(4) 2015-2020 : avec Michèle Rubirola
En 2015, Benoît Payan se présente aux élections départementales. Les cantons ont été agrandis pour élire un binôme paritaire, et non plus un seul candidat. Dans ce premier canton de Marseille, qui concentre le 1er arrondissement, une partie du troisième et une partie du 4, il arrive en tête au premier tour. Plus précisément, le binôme Payan-Rubirola arrive en tête. Car pour s’assurer la victoire, Benoît Payan a choisi l’union de la gauche. Sa binôme est médecin, implantée dans le secteur, et déjà active en politique. Adversaires un an plus tôt (Michèle Rubirola menait la liste de Pape Diouf dans le e secteur en 2014), ils s’allient en 2015 pour ouvrir les portes du Conseil départemental.
Dans l’hémicycle du “bateau bleu”, Benoît Payan siège dans l’opposition. Martine Vassal vient de se faire élire présidente à la tête d’une majorité de droite. Cette opposition est morcelée en quatre blocs de gauche, auparavant alliés : les élus indépendants (où l’on retrouve notamment Jean-Noël Guérini), le groupe socialiste (qui regroupe d’anciens proches de Jean-Noël Guérini), le groupe socialiste et écologiste présidé par Benoît Payan (qui rassemble les socialistes anti-guérini et les écologistes) et le groupe communiste. Le président de groupe au Conseil Départemental récupère un an plus tard, en 2016, la présidence du groupe socialiste au conseil municipal de Marseille.
(5) L’aventure du Printemps marseillais
Dans la préparation des élections municipales de 2020, Benoît Payan savait qu’il fallait une union large de la gauche pour remporter la ville de Marseille. Il souhaite être tête de liste, mais Jean-Luc Mélenchon, député de Marseille, refuse de soutenir un attelage mené par le PS. Il faut trouver une solution de rechange. Et Michèle Rubirola a le profil idéal. Ecologiste, elle quitte son parti avec une poignée de fidèles (dont Théo Challande-Névoret, actuel adjoint au maire de Marseille) pour cette large union qui commence à dessiner le Printemps Marseillais. Proche de Benoît Payan, elle permet à ce dernier de rester au coeur du réacteur.
Une fois élue, elle fait de lui son Premier adjoint. Et de nombreux postes-clés se retrouvent aux mains de proches de Benoît Payan. C’est le cas notamment du directeur de cabinet de la ville, Christophe Pierrel qu’il a côtoyé au cabinet ministériel de Marie-Arlette Carlotti.
Marseille, sa ville
Benoît Payan, originaire du 10e arrondissement, est amoureux de sa ville. Il n’hésite pas à publier des clichés du Vieux-Port sur son mur Facebook qu’il utilise depuis 2014 comme un canal de communication politique. Il y relaie principalement ses diatribes et envolées lyriques contre le maire de Marseille. Son éloquence fait de lui le premier adversaire du maire de Marseille, le vieillissant Jean-Claude Gaudin. De 2014 à 2020, à chaque intervention filmée, son audience Facebook grimpe, sa popularité grandit. Quand les journalistes viennent le voir, il se plaît à leur conter l’histoire politique de Marseille, et sa géographie. A l’un, il promet de montrer la salle où les adjoints de Defferre ont désigné son successeur en 1986, à l’autre il s’indigne des conditions de travail réservées au groupe socialiste.
Quand on s’étonne de le voir candidat à chaque élection dans un secteur différent, citant tour à tour le 13/14 en 2008, le 8/9 en 2011, le 4/5 en 2014, le 1er arrondissement en 2015, et le 2/3 en 2020, l’élu socialiste a coutume de répondre quelque chose comme : « vous raisonnez en termes de secteurs, moi je me vois comme Marseillais avant tout.» Le premier d’entre eux ? Il y pense, mais reste évasif quand les médias lui posent la question (voir ci-dessous notre interview réalisée en septembre 2019). Le 15 décembre 2020, Michèle Rubirola convoque les élus de sa majorité pour leur faire part de sa décision de céder les rênes de la ville à Benoît Payan. Le natif de Pont-de-Vivaux deviendra maire moins d’une semaine plus tard. Il a 42 ans, l’âge de Gaston Defferre lorsqu’il se fait élire maire en 1953. Et Jean-Claude Gaudin l’adoube dans un tweet : « j’ai pu constater qu’il possédait les qualités nécessaires pour assumer cette fonction. » Benoît Payan est désormais en pleine lumière.
Dans nos archives : Questions de politique avec Benoît Payan (septembre 2019)
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