Gomet’ avec ses partenaires, Région Sud Investissement et le cabinet Crowe Ficorec, publie tous les semestres le baromètre métropolitain des levées de fonds. Cet hiver, nous publions l’ensemble des données et analyses du deuxième semestre 2021. Pierre Joubert, le directeur général de Région Sud Investissement, fonds le plus actif dans la région, revient sur cette fin d’année 2021 marquée par une forte hausse des investissements et la montée en puissance des cleantech dans notre palmarès.
Les chiffres du deuxième semestre montre une très forte remontée des investissements après l’année 2020 frappée par le Covid. Partagez-vous chez Région Sud Investissement cette analyse ?
Oui, nous enregistrons globalement les mêmes tendances que pour le baromètre des levées de fonds. Les opérations sont clairement plus nombreuses que l’an dernier car la reprise est très forte après l’arrêt brutal de l’économie pendant le début de l’épidémie de Covid-19. Le phénomène se retrouve au niveau national et régional avec quelques petites particularités locales.
Le principal enseignement de ce baromètre des levées de fonds du deuxième semestre 2021 est la place prépondérante prise par les cleantech dans la région. Pourquoi ce phénomène arrive maintenant selon vous ?
Nous avons effectivement la même analyse que vous sur la montée en puissance des entreprises de la transition écologique dans la région. Les cleantech locales réalisent leur meilleur score cette année. On suit depuis maintenant plusieurs années beaucoup d’entreprises qui travaillent sur les énergies renouvelables, les batteries électriques, l’économie circulaire… Et on voit aujourd’hui qu’elles arrivent à maturité. Après cinq à dix ans d’existence, elles parviennent au stade industriel qui intéresse les fonds d’investissement. Mais le phénomène s’est considérablement accéléré avec l’épidémie de Covid-19. Beaucoup de sociétés ont profité de la période de confinement pour faire leur transition écologique. Le Covid a agit comm un révélateur pour l’urgence climatique. Les entrepreneurs et investisseurs qui avaient mis jusqu’à présent cette question de côté ont pu enfin se consacrer aux questions environnementales.
Le numérique est de son côté moins présent qu’habituellement. Comment l’expliquez-vous ?
Il y a, a priori, moins d’opérations concernant des sociétés du secteur digital, mais si l’on regarde attentivement, le numérique reste très présent. En fait, il est partout dans l’ensemble des filières et des entreprises. Chez Rofim pour sa solution de télémédecine, pour Searoutes et son éco-calculateur de transports de marchandises… On les classe comme des entreprises santé et cleantech mais elles sont aussi très teintées numériques. Ensuite, depuis quelques années, il y a aussi une plus grande frilosité de certains fonds à financer les projets d’applications digitales. Chez Région Sud Investissement, nous avons décidé d’arrêter de financer les applications. Elles représentent les deux tiers des échecs de notre portefeuille depuis dix ans. Ces dossiers nécessitent d’investir très rapidement beaucoup d’argent, plusieurs dizaines de millions d’euros pour être très rapidement référencé sur un marché souvent très large. Rien ne sert d’investir des petits tickets et Région Sud Investissement ne peut pas aller sur les gros tickets. Nous n’avons pas notre place sur ce type d’opérations.
Comment Région Sud Investissement prévoit d’accompagner les entreprises régionales de la cleantech ?
Nous avons la chance d’être un fonds institutionnel avec la puissance publique derrière qui nous permet d’éviter d’avoir une pure logique de rentabilité. Alors quand nous entrons au capital d’une entreprise, nous y sommes pour longtemps et la suivons jusqu’à ce qu’elle n’ait plus besoin de nous. C’est une de nos particularités mais cette attitude s’avère tout de même payante et séduit de plus en plus de fonds d’investissement. On voit arriver de plus en plus de nouveaux co-investisseurs avec cette même stratégie de long terme comme les fonds à impact qui s’intéressent de plus en plus à la région pour soutenir les projets écologiques de long terme.
Après l’environnement, quels sont les prochains secteurs les plus prometteurs selon vous dans les années à venir ?
Il va falloir être très attentifs à ce que l’on appelle le « New Space », l’industrie spatiale privée qui est en train de décoller en Europe et en France. La Région est particulièrement bien placée dans l’aéronautique et le spatial avec Airbus, Thales et plusieurs projets portés par des plus petites entreprises. Dans la même veine, la défense devrait également profiter de nouveaux investissements des états avec de gros marchés à la clé pour les entreprises. Sur la Métropole, nous avons les base de Istres et Salon qui peuvent en profiter.
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