3000 logements sociaux chauffés au soleil et à l’eau : c’est la promesse du projet Seanergies, porté par la Ville de Port-de-Bouc en partenariat avec les bailleurs sociaux Logirem et 13Habitat. Né en 2016, ce projet a été labellisé Flexgrid en 2017, un programme mené de concert par la Région Sud, le ministère de la transition écologique et Capenergies pour promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables (EnR). Les logements concernés par Seanergies sont situés dans plusieurs quartiers de la ville, comme le quartier des Comtes et le quartier des Aigues douces.
Seanergies : la création d’une SEM privilégiée
Seul hic : ce projet ne verra pas le jour avant … horizon 2026. En effet, entre le covid-19 et les élections municipales, la concrétisation du projet Seanergies a pris « un peu de retard », reconnaît le maire de Port-de-Bouc Laurent Belsola, interrogé par Gomet’. Après une longue phase administrative comprenant la tenue d’études de faisabilité, un ultime comité de pilotage doit avoir lieu le 22 mars prochain, à l’issue duquel un appel d’offre sera lancé pour déterminer le concessionnaire chargé de la gestion du réseau, sous couvert d’une délégation de service public. Au groupement d’intérêt public envisagé il y a quelques années (voir notre précédent article), la mairie préfère finalement la mise en place d’une société d’économie mixte, composée de l’entreprise choisie et de la Ville, pour assurer le bon déroulement des travaux. Ces derniers doivent démarrer au plus tard en 2024 et s’achever en 2026.
« Ce qui nous tiens le plus à coeur, c’est de faire économiser de l’argent aux Port-de-Boucains »
Laurent Belsola, maire de Port-de-Bouc
Le projet Seanergies a pour but l’autoproduction et autoconsommation des EnR issues du soleil et d’une boucle d’eau de mer et d’eau brute tirée du Canal de Provence, grâce à un système de pilotage énergétique reliant les sources de production/consommation/stockage. « Ce qui nous tient le plus à cœur dans ce projet, c’est de pouvoir faire économiser de l’argent aux Port-de-boucains » insiste Laurent Belsola. En effet, selon les calculs de la mairie, l’utilisation d’un mix d’énergies renouvelables – photovoltaïque, hydraulique et thermique – serait avantageux pour la facture des habitants : « l’utilisation de l’eau de mer ou de l’eau brute permet de ne pas utiliser d’eau potable lorsque cela n’est pas nécessaire. Par ailleurs, ce sont des énergies qui ne sont pas soumise à l’inflation, contrairement à l’électricité », explique Séverine Mignot, architecte de la Ville en charge du projet. Le fait de récupérer l’eau au fond de la mer, naturellement à 11 degrés, permettrait une économie en chauffage ou en rafraîchissement, selon l’experte. Quant à l’eau brute tirée du canal de Provence, elle servira à l’arrosage d’arbres plantés autour des logements pour créer des ilots de fraicheur naturels, sans avoir recours au réseau d’eau potable.
« L’écologie, c’est bien beau, mais il faut que les gens puissent se le permettre. Avec cette solution, nous faisons d’une pierre deux coups, dans une logique de développement durable », défend pour sa part l’édile. L’objectif, ainsi, est que la facture énergétique des habitants ne dépasse pas les 83 euros par mois, précise Laurent Belsola.
Seanergies : un projet entre 18 et 20 millions d’euros
Sur le papier, le coût total du projet Seanergies est conséquent : 18 à 20 millions d’euros. Dans le cadre du plan national de rénovation urbaine, la Ville de Port-de-Bouc espère une subvention de l’Etat d’un million d’euros, qui ne financera toutefois pas directement les ouvrages techniques mais plutôt les îlots de fraîcheur alimentés en eau brute.
A cette subvention s’ajoute une autre de quatre millions d’euros de l’Agence de la transition écologique (Ademe), ainsi que huit millions dans le cadre du programme d’investissement d’avenir du gouvernement, mais à une condition : « avoir fini le quartier des Aigues-Douces, qui correspond à la dernière tranche d’ici 2026 maximum », précise Séverine Mignot. Les travaux ne devraient donc pas durer au-delà de cette date butoir. Le développement du projet doit connaître une accélération accrue à compter de sa validation lors du prochain Copil.
De gros travaux dans les rues de Port-de-Bouc mais pas dans les habitations
Si le montant du projet est conséquent, il n’est pas forcément synonyme de lourds travaux : « Les personnes habitants dans les logements concernés ne seront que très peu touchées par les travaux : il s’agit simplement d’une adaptation au niveau de la chaudière ou de la chaufferie de l’immeuble. Il n’est pas question de faire déménager les gens. En revanche, des travaux assez importants auront lieu sur les routes, afin d’adapter le réseau », détaille Laurent Belsola.
La mairie envisage de centraliser l’exploitation des futurs réseaux énergétiques dans les locaux désaffectés de l’ancienne usine Azur Chimie. Un site immense, qui pourrait par ailleurs bientôt accueillir des studios de cinéma : en effet, le directeur de Provence Studios ne cachait pas, dans notre précédent article, son ambition d’étendre ses locaux de Martigues sur l’emplacement de l’ancienne usine port-de-boucaine. Un projet auquel le maire de Port-de-Bouc se montre favorable : « Nous sommes en discussion bien avancée avec M. Marchetti, qui pourrait même se brancher au nouveau réseau énergétique pour ses studios », glisse Laurent Belsola, qui n’en dévoile pas plus.
Liens utiles :
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