Alors que le tribunal de commerce de Paris a officiellement validé le 23 juin dernier le protocole de conciliation de restructuration du groupe, les salariés de la Cnim à la Seyne-sur-Mer restent inquiets : « Les conditions imposées sont extrêmement exigeantes et ont été aggravées par la crise sanitaire », estime Jean-Pierre Polidori, délégué Force Ouvrière du groupe, interrogé par Gomet’.
Il estime que le prêt accordé par la BPI et les banques de 44 millions d’euros reste insuffisant avec des conditions inadaptées aux capacités de l’entreprise : « C’est simple. Le taux d’intérêt est de 6% à rembourser dans un an. En moyenne, Cnim réalise 30 millions de bénéfices annuels. On ne pourra donc jamais s’acquitter de cette dette », prévient-il. Il lance donc un nouvel appel à l’aide au gouvernement.
Une participation au capital et un prêt de 50 millions d’euros
Le syndicat majoritaire a revu ses revendications à la baisse depuis le mois de mai. Alors qu’il demandait une aide de 100 millions d’euros pour traverser la crise, Force Ouvrière estime aujourd’hui qu’un prêt de 50 millions d’euros « se substituant à celui des banques et de la BPI sur 5 à 10 ans doit donner le temps nécessaire pour le redressement économique de CNIM », avance son représentant. Il maintient par contre sa demande de prise de participation de l’Etat au capital de Cnim pour pérenniser le groupe.
Aux côtés du secrétaire général FO métaux, Frédéric Homez, Jean-Pierre Polidori a récemment rencontré le délégué interministériel aux restructurations, Marc Glita, à Bercy : « Ils nous a écouté et n’a pas opposé de fin de non-recevoir. On a donc toujours espoir d’obtenir gain de cause », assure Jean-pierre Polidori. Le gouvernement leur a indiqué qu’il étudierait le dossier Cnim tout au long de l’été et leur a donné rendez-vous pour un nouveau rendez-vous à la fin de l’été. D’ici là, les premiers noms des potentiels investisseurs intéressés pour reprendre l’activité devraient commencer à sortir. « On devrait recevoir les premières lettres d’intentions à partir du mois de septembre », estime-t-il.
FO refuse de voir partir le savoir-faire de Cnim
La grande peur des salariés de Cnim reste le démantèlement du groupe. « Nous ne sommes pas contre l’arrivée de nouveaux investisseurs mais il faut que l’entreprise conserve son unité et ne soit pas vendue à la découpe », insiste le délégué FO. Idéalement, il voudrait que l’actionnaire actuel reste majoritaire avec une participation de l’Etat qui assurerait le maintien des emplois et de l’activité. « Mais il existe plusieurs grands acteurs français qui pourraient venir s’adosser à la structure pour profiter de notre savoir-faire. Vinci, par exemple, bien placé sur le génie civil pourrait profiter pleinement de la complémentarité de nos divisions innovation de services et environnement », estime-t-il.
Par contre, il met en garde contre une cession même partielle à un groupe asiatique : « On ne veut pas de Chinois car ce serait à coup sûr laisser partir un savoir-faire stratégique avec des conséquences sociales terribles », alerte-t-il. Si pour l’instant la gréve n’est pas l’ordre du jour, il prévient tout de même : « Si la vente à un groupe asiatique était envisagé, ça ferait grincer des dents. Et on ne s’interdira pas alors de lancer des actions syndicales ».