraction d’huile de la plante. Mieux, en se développant, le champignon produit en grande quantité une enzyme aux pouvoirs blanchissants sur les toiles de jean. « Nous travaillons avec un gros fabricant français de jean qui utilise notre enzyme pour décolorer ses pantalons. Les tests sont concluants et on va s’élargir à d’autres industriels », annonce la dirigeante. Il s’agit du premier débouché commercial découvert par Oleoinnov qui en explore d’autres dans le secteur cosmétique.
Oleoinnov fabrique un antioxydant à partir des résidus de colza
Les tourteaux de colza contiennent de la sinapine, une molécule phénolique intervenant dans la synthèse du canolol, un antioxydant lipophile aux propriétés anti-inflammatoires et anti-cancérigènes. Oleoinnov a déposé un brevet sur une technologie capable de surproduire du canolol à partir de la sinapine des tourteaux de colza. L’objectif est maintenant de vendre ce canolol à des fabricants de produits cosmétiques. « Nous avons plusieurs contacts intéressants qui doivent nous permettre de passer à la phase industrielle du projet », indique Elise Odinnot.
Une levée de fonds pour financer sa première usine
Installée pour le moment sur le campus de l’Inrae à Luminy, Oleoinnov cherche un nouveau lieu pour installer sa future usine de production « idéalement à Marseille et ses alentours », précise la directrice de la société. Parallèlement, pour financer ce projet, elle se lance dans une levée de fonds d’un million d’euros auprès de fonds d’investissements régionaux et nationaux. Oleoinnov prévoit de boucler ce premier tour de table d’ici la fin de l’année. En attendant, la start-up a décroché un financement de 600 000 euros en remportant cet été le concours i-Lab organisé par la Bpi. « Cela va nous permettre d’embaucher une personne supplémentaire en avril prochain et deux à trois personnes d’ici trois ans », avance la patronne de l’entreprise qui compte trois personnes actuellement. Dans son business plan, Oleoinnov vise un premier chiffre d’affaires de 150 000 euros en 2022 pour atteindre, quatre ans plus tard, un million d’euros.
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