A 39 ans, Pierre-Maurice Courtade reprend en main, avec l’ancienne cycliste et désormais commentatrice et consultante sportive Marion Rousse, l’organisation du Tour de La Provence, jusqu’alors propriété du journal éponyme. Ce passionné de vélo explique les raisons de ce choix.
Pourquoi avoir décidé de reprendre le Tour de La Provence ?
Pierre-Maurice Courtade : Les négociations ont commencé pendant le confinement. Je travaille depuis 2018 sur le Tour de la Provence, comme prestataire. La situation sanitaire a accéléré les choses, car le journal La Provence (propriétaire du tour depuis 2015) a dû se recentrer sur ses activités journalistiques. L’idée est que le journal La Provence reste propriétaire du nom de l’événement, mais Marion Rousse et moi-même en devenons les organisateurs et promoteurs. Le processus de passation de ces missions est toujours en cours de réalisation.
Quelle stratégie allez-vous adopter ?
Pierre-Maurice Courtade : C’est la même depuis deux ans que je travaille sur le Tour de La Provence. Notre objectif est d’imposer le tour comme un événement international. L’élément principal est, pour cela, la diffusion télévisée. A ses débuts, le tour de la Provence n’était pas retransmis à la télévision. Par la suite, nous avons conclu un accord avec la chaîne L’Equipe et plus généralement le groupe Amaury Sport Organisation (qui diffuse également le tour de France, ndlr). L’an passé, le tour de La Provence a ainsi été diffusé à la télévision dans 190 pays, dont 162 diffusions en direct, pour un total de 700 millions de foyers touchés dans le monde. Nous avons acquis une renommée nationale, voire européenne et internationale. Par exemple, le vainqueur de l’édition 2019 Nairo Quintana, qui est une star en Colombie, a généré 1,2 million de vues du Tour de la Provence dans son pays. Cependant, le covid-19 rend incertaines nos relations futures avec des pays étrangers comme les États-Unis ou l’Amérique du Sud.
Comment expliquez-vous cet engouement international autour du Tour de la Provence ?
Pierre-Maurice Courtade : Deux raisons expliquent cela. D’abord, nous avons un plateau d’exception qui est quasiment le même que celui du Tour de France, composé des meilleurs coureurs du monde à l’instar de Nairo Quintana. Cela apporte de la crédibilité au Tour de La Provence. On ne sait pas encore qui concourra en 2021, nous attendons le Tour de France pour lancer la phase de négociation. Ensuite, le Tour de La Provence offre à la vue les plus beaux paysages de notre région. Les spectateurs ne regardent pas seulement le vélo, ils regardent aussi le décor. Cela permet de promouvoir le territoire. C’est important que le territoire profite des retombées économiques de l’événement.
Quelles retombées économiques sont attendues pour l’édition 2021 ?
Pierre-Maurice Courtade : Pour l’édition 2021 du Tour de la Provence, en février prochain, nous visons 1,5 million de chiffre d’affaires, dont 70% reversés dans l’économie locale, sans compter les retombées indirectes (2 100 000€ en 2019, ndlr). À nous seuls, avec l’équipe d’organisation de l’événement, nous générons 2500 nuitées dans les hôtels de la région et 5000 couverts en restauration. Il est important que le lieu d’accueil profite des bénéfices de l’événement. L’objectif est de faire du Tour de La Provence une destination touristique à part entière, pour attirer plus de monde et promouvoir le territoire. En ce sens, nous avons entamé des échanges très constructifs avec la Région Sud.
Le trajet emprunté pour l’édition 2021 sera-t-il le même qu’en 2021 ?
Pierre-Maurice Courtade : Nous tenons à travailler avec les villes qui nous font confiance : Aubagne, les Saintes-Maries-de-la-Mer, ou encore La Ciotat. L’arrivée se fera certainement sur le Cours Mirabeau à Aix-en-Provence comme c’est le cas depuis deux ans : cette arrivée spectaculaire en plein centre de la ville est une vraie réussite à chaque fois, qui attire près de 12 000 personnes sur 800 mètres ! Mais il nous faut innover pour ne pas lasser le public, c’est pourquoi nous planchons avec nos équipes sur de nouvelles étapes. On pourrait même envisager, pourquoi pas, de sortir de la Provence si nos partenaires nous le demandent ! Les Alpes-Maritimes par exemple, ou le Var qui est un paradis du vélo.
Le vélo est-il important pour vous ?
Pierre-Maurice Courtade : Le vélo est une de mes passions … Mais paradoxalement je ne le pratique pas ! Quand j’étais jeune, j’ai eu des soucis de santé qui m’ont empêché d’en faire. Pour compenser, je collectionnais les maillots de vélo. Puis, très tôt, j’ai décidé d’en faire mon métier en intégrant comme consultant l’équipe cycliste Française des Jeux en 2003. J’ai ensuite parcouru tous les métiers du vélo, jusqu’à travailler pour le Tour de La Provence à partir de 2018. Je possède également le Tour de Savoie.
Selon vous, en quoi le Tour de La Provence permet-il de promouvoir l’usage du vélo ?
Pierre-Maurice Courtade : C’est un sujet de plus en plus d’actualité, avec l’écologie et le retour à la pratique du sport observé pendant le confinement. Le Tour de La Provence permet de rêver, de donner envie de faire du vélo. D’ailleurs, nous avons pour projet d’utiliser la notoriété du Tour de La Provence à des fins de promotion du vélo comme mobilité douce, mais il est encore trop tôt pour dévoiler ces projets.
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