Dans la bataille pour le rachat du quotidien, le monde économique marseillais choisit son camp. Plusieurs décideurs signent le 17 décembre un courrier de soutien à l’offre du patron de la CMA CGM, Rodolphe Saadé révèle l’AFP le 8 janvier.
La CCI, la CPME et la French Tech pour Rodolphe Saadé
Quatre grands noms de l’économie du territoire se sont unis pour afficher leur position : le président de la chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille Provence Jean-Luc Chauvin, son homologue du Pays d’Arles et colistier lors des dernières élections consulaires, Stéphane Paglia, la présidente de la CPME des Bouches-du-Rhône, Corinne Innesti ou encore la présidente déléguée de la French Tech d’Aix-Marseille Julie Davico-Pahin. Dans leur lettre (voir ci-dessous), ils saluent les choix de Rodolphe Saadé : « garantie de l’emploi », « maintien des activités à Marseille, y compris l’imprimerie », « investissements pour permettre à La Provence de prendre le virage du numérique »….
Les quatre co-signataires affirment avoir toute confiance dans les engagements du président de la compagnie maritime : « Vous avez toujours eu la volonté selon vos propres mots de rendre à votre territoire ce que le territoire a apporté à votre groupe. Votre fidélité à Marseille et vos investissements nombreux et importants dans cette ville, au-delà même du transport maritime, le démontrent s’il en était encore besoin », écrivent-ils. Pour ces entrepreneurs, Rodolphe Saadé est « un repreneur solide, animé par une volonté de la développer, réellement ancré sur ce territoire et qui en connaît parfaitement ses subtilités ». Autant de mots d’encouragements qui viendront étayer son dossier pour remporter son duel avec Xavier Niel pour le rachat du quotidien marseillais.
Document source : la lettre de soutien des acteurs économiques
Le droit de veto de Xavier Niel examiné par le tribunal le 11 janvier
Cette marque de soutien intervient à quelques heures d’une étape clé dans le bras de fer qui oppose les deux hommes d’affaires. Le tribunal de commerce de Marseille doit statuer mardi 11 janvier sur le sort du droit d’agrément conféré à Xavier Niel déjà détenteur de 11% de La Provence via sa holding NJJ. Le liquidateur du groupe Bernard Tapie a déposé un référé pour contester le droit de véto du patron de Free.
Cette affaire, outre ses implications économiques, sociales et médiatiques évidentes, est aussi un cas de droit. Un habitué du tribunal de commerce confie que la configuration est inédite : entrent en conflit sur ce dossier, le droit des sociétés et le Code de commerce. En l’occurrence le droit des sociétés donne raison à Xavier Niel dans son légitime droit de préemption. Mais il s’oppose, précise ce juge au livre VI du Code de commerce « Des difficultés des entreprises ». (Articles R600-1 à R695-4) qui donne pouvoir au tribunal de commerce et au mandataire qu’il a désigné de choisir la meilleure offre. Le juge-commissaire du tribunal de commerce de Bobigny, le mandataire judiciaire Xavier Brouard veut remplir sa mission qui consiste à choisir la proposition la plus profitable, en prenant en compte l’aspect social, l’emploi des salariés, la viabilité économique du projet et le remboursement des dettes en l’occurrence, celle de l’État à la suite de l’annulation de l’arbitrage.
C’est le choc de deux logiques juridiques, la décision fera jurisprudence, et sur la place de Marseille on s‘attend à ce que, quelle que soit la décision, il y ait appel. Jusqu’au Conseil d’État.
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