A l’occasion d’une visite de l’usine historique de Pellenc, à Pertuis, le groupe a dévoilé à Gomet’ sa stratégie pour les cinq années à venir avec un objectif ambitieux : dépasser les 450 millions d’euros de chiffre d’affaires. Au programme, croissance externe, nouveaux produits et développement du numérique…
Il est loin le temps de la petite grange familiale de Pertuis où Roger Pellenc a lancé sa petite entreprise d’outils agricole en 1973. Près de cinquante ans ont passé et la ferme s’est transformée en une véritable multinationale. Pellenc a développé un empire dans le machinisme agricole, qui emploie 1 700 personnes sur les cinq continents. Le fondateur Roger Pellenc a d’ailleurs passé la main, se réservant seulement le titre de président d’honneur. Il a transmis sa société au groupe Edify (holding du leader français de la domotique Somfy), qui affiche de très grandes ambitions pour la société vauclusienne.
Des acquisitions externes au programme du plan 2023
Depuis 2011, Pellenc surfe sur une croissance moyenne de son chiffre d’affaires d’environ 13 %. En 2018, celui-ci s’est établi à 258 millions d’euros mais, fort de son nouvel actionnaire de poids, le groupe a mis en place un nouveau plan « 2023 » avec l’objectif d’atteindre dans les cinq ans les 450 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour y parvenir, Pellenc annonce d’ores et déjà plusieurs rachats et acquisitions dans les années à venir. « On va certainement s’intéresser aux entreprises qui proposent des machines qui vont compléter notre offre, notamment pour couvrir l’ensemble du spectre de la viticulture », explique à Gomet’ Marc-Olivier Gourraud, le directeur du service après-vente de Pellenc. L’entreprise s’est notamment forgée une solide réputation dans le monde viticole avec ses machines à vendanger. De fait, elle est considérée comme le leader mondial sur ce produit et veut consolider cette position. En 2014, Pellenc a racheté la société Lauprêtre, spécialisée sur les vignes étroites, un segment où Pellenc était quasiment absent. « Sur la vigne étroite, nous avons encore des choses à faire pour couvrir l’ensemble du spectre », avance Marc-Olivier Gourraud. Il faudra donc être particulièrement vigilant aux opportunités de croissance externe sur ce domaine. Ensuite, Pellenc veut étoffer sa gamme pour offrir « un choix allant de la machine la plus simple et la moins chère, au must de la technologie pour les plus exigeants », explique le cadre-dirigeant. « Mais là où il nous reste le plus de choses à faire, c’est côté cave », ajoute-t-il.
Une évolution vers de nouveaux produits numériques
Côté vendange, Pellenc est désormais bien installé, mais le groupe souhaite accompagner les viticulteurs jusqu’à la production du vin lui-même. Cet élargissement de son offre va passer par le développement de nouveaux outils numériques : « On doit faire notre révolution digitale et inventer les solutions de demain », insiste Marc-Olivier Gourraud. Tout en gardant précieusement le secret sur les détails de ses travaux, il avoue que Pellenc a déjà bien avancé sur ces nouvelles technologies : « Nous allons déposer beaucoup de brevets pour protéger nos innovations dans les mois qui viennent », prévient-t-il. Mieux, il prévoit de dévoiler les premières solutions innovantes au salon Sitevi, qui se tiendra à Montpellier fin novembre.
Olives et espaces verts, deux marché en croissance
Outre la viticulture, Pellenc s’est également développé dans le monde oléicole. Un marché en croissance : « Nous sommes bien installés sur la vigne qui est très importante mais qui s’est stabilisée, explique Olivier Gourraud. Par contre, il y a de plus en plus de champs d’oliviers qui sont plantés sur l’ensemble de l’arc méditerranéen », ajoute-t-il. Le potentiel de croissance est important sur ce marché grâce à sa machine à récolter les olives. Mais le groupe international ne cesse de chercher de nouveaux débouchés et s’est lancé il y a quelques années sur le marché des espaces verts. Tailles-haies, tronçonneuses, tondeuses… Pellenc a développé toute une gamme d’outils électroportatifs « qui utilisent des batteries ultra-haute performance plus écologiques et plus légères », assure Marc-Olivier Gourraud. Ici aussi, il y a encore beaucoup de parts de marché à gagner et la croissance est au rendez-vous. Mais comparé aux machines à vendanger, le secteur ne pèse pas encore très lourd avec un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros seulement : « Les machines coûtent beaucoup moins cher, aux alentours de 1 500 euros contre plus de 100 000 euros pour les machines agricoles. On est pas sur la même échelle », avoue le directeur du service après-vente.
Pellenc réalise près des deux-tiers de son chiffre d’affaires à l’export
Depuis Pertuis, Pellenc rayonne dans le monde entier. Le groupe dispose au total de 19 filiales industrielles et commerciales sur les cinq continents. Côté production, en plus de son usine vauclusienne, il dispose de deux unités de production en Espagne, une en Italie près de Sienne, en Slovaquie et enfin en Chine, dans la ville de Penglai (province de Shangdong). Pellenc réalise désormais 61,7 % de son activité à l’export : « Actuellement, nous travaillons beaucoup aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, région qui s’est maintenant stabilisée. Sur la zone Pacifique, nous avons deux pays qui sont en forte croissance : la Nouvelle Zélande et l’Australie », précise Marc-Olivier Gourraud. Sur ce dernier pays, Pellenc va d’ailleurs lancer une nouvelle agence commerciale pour mieux couvrir le pays, dont la progression est forte das le secteur. De même, l’Asie constituera certainement l’un de ses principaux débouchés à l’export pour faire progresser son chiffre d’affaires. Aujourd’hui, le groupe est présent en Chine et en Inde, deux pays qui offrent de fortes perspectives de croissance. Pellenc n’en oublie pas pour autant l’Europe. « Nous souhaitons par exemple renforcer notre couverture de l’Europe de l’Est, qui est très active », annonce Marc-Olivier Gourraud. Ce développement pourra passer par un nouveau réseau de distributeurs ou par la création d’une implantation en propre.
Pour financer ses projets, Pellenc peut compter sur sa bonne situation financière. L’entreprise affiche un résultat net en croissance de 10 % en moyenne sur les quatre dernières années, et 2019 devrait s’établir sur la même moyenne. Pour le prochain exercice, la direction table sur un chiffre d’affaires au-delà des 260 millions d’euros.