Seulement deux occupants sur les 33 hectares du pôle
Le Conseil de territoire Ouest Provence, présidé par François Bernardini, a officiellement lancé la réhabilitation du pôle aéronautique Jean Sarrail avec le rachat en 2013 du hangar Mercure à Dassault Aviation. Pour cela, il a déboursé 14,8 millions d’euros avec l’aide de la Métropole et du Département des Bouches-du-Rhône. Et pour le remettre aux normes en vigueur, ce sont 11 millions supplémentaires qui ont été dépensés. Cet investissement conséquent devait permettre de redonner vie au bâtiment historique, berceau de l’assemblage des avions de Dassault dans les années 70. Résultat, une seule entreprise est aujourd’hui installée dans le hangar. Il s’agit d’Aerotech Pro, une PME locale, spécialisée dans la maintenance des appareils pour Airbus notamment. Elle occupe actuellement 10 000 mètres carrés sur les 25 000 mètres carrés au total du hall Mercure. Le reste est toujours à la location. Tout comme les 33 hectares quasiment déserts du site Jean Sarrail au global. Seule, la société VSM, spécialisée dans la formation des équipages d’appareils, est présente depuis 2012. « Il faut savoir s’adapter à l’évolution des marchés et de l’économie en général. Il ne fallait pas s’attendre à voir un tel programme se remplir en un claquement de doigt », avoue Philippe Maurizot, le vice-président de la commission industrie à la Région. La filière dirigeable n’ayant pas pour l’instant répondu aux attentes, de nouvelles pistes de développement sont à l’étude.
Le retour en force de la piste militaire
Le pôle aéronautique d’Istres est indissociable de la base aérienne militaire voisine. La proximité de cette dernière a d’ailleurs posé quelques problèmes à l’installation de nouvelles sociétés privées. Mais aujourd’hui, c’est bien l’armée qui pourrait redonner un second souffle à Jean Sarrail. « Le Colonel de la base aérienne 125, qui considère que l’activité aéronautique ne s’arrête pas à la base aérienne, est évidement très attentif à l’expansion du pôle. Nous travaillons d’ailleurs en collaboration pour tout un tas de projets : le grand Bayanne, la liaison autoroutière, la création d’un hôtel… », assure François Bernardini. Le ministère de la défense a choisi Istres pour devenir la principale base des nouveaux appareils A330 MRTT appelés à remplacer les A330 et A310. Aujourd’hui, trois sont en service et une douzaine devrait les rejoindre d’ici trois ans. Ils joueront un rôle stratégique dans l’ensemble des mission de l’armée de l’air en ravitaillant les avions de chasse mais aussi en transportant les militaires et leurs familles à travers le monde. « Istres va devenir la principale base de départ des forces armées. A terme, cet aéroport sera comparable en taille à l’aéroport civil de Grenoble. Ça crée une masse critique importante », se réjouit Philippe Maurizot. La base aérienne 125 est déjà la plus importante escale aérienne militaire de France. Chaque année, il y a 30 000 passagers et plus de 3 000 tonnes de fret qui y transitent. A terme, ce sont plus de 100 000 personnes qui y transiteront. « L’impact économique est très important pour la ville avec notamment de nouvelles opportunités de business pour les entreprises », espère le maire d’Istres.
Les nouveaux MRTT vont notamment avoir besoin d’entreprises pour assurer la sous-traitance. Aerotech Pro vient d’ailleurs de se faire racheter par le groupe Sabena qui participe à la construction de trois nouveaux Airbus A330 MRTT. Sa position privilégiée à quelques pas de la base aérienne a joué dans cette acquisition et pourrait donner lieu à des projets d’extension sur le pôle aéronautique. « Si demain, Sabena se développe, ils auront besoin d’un nouveau hangar dédié d’au moins 15 000 mètres carrés. On travaille sur cette possibilité », annonce François Bernardini. Si rien n’est acté pour le moment, il estime l’investissement nécessaire à cet équipement à plus de 20 millions d’euros. La construction et l’accueil des MRTT sur la base aérienne pourrait ainsi profiter au pôle aéronautique et enfin lancer l’aménagement du site qui prévoyait à l’origine la construction d’une dizaine de bâtiments industriels supplémentaires en plus du hangar Mercure. « On doit anticiper sur le potentiel d’une filière de maintenance des appareils MRTT sur le site », prévient François Bernadini.