Gomet’ a rencontré Laurent Choukroun, l’un des co-fondateurs du nouveau tiers-lieu d’innovation éducative « L’Épopée », ancré dans le paysage du quartier de Sainte-Marthe dans le 14e arrondissement de Marseille.
« Le droit de rêver, le pouvoir de faire ». Tel est le mantra que Laurent Choukroun compte propager au-delà des murs. L’Épopée, installée dans les anciens locaux du siège de Ricard depuis le 1er février, s’est imprégné de la philosophie de Paul Ricard, cet entrepreneur marseillais au parcours exceptionnel et avant-gardiste. Nous avons voulu comprendre l’essence du projet, son ambition et les rêves qu’il compte porter.
À quel moment avez-vous su que l’ancien siège de Ricard était le parfait écrin pour votre projet ?
Laurent Choukroun : De mémoire, le premier café pris avec Marjorie Gauthier Deblaise, directrice de la transformation et de la stratégie de Ricard, date de janvier 2020. J’ai eu un coup de cœur instantané pour ce lieu. Ensuite, l’équipe cofondatrice est revenue visiter les locaux plus longuement le 9 mars 2020.
Soit aux prémices du confinement… Cet élément ne vous a-t-il pas ralenti dans votre élan ?
L.C : Au contraire, le confinement a été un élément ultra puissant. Néanmoins, ce qui a été compliqué était la mobilisation des équipes alors qu’elles ne pouvaient échanger et se rencontrer sur place. Tout au long des discussions pour développer le projet dans les lieux, nous avons suivi le fil directeur de l’histoire de Paul Ricard, nous nous sommes vraiment inspirés de sa vie.
Pourquoi avez-vous choisi comme nom « l’Épopée » ?
L.C : Tout simplement pour faire écho à l’épopée de Paul Ricard : un Marseillais parti de rien, un artiste, un rêveur, un aventurier, un humaniste… Il a créé l’une des entreprises les plus fleurissantes de l’histoire marseillaise, si bien qu’à lui seul, il aurait pu inventer l’entreprise sociale et solidaire. Cet homme est l’incarnation même de l’entrepreneur qui a donné vie à ses rêves. Les Marseillais sont fiers d’avoir une entreprise comme Ricard sur le territoire, et c’est dans cet héritage que l’Épopée a voulu s’inscrire, de manière à rendre leur fierté aux habitants du quartier et aux Marseillais en général.
« Le projet est conçu de sorte à ce que les entreprises, les start-ups, les associations et les habitants puissent se rencontrer et tisser des liens autour d’un café ».
Laurent Choukroun, directeur général de l’Épopée.
Le projet l’Épopée est-t-il bien ancré dans le paysage de Sainte-Marthe ? Ce n’est pas un projet top hors sol ?
L.C : En premier lieu, nous nous sommes connectés au lieu avec comme livre de chevet l’histoire de Paul Ricard pour connaître l’homme, mais aussi l’histoire du quartier. Ensuite, dès que nous avons pu, nous sommes revenus dans le quartier en lançant un appel à manifestation d’intérêts pour repérer toutes les initiatives du territoire qui voulaient redonner vie au lieu. Enfin, nous sommes allés voir les commerçants et les habitants pour comprendre ce qu’ils attendaient de ce projet pour faire évoluer le quartier.
Qu’avez-vous retenu des volontés des citoyens interrogés ?
L.C : La première chose qu’ils souhaitent est de retrouver de la vie et de l’animation dans leur quartier. Sainte-Marthe est un quartier qui a envie de respirer, qui veut retrouver un enthousiasme et une fraternité entre les habitants. Lorsque nous leur avons présenté les opportunités du projet « Meet my Mamas », qui permettra à des mamas de révéler leurs talents culinaires et de se construire un parcours professionnel, ou de proposer aux jeunes des formations qui correspondent à leurs aspirations… évidemment, on est extrêmement bien accueillis !
Avez-vous organisé une méthodologie particulière pour cette consultation citoyenne ?
L.C : Nous avons travaillé avec Marseille Solutions qui a proposé son aide. Nous nous sommes appuyés sur son réseau et ses compétences. En étant confinés, nous avons dû communiquer sur les réseaux sociaux. Le résultat nous a surpris car beaucoup de personnes étaient présentes lors des regroupements, soit plus de 200 personnes aux rencontres. Cet engouement pour le projet nous a même débordé au démarrage, nous n’étions presque pas assez organisés.
Les habitants seront-ils toujours les bienvenus ?
L.C : La base, c’est de rouvrir le lieu avant tout pour les habitants du quartier. Le projet est conçu de sorte que les entreprises, les start-ups, les associations et les habitants puissent se rencontrer et tisser des liens autour d’un café, ou commencer à écrire un début d’histoire ensemble. À Synergie Family, nous croyons beaucoup à « l’ingénierie du prétexte », c’est-à-dire au fait de créer des prétextes pour que les gens se connectent et fassent des grandes choses ensemble.
Demain, retrouvez la suite de notre interview : qui sont les locataires de l’Épopée et quel est son business model ?
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