Le constat de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse est sans appel. À l’aube d’un été qui s’annonce une nouvelle fois très chaud, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur connaît un déficit des ressources en eau. Au total, plus de 35 millions m³ d’eau manquent dans les bassins versants et les nappes souterraines du territoire. Un volume pourtant nécessaire « pour satisfaire l’ensemble des usages sur ces territoires et laisser un débit suffisant dans les rivières pour préserver la qualité de l’eau et la vie biologique », explique l’Agence.
Provence Alpes Côte d’Azur : gare à l’inaction
« La ressource en eau est relativement abondante en Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais très inégalement répartie. Les 2/3 proviennent du système Durance-Verdon qui fournit les secteurs moins dotés comme le littoral (Marseille, Toulon) grâce aux grands aménagements hydrauliques, tel que le canal de Provence. Mais ils ne peuvent suffire à satisfaire en permanence l’ensemble des besoins en eau. En cas d’inaction, avec le dérèglement climatique et la croissance démographique (d’ici 2030, une augmentation de la population de 500 à 600 000 habitants est prévue – source INSEE), les situations de crise vont se multiplier. A l’horizon 2050-2070, le débit moyen des principales rivières de France devrait diminuer d’au moins 10 à 40 % ». (Source : Agence de l’eau)
Pour rappel, en 2020, cinq des six départements de la région avaient pris des arrêtés sécheresse. Tous les usagers sont invités par l’Agence de l’eau à économiser l’eau, ou à la partager, dans la mesure du possible. Des solutions existent.
Comment éviter la crise de l’eau en Paca ?
Pour traverser la période estivale dans les meilleures conditions possibles, l’Agence de l’eau a organisé en début de semaine une journée d’échange sur le partage de cette ressource. Le temps de quelques heures, pas moins de 200 participants (collectivités, représentants du monde agricole et économique) ont d’abord dresser le bilan, puis ont formulé des propositions, et des solutions pour notre région. Pour satisfaire l’ensemble des usages sur ces territoires et laisser un débit suffisant dans les rivières, des projets de gestion de la ressource en eau (PGRE) doivent être engagés.
« L’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse est un établissement public du ministère de l’environnement, dédié à la préservation de l’eau. Elle perçoit l’impôt sur l’eau payé par tous les usagers. Chaque euro collecté est réinvesti auprès des collectivités, acteurs économiques et agricoles pour lutter contre les pollutions et mieux utiliser l’eau disponible, à travers un programme pluriannuel d’intervention. Par ailleurs, l’agence de l’eau organise la concertation avec les acteurs locaux, produit et diffuse la connaissance sur l’eau. » (Source : eaurmc.fr)
Les projets de gestion de la ressource en eau « visent à garantir un partage équilibré entre les besoins des différents usages (eau potable, irrigation, industrie…) tout en laissant un volume d’eau suffisant dans les rivières et les nappes pour leur bon fonctionnement et leur bon équilibre », renseigne l’agence de l’eau dans un communiqué. La région compte désormais 19 plans de gestion de la ressource en eau, déjà adoptés ou en cours d’adoption, sur les 21 à élaborer pour combler le manque.
Un effort payant puisqu’au cours des dix dernières années, les économies d’eau dans le bassin Rhône-Méditerranée ont atteint 347 mm³/an, ce qui correspond à un tiers des prélèvements annuels pour l’eau potable de la région. « L’enjeu est maintenant de desserrer collectivement les tensions et d’identifier les marges de manœuvre pour un partage équilibré de la ressource, dans le respect du bon fonctionnement des milieux aquatiques », indique Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.
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