Le maire de Marseille Benoît Payan annonce mercredi 17 février un moratoire sur le patrimoine de la Ville : « On arrête les ventes de nos immeubles et on regarde ce qui se passe ». Pour illustrer ses propos, il a tenu une conférence de presse devant le 17 place de Lenche, aux abords du Panier. Il avait dénoncé en 2018 la cession programmée du bâtiment pour un montant de 250 000 euros « alors que la précédente équipe l’avait acheté 750 000 euros ». Désormais au pouvoir, il stoppe l’opération : « Il est hors de question de vendre cet immeuble. On ne peut plus se permettre de perdre 500 000 euros avec des opérations à tiroir de ce genre », prévient-il.
Un immeuble à l’abandon depuis près de dix ans
L’immeuble du 17 place de Lenche a été acheté par la mairie de Marseille en 2012. A l’époque, il était déjà en mauvais état. Un audit de Bureau Veritas (voir ci-dessous) datant de 2013 évoquait « un défaut d’entretien généralisé qui impacte l’étanchéité des façades et des toitures ainsi que la solidité des planchers ». Huit ans après, force est de constater que le bâtiment s’est encore plus dégradé. « La mairie l’a laissé pourrir sur pied en le gardant fermé pendant près de dix ans », dénonce Benoît Payan. Planchers et murs défoncés, fenêtres condamnées, façade fissurée… La pharmacie du rez-de-chaussée a fermé ses portes depuis de nombreuses années et aujourd’hui, la mairie a ordonné une mise en sécurité de l’édifice : « Aujourd’hui, nous l’avons conforté avec des poutrelles IPN. On ne veut plus de drame », assure le maire.
Au final, il veut éviter de vendre ce bien à perte mais sa rénovation risque de coûter presque aussi cher, « plusieurs centaines de milliers d’euros » de son propre aveu. Au terme de ces travaux, il pourrait trouver une seconde vie : « On va réfléchir à y installer des équipements publics, explique Benoît Payan. Peut-être une crèche, peut-être une halte-garderie… Il y aura probablement des appartements d’habitations en logement social ».
La mairie propriétaire de 76 immeubles dégradés
L’immeuble Place de Lenche n’est pas le seul édifice en état de délabrement avancé appartenant à la mairie. Les services réalisent actuellement un audit du patrimoine et a déjà repéré 76 bâtiments très dégradés. « On a désormais terminé le recensement administratif de notre patrimoine et on démarre un véritable travail de dentelle, annonce l’adjoint au logement Patrick Amico. On doit définir très finement l’état de chaque immeuble, estimer le coût de leur maintien en l’état et surtout définir une stratégie pour décider de leur avenir ». La mairie souhaite notamment augmenter le nombre de logements sociaux en centre-ville, « une urgence absolue », assure Patrick Amico.
Les cessions d’immeubles pourront reprendre plus tard
Reste à financer les travaux avec des ressources plus que limitées à la mairie. Elle compte ainsi sur l’Etat pour l’aider à mener sa politique de rénovation du patrimoine : « L’Etat nous a déjà expliqué qu’il était capable d’amener une participation financière importante sur ces sujets-là. C’est un vrai débat que nous avons en ce moment avec l’Etat et la Métropole également, car un certain nombre de concessions sont menées par cette dernière », ajoute-t-il. Si pour l’instant, les ventes sont arrêtées, la mairie ne s’interdit pas de se séparer de certains immeubles dans un avenir plus lointain : « Si on peut récupérer de l’argent en vendant des biens inutiles, je suis évidemment pour », prévient Benoît Payan.
Interrogée par Gomet’ sur le sujet, son adjointe à l’urbanisme Mathilde Chaboche a précisé le plan de la majorité : « On est en train de passer en revue l’ensemble des ventes qui étaient dans les tuyaux pour arbitrer au cas par cas. Au terme de ce travail, certains immeubles seront vendus car ils n’ont pas d’utilité pour les Marseillais ».
Document source : l’audit de Bureau Veritas en 2013 :
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