Le taux d’abstention constaté au premier tour (*) des régionales et départementales ne m’a pas surpris parce qu’évidemment il y a la période. Il ne faut pas oublier la pandémie. Il y a ceux qui sont très contents d’avoir un week-end tranquille et qui ne veulent pas de contraintes. Au delà de ces circonstances, c’est constant, il y a un recul de la participation. Surtout que l’on a couplé ici deux types d’élections. Franchement, c’est compliqué s’il faut apprendre tous les modèles : là c’est 25% de prime, là il n’y a pas de prime etc. Je trouve que l’on a complexifié à outrance comme la bureaucratie française sait le faire. Après, il faut dire les choses que l’on dit moins souvent : les femmes votent beaucoup moins sur le local que les hommes. Il y a 10 à 15 points d’écarts dans certains endroits. Historiquement, ce sont les hommes qui étaient les élus locaux. Les femmes ont très longtemps eu un sentiment que ce n’était pas pour elles. Alors, ça progresse, on a mis la (parité) au sein du Département. Mais même si les femmes ont été candidates, ce sont les hommes qui gouvernent.
Après, il y a effectivement la place des jeunes. Souvent, les jeunes à 18 ans, ils vont voter une fois, pour voir ce que c’est. Ils sont contents d’avoir le droit de vote. Et puis, après, si ça ne les intéresse pas, ils ne votent pas. Il y a l’effet vie de campagne, on vote un peu plus à la campagne, parce que on se connait, on dit bonjour, il y a le côté rituel. Mais au-delà de ses phénomènes qu’on connait bien, il faut vraiment s’interroger sur nos systèmes électoraux, sur le nombre d’élections, sur le fait que ce n’est jamais deux fois pareil. Il pourrait y avoir un bloc local une fois et une fois, un bloc national. Je ne sais pas, ce n’est pas à moi de définir les règles. Mais, les systèmes d’élections ne sont pas les mêmes. Pourquoi, le système municipal est différent du régional et du cantonal ? On a multiplié les cas particuliers.
Nous sommes des individus beaucoup plus libres et autonomes. Et nous appartenons beaucoup moins à un camp.
Jean Viard
En plus, jusqu’aux années 70, nous étions tous dans un camp idéologique. Les uns étaient communistes, les autres étaient socialistes, les autres votaient pour des partis de droite ou d’extrême droite. Et au fond, on affirmait son appartenance en allant voter. Même si le candidat, on le trouvait nul ou que l’on n’avait même pas regarder son programme, on montrait qu’on appartenait à un camp. Je crois que les sociétés ont profondément changé. Nous sommes des individus beaucoup plus libres et autonomes. Et nous appartenons beaucoup moins à un camp.